L'acceptation de la transidentité (coup de blues et besoin de parler)
Posté : 21 déc. 2020 18:43
Bonsoir,
Comme je l'ai écrit sur le fil des +/-, je ne me sens pas très bien avant de retourner dans la cellule familiale. Force de constater que c'est de plus en plus difficile d'année en année...
Pourtant je ne suis pas spécialement discriminé mais la configuration est délicate : mère pas en super santé morale, psychologique et financière séparée d'un père aimant (à mon égard) et aidant quand j'en ai eu besoin par le passé mais assez fuyard et sans doute gêné envers ma différence envers sa famille recomposée et ses connaissances.
Bref, chaque année quand je dois retourner dans cette ville du grand Ouest pour une semaine j'en ai gros sur la patate.
Mais la famille n'est qu'une introduction et non le cœur du problème. Ici je vais parler des relations amicales, sentimentales, sexuelles (je vais rester soft bien que j'aimerais parler de toutes les humiliations subies) qui sont compliquées du fait de ma transidentité mais aussi du regard des gens dans la rue.
Je commence avec une anecdote insignifiante : je viens d'aller acheter par deux fois des viennoises natures dans la boulangerie du coin (exceptionnellement bonnes ces viennoises) et je me suis rendu compte que je posais problème aux boulangères (je l'avais déjà remarqué par le passé plusieurs fois - et au moins depuis plus d'un an - mais il est très clair qu'elles n'aiment pas mon androgynie et ce qui transparaît de ma différence et qu'elles ne sont pas seulement gênées mais aussi hostiles tout en se retenant et je crois que c'est le cas de beaucoup de personnes de la société).
Je crois que je poste ceci parce que aujourd'hui j'ai été faire mon injection et j'ai eu une discussion avec mon infirmière qui m'a dit avoir parlé à la nouvelle infirmière et m'avoir assuré qu'elle était "ok avec la transidentité" et qu'elle l'avait briefée sur le sujet. J'ai dit que c'était vraiment inutile vu que mes papiers sont changés depuis dix ans, elle n'a pas à savoir. Elle m'a soutenu que si, que c'était important d'être au courant pour un infirmier et surtout d'être d'accord avec la démarche. J'ai trouvé ce point de vue incompréhensible parce que - pour faire le lien avec ce qui est au-dessus - si je devais me poser la question si tel ou tel est ok avec la transidentité chaque fois que je fais un truc (même acheter une viennoise) je ne m'en sortirais plus, pourtant il est évident que ça arrive souvent même si je me voile la face.
Elle m'a dit que son ancien collègue n'était pas ok avec la démarche et que c'était problématique, ce à quoi je lui ai répondu que je m'en fichais de ce qu'il disait derrière mon dos puisque devant moi il avait toujours été correct et faisait son taff (même si je préférerais qu'il désinfecte ma peau avant de piquer comme elle le fait). Et elle a continué à dire que si si, c'était hyper problématique si l'infirmier n'était pas d'accord avec la démarche de transition.
Bref...je continue et vous allez comprendre pourquoi j'ai besoin d'écrire précisément maintenant.
Hier soir je suis allé chez un ami très précieux (plus vieux que moi de beaucoup comme beaucoup de mes amis), nous avons parlé d'un mec rencontré sur internet que j'ai largué dernièrement car il m'avait manqué de respect en ne respectant pas ma liberté et en m'imposant des relations sexuelles. J'ai vu ce mec 3 ou 4 fois (toujours le même jour de la semaine donc sur un mois) parce qu'il me permettait de m'évader le dimanche en temps de confinement mais le goût qui m'en reste est pire qu'amer. Moi ce qui m'intéressait c'était surtout de se balader ensemble mais il est très clair maintenant qu'il m'a pris pour son jouet sexuel et je me sens sali et abusé (en plus d'avoir encore eu mal pendant la tentative de relation, ce de quoi il se fiche éperdument, il m'a juste traité de "cinglé" parce que je n'ai plus voulu le voir du jour au lendemain et que j'ai été ferme sur ce sujet. Le message qui m'a fait prendre la décision : un sms de sa part après que je lui ai dit que je n'étais pas disponible qui contenait une demande de fellation).
