J'avais "détransitionné" et ça recommence...
Posté : 13 févr. 2022 23:34
Bonjour, bonsoir, salut salut,
Je crois que j'étais déjà venu ici il y a 4-5 ans, ça fait bizarre...
Bref, j'ai besoin d'aide pour y voir plus clair et je n'ai malheureusement personne de concerné à qui en parler dans mon quotidien, so here i am.
Petit recap de mon histoire :
Pour faire court, jusqu'à mon entrée au collège, j'étais persuadé qu'on s'était trompé à la naissance et que j'étais un garçon, je voulais qu'on pense que j'en étais un et je m'habillais comme les gars qui faisait du skate dans les vidéos que je regardais. (attention pas tout le narratif tomboy hein, j'adorais les barbies, j'avais des amoureux et des amoureuses, j'étais timide et la plupart du temps fourré dans un livre dans mon lit).
Puis, collège, amoureux.se? du petit malin de la classe, vouloir faire partie des "cool kid", être "la plus jolie de la classe", etc et j'ai réussi et je pensais vraiment que c'était le bonheur, que tout ce que je voulais c’était être "sexy", toute ma valeur découlait de ça d'ailleurs (et maintenant je vais voir un psy pour soigner mes problèmes d'estime de moi merci le collège, bref).
Le lycée arrive et là paf, j'ai 15-16 ans et aucune envie d'être une fille. Au début, je rejette juste ça. Pas envie d'avoir des seins, pas envie qu'on m'appelle "elle" ni madame, ça me blesse et je ne sais pas d'où ça vient. Je me considère non-binaire pour un temps (je ne sais plus si c'était exactement ce mot, c'était en 2015 ou 2016), j'essaie d'avoir l'air androgyne, j'en parle à ma mère, à ma mamie, à mes potes, je demande qu'on me genre au masculin et c'est un peu "il" par défaut car iel n'était pas du tout "démocratisé" à l'époque et que de toutes façons toutes les ressources que j'ai sous la main sont en anglais et je ne peux pas traduire "they".
S'en suit une montée crescendo de ma dysphorie. Je ne me souviens pas beaucoup de mon année de première, pas beaucoup plus de ma terminale. Je sais juste que je sortais peu de mon lit, que je passais mon temps à me renseigner sur des trucs en rapport avec la transidentité ou transitionner. Ma mère m'achète un binder assez rapidement, je vais voir un psy (qui ne m'aide pas mais c'est sympa de discuter avec qqun d'autre que ma mère) et petit à petit de non-binaire je passe à m'identifier en tant que mec. En tout cas, j'ai envie de vivre ma vie en temps que mec, puisque pour moi il est alors inconcevable de vivre sa vie en tant que non-binaire, surtout en France. Je m'imagine prof de bio au Québec, adopter un gosse et être papa, monter un asso trans, avoir une moustache et un torse plat. C'est un peu la seule chose qui me donne envie de continuer.
Malgré tous mes efforts, je ne passe pas (les cheveux verts de punk ça aide pas) et souvent je sors de chez moi et malgré mon binder, si j'ai le malheur de me croiser de profil dans une vitrine, je rentre chez moi en pleurant. Je change de psy, cette fois c'est un psychiatre, je veux prendre de la testosterone. J'ai hâte mais c'est dans longtemps.
Je rate le premier rendez-vous car je me suis perdu dans la ville. Je n'en ai pas repris. J'étais amoureux d'un gars, hetero, à qui je n'avais pas du tout parlé de tout ça. On se voyait en tant que potes depuis un moment. On traînait, on fumait, on faisait de l'urbex, j'avais l'impression de revivre. Mes amis habitaient loin, j'avais été très seul, je n'avais pas eu de relation depuis le collège, je n'avais même pas flirté avec quelqu'un et j'allais avoir 18 ans, ça me travaillait. Je ne sais pas si ça a joué. Je me souviens aussi d'une conversation avec ma mère, (qui se considère agenre mais aussi comme une femme, bref pas la même génération et elle s'en fiche un peu) je lui explique pour la millième fois que je ne me ressens pas comme une fille, ni une femme, que je ne m'identifie pas en tant que ça, que ça ne me parle pas... et là elle me demande "et comme un garçon, oui ?" .... je n'ai pas su trouver en moi, ce que j'avais ressenti, je n'arrivais même pas à me souvenir de ce que ça faisait. Plus rien. Et la dysphorie a disparu. J'ai mis 6 mois à pouvoir remettre des jupes et je pense que je me genrais encore au masculin dans ma tête de temps en temps au moins pendant un an.
