Être sûr ?

[Robinhood]

Bonjour à tous,
Voilà la question est dans le titre... Comment avez vous été sûrs qu'il vous fallait une transition ? Comment être sûr que le "bonheur" arrivera avec ce nouveau corps ?

Je suis dépressif chronique et ce depuis l'adolescence, je n'ai jamais aimé mon corps et ne me regarde plus depuis la puberté. J'ai cette sensation d'être juste "un esprit/mental" avec une enveloppe qui ne m'apporte rien au final.
Ma sortie du déni est récente et je sens vraiment profondément que si j'avais le corps que je fantasme, il m'apporterait du positif et surtout j'aurais envie/besoin d'en prendre soin...Et aussi que je serai plus à l'aise dans l'espace public et avec les gens.

En fait je ne sais pas par où commencer pour que tout ça devienne plus concret. J'ai rdv avec un doc traitant safe la semaine prochaine pour déjà essayer d'en parler avec quelqu'un qui connait un peu toutes ces questions mais vos retours me seraient précieux.
Merci!

[John]

Pour ma part, je n'ai jamais été "sûr". D'ailleurs je crois que c'est un peu mythe (véhiculé par les médias mainstream) que l'on est "sûr d'être dans le mauvais corps" et "depuis toujours". C'est le cas pour certains, mais c'est loin d'être la majorité.
Il n'y a pas vraiment d'ordre à suivre pour ce qui est de la transition. Moi j'ai commencé par le moins irréversible (prénom) , puis mastectomie, puis enfin j'ai commencé la testo.
D'autres font tout l'inverse.
Si tu es bien au clair avec ta dépression et bien suivi, et que tu ne transfères pas tous tes problèmes sur une possible transidentité (en espérant qu'une transition réglera tous tes problèmes comme par magie),.alors tes questionnements vont déjà dans le bon sens.

Je sais pas trop si mon message aide ou pas, désolé -_-

[Pantoufle]

Coucou robin! Comme John il y a peu de décisions concernant ma transition où j'ai ete 100% sur de moi, au contraire plutôt j'ai toujours ete réticent. J'ai juste senti que je voulais avancer vers quelque chose et j'ai fait un pas à la fois et en essayant d'être attentif à ce que ça me faisait vivre de chouette ou moins chouette. Par exemple sur ce forum j'ai ouvert un topic pour partager pourquoi ça a ete difficile pour moi de prendre la décision de faire ma mammectomie, comment j'ai geré ça, peut être que ça te parlera.

À chaque étape de transition plus ou moins réversible j'ai ete attentif à ce que ressentais, c'est d'essayer des choses qui m'a fait avancer. Pour moi ça a toujours valu le coup et chaque décisions que je prends me fait sentir plus ancré dans mon corps, me rends plus heureux et épanoui.

Voilà forcément on n'est pas tous pareils, mais saches que on est pleins à se lancer dans diverses décisions de transition sans être à 100% certains que c'est la bonne décision. Pour moi ce sont pas mal des décisions que j ai prises avec l'intuition qu'il y avait de bonnes chances que ça améliore ma vie, et en espérant que ça soit le cas (plutôt ça a amélioré ma vie considérablement). C'est aussi d'avancer et de vivre les choses qui m'a fait avancer, plutôt que d'attendre d'être sur de chez sur.

Personnellement j'ai aussi ete freiné dans mes questionnements au début parce que je pensais que "transitionner" ça voulait dire que si je faisais le moindre truc (comme demander à mes amis de me parler au masculin, ou prendre des hormones), ça voulait dire que je prenais automatiquement tout un tas d'autres decisions de transition médicale/administrative/sociale, comme si c'était tout ou rien. Pourtant c'est faux, par exemple juste parce que tu fais ton coming out ça ne veut pas dire que tu dois faire [insérer telle ou telle ou telle étape de transition que d'autres personnes font]. Tu peux prendre le temps de sentir ce qui fait du sens pour toi. C'est vrai qu'au niveau de l'entourage ça a des conséquences d'annoncer sa transidentité, ou de changer d'avis par la suite, les gens peuvent être peu compréhensifs voire hostiles. Pour autant tu es le seul à décider ce qui est bon pour toi.

