Trans District

Bonjour tout le monde.
Je crée ce topic pour parler de ce que ça fait de retourner dans la famille une fois qu'on a transitionné.
Je m'explique. Quand on vit entièrement sous une identité masculine qui n'est jamais remise en question, et où *absolument* personne ne nous a connu pré transition, comment gérer la fracture avec la famille qui reste attachée à l'image de nous pre transition ?

Je veux continuer à voir ma famille, à passer du temps avec eux. Mais je ne sais pas comment gérer leur mégenrage involontaire, leur honnêteté aussi ("j'aurais préféré que tu restes une fille, c'est normal, mais ça me dérange pas non plus si tu es mieux comme ça"), et le malaise quand ils utilisent des expressions qui me ramènent à mon ancien genre.

Par exemple ma grand mère me dit en rigolant de sauver "l'honneur des femmes" en battant mon grand père aux cartes après qu'elle ait elle même perdu. Ou mon père se moque de moi avec des petits noms sexistes que je haissais déjà avant soit dit en passant mais encore plus maintenant (du type "calme toi mémé").
Bref.
J'entends aussi beauuuucoup mentionner mon ancien prénom alors qu'au quotidien il m'arrive même d'oublier ce que c'était tellement il est absent de ma vie. Pareil, j'oublie parfois que je suis trans...
Avec ma famille, tout me rappelle constamment à ce passé qui n'existe plus pour moi, qui est loin derrière.
Et je les hais de me ramener encore et toujours à ça. Alors qu'ils font des efforts, qu'ils essayent...

Je ne sais pas quoi faire, comment concilier mon envie de continuer à les voir et le malaise, insupportable, de ce faux-moi qu'ils continuent à faire exister malgré le temps et la réalité du présent.

Et le malaise de voir combien ils sont nostalgiques du moi pré transition, combien ils trouvent du gâchis ce que je suis devenu. Ça me donne envie de leur crever les yeux ou de leur barbouiller le visage, dans ces moments là. Comme si rien que leur présence, leur regard, pouvait me retransformer en fille, et que tout en moi ruait à cette idée, se déchirait. Je déteste ça.

Bref j'espère que c'était clair. Merci d'avance ! A bientôt,
Apostrophe

Tu leur fais lire ce post?

Plus sérieusement, quand je sais pas comment faire, j'écris une lettre. Je ne sais pas si ça fonctionne mais au moins moi ça me fait du bien.

Y'a pas longtemps, j'ai fait un "rappel à l'ordre" à mes collègues qui, pour beaucoup, continuent à m'appeler "madame" aupres de mes élèves ou par mon deadname quand ils sont entre eux, en leur expliquant l'inconfort, la douleur que ça provoquait chez moi, et plusieurs d'entre eux se sont excusés et ont avoué n'avoir même pas réalisé ce que ça représentait réellement. Que ce qui semblait anodin pour eux avait un impact décuplé sur moi.

Je sais que c'est chiant et fatigant d'avoir les mêmes discussions en boucle, et que tout ça prend beaucoup plus de temps que ce que l'on souhaiterait. Que ce qu'on a en fait ruminé et mûri pendant des années est un truc nouveau et qui semble soudain pour eux. Tu vis avec toi tous les jours, alors qu'eux ne te voient que ponctuellement.

Je serais d'avis d'expliquer à chacun individuellement ce qui est problématique dans leur comportement, tout en mettant en avant ce qui est positif pour ne pas les braquer, et en insistant sur la détresse que cela te procure. Du peu que tu en as dit, ça a quand-même l'air d'une famille soudée et un minimum aimante, et si vraiment ils ont ton bien être à cœur, ça devrait finit par s'apaiser.

Je ne sais pas si ce que je vais dire peut t'aider, surtout que ne vis pas (encore) cette problématique, mais pour avoir eu des formations en communication non violente, je te conseille mettre l'accent sur ce que tu ressens dans ces moments-là et ce dont tu as besoin, plutôt que sur ce qu'ils font de mal. Ca ne veut pas dire qu'il ne faut pas le dire, mais il vaut mieux commencer par exposer ce qu'ils ne va pas dans leur comportement et insister ensuite sur tes émotions, tes besoins.
Voilà c'est juste une technique, j'espère que ça pourra t'aider ! Bon courage à toi !

(je suis d'accord avec Victoh)