Trans District

Salut,

Je vous expose ma situation, je me doute qu'il n'y a pas de solution miracle mais d'autres sont peut-être déjà passés par là.
J'ai coupé les ponts avec ma mère il y a maintenant 10 ans. De l'eau a coulé sous les ponts depuis et je me dis que si elle meurt un jour sans qu'on reprenne contact, je le regretterais.
Elle m'a connu au summum de la féminite, avant le début de mes questionnements. Maintenant j'en suis à un stade de transition où les gens connus autrefois ne me reconnaissent plus, plusieurs fois opéré, plusieurs années sous testo.
Je ne sais pas comment aborder le truc.
Rien que se parler au téléphone c'est déjà un coming out. Je vais envoyer un mail en disant salut j'ai changé de sexe ? Sérieux.
Déjà en tant que femme elle me disait qu'elle n'aimait pas les femmes masculines et lesbiennes qui n'étaient pas des vraies femmes. Qu'elle était heureuse que je sois une fille très féminine.
Je suis preneur de retours/ conseils.

Est-ce que tu as d'autres membres de ta famille avec qui tu es en contact qui pourraient faire le "relais" ? Au moins pour tâter le terrain, voir où elle en est de son côté, si elle envisage de renouer contact...
As tu pu résoudre les choses qui t'avaient fait prendre de la distance ?

J'ai toujours tendance à privilégier l'honnêteté et à être aussi direct que possible. Il y a pas si longtemps, j'ai écrit à ma tante avec qui je ne suis pas vraiment régulièrement en contact, et je lui ai tout expliqué dans une longue lettre (sachant qu'elle est mais alors pas du tout réceptive à la transidentité ;.pour elle c'est un truc de gaucho à la mode). Et au final même si effectivement elle comprend pas trop,. ça nous a quand même rapprochés et elle n'a pas eu une attitude de rejet.

J'entrerai pas dans les détails personnels. Je suis pas fan des intermédiaires parce que j'assume, si j'ai un truc à dire je le dit. La lettre est une bonne idée.

Bonjour !

En me baladant sur le forum, j'ai vu ton sujet, et cela fait écho chez moi.
D'une part, j'ai tenté d'expliquer à mes parents comme je me sentais avant de commencer la T (j'avais déjà un passing moyen, et ils n'ont pas compris pourquoi j'étais "en garçon"), et cela a été catastrophique. D'autre part parce que je pense retourner chez mes parents pour les voir car, comme toi, je pense que je vais le regretter amèrement s'ils passent l'arme à gauche et que je n'ai pas pu les voir "une dernière fois" en étant apaisé. Seulement, le fait est que ma situation familiale est très compliquée.

Comme toi, j'ai pensé à faire un mail, ou des lettres, pour l'ensemble de ma famille. Mais j'ai vite abandonné l'idée. Je n'ai pas envie de me faire de mal, et pourtant... Pourtant, il y a cette notion de culpabilité à ne pas "être en paix" avec "les miens" avant de les voir disparaître totalement.

Ainsi, si tu peux poursuivre ton récit, dans le cas où tu es passé à l'action, je serais très intéressé par ton témoignage, ton retour.

Bon courage à toi !
Et excellente journée !

J'ai perdu ma mère très soudainement il y a deux ans, et c'est vraiment important pour moi qu'elle ait pu savoir qui j'étais, du point de vue de ma transidentité, avant qu'il ne soit trop tard.
Entre mon CO et son décès, il n'y a que dix ans qui se sont écoulés, ce qui est vraiment peu quand on regarde à l'échelle d'une vie. Ayant eu plusieurs deuils dans mon entourage ces dernières années, je me dis aujourd'hui qu'on ne sait jamais ce qui peut se passer, et qu'il vaut mieux dire les choses quand c'est encore possible, quelle que soit la manière dont elles sont reçues. On ne peut pas contrôler la réaction des autres, elle leur appartient, parfois soutenante, parfois à l'opposé. Mais ne pas avoir de regrets de son côté, c'est important, et si on ne dit rien du tout, comment savoir ce qui aurait pu arriver ?
D'autant que dans ta situation, comme vous n'êtes plus en relation actuellement, alors quelque part, tu n'as rien à perdre.
A l'époque où j'ai fait mon CO, on ne se parlait pas très souvent avec ma mère, peut-être une ou deux fois par an, j'habitais loin depuis quelques années déjà.
Je lui avais fait par lettre. De mémoire, c'était juste avant ma première prise de T. J'ai attendu de lui rendre visite pour lui donner la lettre, pour qu'elle la lise quand j'étais là. De cette manière, elle a pu me poser ses questions directement. Les situations sont différentes, ma mère était quelqu'un d'ouvert par rapport aux personnes LGBT, notre éloignement n'était pas lié à ça, et je n'avais pas encore commencé ma transition hormonale, donc mon apparence lui était toujours familière.
Je t'encourage vivement à te lancer, quelle que soit la méthode que tu choisiras. Je me dis qu'avec le temps, les années, avoir une occasion de retrouver un enfant dont on n'avait plus de nouvelles, il se peut que ça se passe mieux que tu ne le penses. Et même si la surprise est grande, même si elle met du temps à assimiler l'information ou si elle n'arrive pas à l'accepter, faire ce pas sera l'occasion d'avoir, au moins une fois, un échange où tu lui parles de toi sans voile. Mon conseil, sois sincère, peut-être explique-lui comment tu te sentais à l'époque où tu la fréquentais encore, comment tu en es arrivé à réaliser ta transidentité et comment tu te sens aujourd'hui après ta transition, et peut-être, demande-lui de ses nouvelles ? Tant de choses peuvent changer en dix ans. Tu auras fait ce pas d'ouvrir la porte à une reprise de la communication, si elle n'arrive pas à saisir cette occasion aujourd'hui, elle le fera peut-être plus tard.