Questionnement (trop) tardif?
Posté : 11 mars 2022 09:44
Bonjour à tous,
Je me sens très isolé et me permets donc de poster ici, en espérant trouver un écho.
J'ai déjà eu la chance de pouvoir discuter avec des bénévoles d'Outrans, qui m'ont énormément aidé... et qui m'ont encouragé à parler à des personnes qui ont traversé les mêmes choses que moi.
J'ai 45 ans, et c'est seulement maintenant que je me pose des questions (c'est une litote) sur mon genre. Pourquoi?... Eh bien parce qu'adolescent, dans les années 90, il n'existait tout simplement pas de mots sur ce que je ressentais. J'ai été ce qu'on appelle un "garçon manqué", fan de monstres, de vampires, j'avais même ma carte au Club Musclor ... Et puis, je pense que vous voyez de quoi je parle, tout s'est gâté à l'adolescence. Je n'aimais rien de ce qu'aimaient mes copines, et par dessus le marché j'étais attiré par les filles. J'ai copieusement refoulé tout ça, d'autant que j'ai été emprisonné de 12 à 17 ans dans un corset orthopédique. Je n'ai donc pas vu mon corps grandir et se transformer en corps féminin. Le choc quand j'ai dû le retirer a été énorme: je pleurais seul dans ma chambre, et je le remettais en cachette alors qu'il était entreposé dans une armoire. Tout mais pas ça...
De plus, mes premiers émois ont été sévèrement repoussés par des femmes cishet (ben oui, fatalement, j'étais attiré par les cishet), dont l'une m'a carrément dit que ça me passerait et que je finirais avec un homme.
J'avais 19 ans, j'étais archi-timide... j'ai obéi.
Et c'est ainsi que j'ai passé plus de 20 ans de ma vie à jouer à la nana hétéro. Mon Dieu.
Je me détestais dans le miroir, et pour éviter d'avoir l'air d'une femme, je jouais aux petites filles. J'étais ce qu'on pourrait appeler une "femme-enfant": jupettes, tennis, T-shirt Mickey, rubans, pas de maquillage... Ouais, je respirais la personne saine
Du coup j'ai fini par tomber sur ce qu'on appelle maintenant un pervers narcissique, qui a décelé l'énorme faille en moi et m'a maltraité psychologiquement. J'étais perpétuellement malade, de trucs improbables, de maladies auto-immunes, de problèmes de peau: mon corps se retournait contre moi. J'étais, littéralement, mal dans ma peau.
Je me souviens qu'à chaque fois qu'il me faisait un compliment sur ma soi-disant "féminité", je hurlais intérieurement. J'ai aussi fait des crises dans des cabines d'essayage: impossible pour moi d'acheter des sous-vêtements ou des maillots de bain. L'horreur.
Finalement, après des menaces de mort, j'ai fini par quitter ce pervers en allant porter plainte. Maintenant, après un jugement de garde (nous avons un fils, la seule chose de bonne que je tire de tout ça), la situation est largement apaisée.
Je n'ai pas eu de difficulté à passer à une autre relation, comme je n'ai jamais aimé les hommes sexuellement, et pendant un moment, bien sûr, je me disais lesbienne. Sauf que... J'ai des amies lesbiennes, et je ne me sens toujours pas comme elles. Je me suis cru fou, autiste, atteint de je-ne-sais quel problème neurologique... Mais je suis suivi depuis quatre ans par un psy et il n'en est rien.
Je me suis rendu à l'évidence il y a plusieurs mois: ce n'est pas anodin de détester être appelé "madame" et d'avoir du mal à se genrer au féminin. Je m'entends ajouter des "e" aux adjectifs... Bref, une chose est sûre, je ne suis pas cisgenre. Après... je ne sais pas...
Il faut dire qu'à mon âge, je crains d'être complètement en décalage par rapport aux jeunes trans qui se découvrent avant 30 ans. J'ai un enfant, auquel j'ai évidemment peur de dire quoi que ce soit, et un ex épouvantable, vous l'avez compris, qui pourrait très mal réagir. De plus, depuis ma fuite, je vis la moitié du temps chez ma mère, qui est donc une dame âgée, et ne comprendrait certainement pas. Elle a déjà eu du mal à intégrer que j'aimais les femmes, chose qu'elle a apprise il y a seulement quelques années...
Alors bien sûr, j'essaie de me convaincre que je me fais des idées, que c'est la crise de la quarantaine (euh... salée, hein!), que je ne peux pas effectuer de transition pour raison familiales, médicales, financières etc. Mais le fait est que je suis épuisé. Vraiment. Je cumule les crises d'angoisse.