Tu fais bien de lire des témoignages, et de te renseigner sur les soignants proches de toi, de contacter des centres lgbti. Tu trouvera ici plein de parcours différents, j'espère que tout ça t'aidera à naviguer ce que tu vis. Je t'envoie du courage, de la patience et et de la douceur !

[Robinhood]

Merci à tous les deux pour vos réponses et retour d'expérience, ça va m'aider à cheminer...

Effectivement j'ai un peu l'impression en lisant les divers témoignages, que tous les essais se font à taton, et qu'on ne peut jamais être archi sûr. Pour autant je sens bien que mon intuition me dit de bouger et me montre un début de direction.
Je vais d'ailleurs bien mieux depuis que je m'autorise à acheter les vêtements qui me plaisent vraiment, beaucoup moins de frustration, ça se ressent sur mon moral et mon ouverture aux autres.
Il faudrait que je passe le cap de me faire genrer au masculin par des proches pour affiner mon ressenti.

Je vais lire vos parcours aussi car finalement c'est ce qui me manque le plus, une représentation multiple.
À très vite j'espère !

[Kef]

On ne peut jamais être sûr de rien... Je me posais beaucoup de questions aussi, et le psy, au premier rendez-vous, m'avait proposé de faire mon coming out auprès de mes amis les plus proches, histoire de tâter le terrain, et c'est ce que j'ai fait, et ce fut une bonne étape. Surtout que grosso modo, ça ne les étonnait pas plus que ça. ^^

[John]

J'avais oublié cette étape @Kef mais c'est vrai que pour moi aussi, l'étape du coming out a en fait été super importante et m'a beaucoup aidé à m'accepter et avancer. Réussir à laisser les mots franchir ma bouche (d'abord auprès d'une psy) a été délivrant. J'avais l'impression d'être fou et d'être un imposteur, et en fait ça m'a permis de constater que je n'étais pas seul et que j'étais valide.
Je ne peux que conseiller de s'entourer de gens safe pour cette étape cruciale pour gagner en confiance en soi (pour ma part, aller vers une psy dont j'ai trouvé le nom sur conseil, je ne sais plus où c'était mais soit ici, soit bddtrans, soit fransgenre il le semble).

[Robinhood]

Bonsoir à tous,

J'ai vu la généraliste conseillée par l'asso de ma région et ça m'a fait un bien fou.
Elle m'a expliqué les différentes étapes pour un parcours public, et on a convenu que je fasse mon CO auprès de plus de personnes dont mon père, car c'est important pour moi , je ne veux pas faire qqch d'aussi important dans son dos.
Elle me dirigera vers la psy une fois que je serai prêt.
Voir un psy pour me "valider" me dérange un peu mais quand il faut il faut!
Je suis en train de lire vos parcours qui sont très enrichissants.

[John]

Malheureusement pour les parcours dans le public c'est un peu une étape obligée.
Pour ma part j'ai tout fait dans le privé, mais c'est moi qui ai ressenti le besoin de "validation" car je n'arrivais pas à avancer. C'était aussi pour évacuer d'autres potentiels troubles et ne pas me "tromper de combat" si ça fait sens.
C'est cool que tu aies pu trouver une interlocutrice à l'écoute pour te guider avec bienveillance

[Robinhood]

Oui ça fait sens, et après réflexion c'est pas plus mal.
Je suis fragile psychologiquement, je vais pas mentir et m'assurer que j'entamerai cette transition pour les bonnes raisons est important.

[Robinhood]

Et voilà les doutes m'assaillent....
Et si je me trompais? Et si je me racontais une histoire pour trouver une explication à mon mal être?
Et si....et si....
Je ne pense pas qu'on puisse se persuader d'être trans, je ne triche pas sur mon malaise de me voir dans une glace, de voir ces hanches et ce torse que je voudrais tellement voir plat mais qui ne me révulse pas non plus.
Je ne triche pas non plus en disant que les moments les plus simples et doux de ma vie étaient quand on me prenait pour un garçon, que j'étais un copain comme les autres. Cette liberté là était indestructible.
Seulement, je ne rêve pas de barbe ni d'une voix extrêmement grave, alors je doute...
Je sais que la réponse est en moi, j'avais seulement besoin de poser ça quelque part.