Ensuite, j'ai vécu 3-4 ans comme une nana, sans dysphorie et même sans dysmorphie, aimant mon corps pour la première fois depuis mes 11 ans et le début de la puberté, performant archi fort la nana sexy en collant résille très maquillée, et j'ai adoré. J'avais l'impression de m'être trouvé, d'être moi, "politiquement j'aime être une femme, et sinon le genre est une construction sociale, ça ne veut rien dire pour moi". nia nia nia
Jusqu'à il y a 5 mois. Une nuit à 7h du matin en revenant de soirée, j'ai coupé mes cheveux que je laissais pousser depuis 5 ans Et au début, juste je ne me sentais pas bien mais impossible de mettre le doigt sur pourquoi. Je me disais que je voulais juste m'affranchir de cet impératif "soit la plus belle" qui me pourrit la vie et que c'était difficile à faire, s'affranchir des dictas de beauté.
Et d'un coup, j'ai arrêté de me mentir, même avant de me couper les cheveux, j'avais de nouveau envie de passer pour un mec. Une fois que je me suis avoué ça, j'ai vraiment masculinisé mon expression de genre et j'ai demandé à mes deux potes et le gars que je fréquente d'éviter de me genrer ou d'utiliser le masculin car le féminin me mettait mal à l'aise et que moi-même j'ai du mal à me genrer au féminin. Mon meilleur pote a carrément embarqué sur le navire "tu es un mec" et me traite comme ça depuis.
Cela fait deux mois environ. Il y a une semaine je me suis rendu compte que je ne me vois pas comme un homme et je lui ai dit d'arrêter, j'ai aussi décidé d'arrêter de m'habiller d'une façon que je n'aime pas juste pour passer (ce qui marchait une fois sur deux, tant que je ne parlais pas) mais je n'arrive pas du tout à le faire, mes fringues plus féminines sont toujours dans la valise et je continue à mettre des cargo que je déteste et à avoir un style mec basique que je n'aime pas particulièrement. J'ai juste recommencé à mettre du mascara, deux fois.
Parfois, j'ai l'impression que je pourrai recommencer à vivre comme une nana cis, je l'ai déjà fait. Mais je ne sais pas comment arrêter ces pensées non-stop branchées sur mon genre, un QUI SUIS JE incessant. Non stop je regarde des vidéos, je lis des articles, j'écoute des podcasts, j'en parle avec mon meilleur ami, je ne pense plus qu'à ça, dans la recherche inarrêtable d'une réponse, d'un certificat "cette fois-ci, c'est pour de bon, vous êtes ça !" et que les questions cessent. J'ai l'impression que je vivrais un mensonge quoiqu'il en soit et je me sens dans une impasse. C'est douloureux. Je me sens archi perdu. Je ne sais pas vers où aller.
Voilà, merci à qui aura eu le courage de lire jusque là. Je crois que j'ai besoin d'avis, de conseils, d'un œil extérieur à la tempête dans ma tête...
Merci d'avance et des Bisous ;)
Je crois que j'étais déjà venu ici il y a 4-5 ans, ça fait bizarre...
Bref, j'ai besoin d'aide pour y voir plus clair et je n'ai malheureusement personne de concerné à qui en parler dans mon quotidien, so here i am.
Petit recap de mon histoire :
Pour faire court, jusqu'à mon entrée au collège, j'étais persuadé qu'on s'était trompé à la naissance et que j'étais un garçon, je voulais qu'on pense que j'en étais un et je m'habillais comme les gars qui faisait du skate dans les vidéos que je regardais. (attention pas tout le narratif tomboy hein, j'adorais les barbies, j'avais des amoureux et des amoureuses, j'étais timide et la plupart du temps fourré dans un livre dans mon lit).
Puis, collège, amoureux.se? du petit malin de la classe, vouloir faire partie des "cool kid", être "la plus jolie de la classe", etc et j'ai réussi et je pensais vraiment que c'était le bonheur, que tout ce que je voulais c’était être "sexy", toute ma valeur découlait de ça d'ailleurs (et maintenant je vais voir un psy pour soigner mes problèmes d'estime de moi merci le collège, bref).
Le lycée arrive et là paf, j'ai 15-16 ans et aucune envie d'être une fille. Au début, je rejette juste ça. Pas envie d'avoir des seins, pas envie qu'on m'appelle "elle" ni madame, ça me blesse et je ne sais pas d'où ça vient. Je me considère non-binaire pour un temps (je ne sais plus si c'était exactement ce mot, c'était en 2015 ou 2016), j'essaie d'avoir l'air androgyne, j'en parle à ma mère, à ma mamie, à mes potes, je demande qu'on me genre au masculin et c'est un peu "il" par défaut car iel n'était pas du tout "démocratisé" à l'époque et que de toutes façons toutes les ressources que j'ai sous la main sont en anglais et je ne peux pas traduire "they".
S'en suit une montée crescendo de ma dysphorie. Je ne me souviens pas beaucoup de mon année de première, pas beaucoup plus de ma terminale. Je sais juste que je sortais peu de mon lit, que je passais mon temps à me renseigner sur des trucs en rapport avec la transidentité ou transitionner. Ma mère m'achète un binder assez rapidement, je vais voir un psy (qui ne m'aide pas mais c'est sympa de discuter avec qqun d'autre que ma mère) et petit à petit de non-binaire je passe à m'identifier en tant que mec. En tout cas, j'ai envie de vivre ma vie en temps que mec, puisque pour moi il est alors inconcevable de vivre sa vie en tant que non-binaire, surtout en France. Je m'imagine prof de bio au Québec, adopter un gosse et être papa, monter un asso trans, avoir une moustache et un torse plat. C'est un peu la seule chose qui me donne envie de continuer.