Désolé pour le pavé, et merci d'avoir lu. Un peu de réconfort ne serait pas de refus!
Je me sens très isolé et me permets donc de poster ici, en espérant trouver un écho.
J'ai déjà eu la chance de pouvoir discuter avec des bénévoles d'Outrans, qui m'ont énormément aidé... et qui m'ont encouragé à parler à des personnes qui ont traversé les mêmes choses que moi.
J'ai 45 ans, et c'est seulement maintenant que je me pose des questions (c'est une litote) sur mon genre. Pourquoi?... Eh bien parce qu'adolescent, dans les années 90, il n'existait tout simplement pas de mots sur ce que je ressentais. J'ai été ce qu'on appelle un "garçon manqué", fan de monstres, de vampires, j'avais même ma carte au Club Musclor ... Et puis, je pense que vous voyez de quoi je parle, tout s'est gâté à l'adolescence. Je n'aimais rien de ce qu'aimaient mes copines, et par dessus le marché j'étais attiré par les filles. J'ai copieusement refoulé tout ça, d'autant que j'ai été emprisonné de 12 à 17 ans dans un corset orthopédique. Je n'ai donc pas vu mon corps grandir et se transformer en corps féminin. Le choc quand j'ai dû le retirer a été énorme: je pleurais seul dans ma chambre, et je le remettais en cachette alors qu'il était entreposé dans une armoire. Tout mais pas ça...
De plus, mes premiers émois ont été sévèrement repoussés par des femmes cishet (ben oui, fatalement, j'étais attiré par les cishet), dont l'une m'a carrément dit que ça me passerait et que je finirais avec un homme.
J'avais 19 ans, j'étais archi-timide... j'ai obéi.
Et c'est ainsi que j'ai passé plus de 20 ans de ma vie à jouer à la nana hétéro. Mon Dieu.
Je me détestais dans le miroir, et pour éviter d'avoir l'air d'une femme, je jouais aux petites filles. J'étais ce qu'on pourrait appeler une "femme-enfant": jupettes, tennis, T-shirt Mickey, rubans, pas de maquillage... Ouais, je respirais la personne saine
Du coup j'ai fini par tomber sur ce qu'on appelle maintenant un pervers narcissique, qui a décelé l'énorme faille en moi et m'a maltraité psychologiquement. J'étais perpétuellement malade, de trucs improbables, de maladies auto-immunes, de problèmes de peau: mon corps se retournait contre moi. J'étais, littéralement, mal dans ma peau.
Je me souviens qu'à chaque fois qu'il me faisait un compliment sur ma soi-disant "féminité", je hurlais intérieurement. J'ai aussi fait des crises dans des cabines d'essayage: impossible pour moi d'acheter des sous-vêtements ou des maillots de bain. L'horreur.
Finalement, après des menaces de mort, j'ai fini par quitter ce pervers en allant porter plainte. Maintenant, après un jugement de garde (nous avons un fils, la seule chose de bonne que je tire de tout ça), la situation est largement apaisée.
Je n'ai pas eu de difficulté à passer à une autre relation, comme je n'ai jamais aimé les hommes sexuellement, et pendant un moment, bien sûr, je me disais lesbienne. Sauf que... J'ai des amies lesbiennes, et je ne me sens toujours pas comme elles. Je me suis cru fou, autiste, atteint de je-ne-sais quel problème neurologique... Mais je suis suivi depuis quatre ans par un psy et il n'en est rien.
Je me suis rendu à l'évidence il y a plusieurs mois: ce n'est pas anodin de détester être appelé "madame" et d'avoir du mal à se genrer au féminin. Je m'entends ajouter des "e" aux adjectifs... Bref, une chose est sûre, je ne suis pas cisgenre. Après... je ne sais pas...
Il faut dire qu'à mon âge, je crains d'être complètement en décalage par rapport aux jeunes trans qui se découvrent avant 30 ans. J'ai un enfant, auquel j'ai évidemment peur de dire quoi que ce soit, et un ex épouvantable, vous l'avez compris, qui pourrait très mal réagir. De plus, depuis ma fuite, je vis la moitié du temps chez ma mère, qui est donc une dame âgée, et ne comprendrait certainement pas. Elle a déjà eu du mal à intégrer que j'aimais les femmes, chose qu'elle a apprise il y a seulement quelques années...
Alors bien sûr, j'essaie de me convaincre que je me fais des idées, que c'est la crise de la quarantaine (euh... salée, hein!), que je ne peux pas effectuer de transition pour raison familiales, médicales, financières etc. Mais le fait est que je suis épuisé. Vraiment. Je cumule les crises d'angoisse.
Désolé pour le pavé, et merci d'avoir lu. Un peu de réconfort ne serait pas de refus!