Malgré tous mes efforts, je ne passe pas (les cheveux verts de punk ça aide pas) et souvent je sors de chez moi et malgré mon binder, si j'ai le malheur de me croiser de profil dans une vitrine, je rentre chez moi en pleurant. Je change de psy, cette fois c'est un psychiatre, je veux prendre de la testosterone. J'ai hâte mais c'est dans longtemps.
Je rate le premier rendez-vous car je me suis perdu dans la ville. Je n'en ai pas repris. J'étais amoureux d'un gars, hetero, à qui je n'avais pas du tout parlé de tout ça. On se voyait en tant que potes depuis un moment. On traînait, on fumait, on faisait de l'urbex, j'avais l'impression de revivre. Mes amis habitaient loin, j'avais été très seul, je n'avais pas eu de relation depuis le collège, je n'avais même pas flirté avec quelqu'un et j'allais avoir 18 ans, ça me travaillait. Je ne sais pas si ça a joué. Je me souviens aussi d'une conversation avec ma mère, (qui se considère agenre mais aussi comme une femme, bref pas la même génération et elle s'en fiche un peu) je lui explique pour la millième fois que je ne me ressens pas comme une fille, ni une femme, que je ne m'identifie pas en tant que ça, que ça ne me parle pas... et là elle me demande "et comme un garçon, oui ?" .... je n'ai pas su trouver en moi, ce que j'avais ressenti, je n'arrivais même pas à me souvenir de ce que ça faisait. Plus rien. Et la dysphorie a disparu. J'ai mis 6 mois à pouvoir remettre des jupes et je pense que je me genrais encore au masculin dans ma tête de temps en temps au moins pendant un an.
Ensuite, j'ai vécu 3-4 ans comme une nana, sans dysphorie et même sans dysmorphie, aimant mon corps pour la première fois depuis mes 11 ans et le début de la puberté, performant archi fort la nana sexy en collant résille très maquillée, et j'ai adoré. J'avais l'impression de m'être trouvé, d'être moi, "politiquement j'aime être une femme, et sinon le genre est une construction sociale, ça ne veut rien dire pour moi". nia nia nia
Jusqu'à il y a 5 mois. Une nuit à 7h du matin en revenant de soirée, j'ai coupé mes cheveux que je laissais pousser depuis 5 ans Et au début, juste je ne me sentais pas bien mais impossible de mettre le doigt sur pourquoi. Je me disais que je voulais juste m'affranchir de cet impératif "soit la plus belle" qui me pourrit la vie et que c'était difficile à faire, s'affranchir des dictas de beauté.
Et d'un coup, j'ai arrêté de me mentir, même avant de me couper les cheveux, j'avais de nouveau envie de passer pour un mec. Une fois que je me suis avoué ça, j'ai vraiment masculinisé mon expression de genre et j'ai demandé à mes deux potes et le gars que je fréquente d'éviter de me genrer ou d'utiliser le masculin car le féminin me mettait mal à l'aise et que moi-même j'ai du mal à me genrer au féminin. Mon meilleur pote a carrément embarqué sur le navire "tu es un mec" et me traite comme ça depuis.
Cela fait deux mois environ. Il y a une semaine je me suis rendu compte que je ne me vois pas comme un homme et je lui ai dit d'arrêter, j'ai aussi décidé d'arrêter de m'habiller d'une façon que je n'aime pas juste pour passer (ce qui marchait une fois sur deux, tant que je ne parlais pas) mais je n'arrive pas du tout à le faire, mes fringues plus féminines sont toujours dans la valise et je continue à mettre des cargo que je déteste et à avoir un style mec basique que je n'aime pas particulièrement. J'ai juste recommencé à mettre du mascara, deux fois.
Parfois, j'ai l'impression que je pourrai recommencer à vivre comme une nana cis, je l'ai déjà fait. Mais je ne sais pas comment arrêter ces pensées non-stop branchées sur mon genre, un QUI SUIS JE incessant. Non stop je regarde des vidéos, je lis des articles, j'écoute des podcasts, j'en parle avec mon meilleur ami, je ne pense plus qu'à ça, dans la recherche inarrêtable d'une réponse, d'un certificat "cette fois-ci, c'est pour de bon, vous êtes ça !" et que les questions cessent. J'ai l'impression que je vivrais un mensonge quoiqu'il en soit et je me sens dans une impasse. C'est douloureux. Je me sens archi perdu. Je ne sais pas vers où aller.
Voilà, merci à qui aura eu le courage de lire jusque là. Je crois que j'ai besoin d'avis, de conseils, d'un œil extérieur à la tempête dans ma tête...
Merci d'avance et des Bisous ;)