J'ai l'impression qu'il m'a pris pour une rencontre exotique pour pimenter son quotidien et ce n'est pas qu'une impression malheureusement.
Le pire, c'est que l'ami à qui je me suis confié m'a dit qu'une connaissance à lui accro au sexe avait testé avec un FtM et qu'il avait trouvé ça super "un mec avec un vagin" et que lui (mon ami) ne comprenait pas, qu'il trouvait ça trop glauque cet entre-deux. Ce à quoi je lui réponds : "euh, tu me dis ça alors que je suis en face de toi, sympa..."
ça m'a étonné et déçu parce que je trouve que c'est quelqu'un de très fin et de très empathique par ailleurs.
Bref, toutes ces anecdotes me font me sentir seul et triste. J'ai l'impression qu'en 2020 les personnes trans ne sont pas encore acceptées et même méprisées par le plus grand nombre. Rien de nouveau sous le soleil mais ça fait mal au cœur quand même. Surtout quand on est déjà très peu sûr de soi.
Maintenant que j'ai 30 ans, je crois que je peux aussi affirmer certaines choses et l'une d'entre elles est que je ne mérite pas ça : je n'ai pu m'épanouir que dans un métier où on est totalement dévoué à autrui - de la manière la plus particulière et la plus intime qui soit- après avoir galéré à me trouver tout simplement parce que je suis trop sensible et empathique pour les domaines "normaux", j'ai besoin de travailler avec les plus exclus, les plus diminués car au fond je me sens en adéquation avec eux. Tout ça pour dire que ce n'est pas parce que je suis abject que je n'ai pas pu m'intégrer dans la société dans une perspective conventionnelle mais au contraire sûrement parce que je suis hypersensible et très complexé de ne pas être normal.
J'ai découvert ma transidentité à 16 ou 17 ans et à plus de 30 ans je la vis toujours comme un handicap, comme une souffrance, pas tant à cause du regard que je porte sur moi (j'ai des qualités : je suis énergique, passionné par beaucoup de choses...) que celui des autres qui exprime soit le rejet et le mépris, soit une curiosité perverse malsaine.
C'est bien loin de mon tempérament romantique tout ça.
Aujourd'hui je ne projette plus rien sur un plan sentimental mais ça me rend juste triste ce mépris de la société envers les personnes trans et encore plus triste celui de la méprise sexuelle (la croyance que les personnes trans seraient open au niveau sexe) alors que c'est un malentendu énorme : en tout cas me concernant c'est tout le contraire. Je suis bien trop sensible pour envisager la sexualité, ce n'est plus quelque chose qui m'attire après des expériences qui, si je devais les résumer en trois termes, seraient qualifiées d'humiliantes, douloureuses (y compris physiquement) et frustrante (peut-être la dimension la moins grave des trois car on peut sublimer).
Je ne supporte plus le discours de libération sexuelle (encore une norme) qu'on retrouve paradoxalement dans les milieux LGBT+ car c'est encore un impératif auquel certains ne peuvent pas répondre pour des tas de raisons. En tout cas, il est clair qu'il faut toujours s'écouter.
Les hommes (et aussi la femme, car j'ai aussi connu une femme abusive à mon égard) c'est ce qu'ils m'ont sortis à chaque fois : "ce n'est pas normal de ne pas pratiquer la sexualité, laisse-toi faire ça va te libérer." (Avec des variantes mais ça revenait à ça) avec des assauts répétés de leur part.
Bref, j'avais envie de me confier un peu, désolé si ce n'est pas à sa place ici.
Bonne fin d'année (autant que possible) à tous.
Comme je l'ai écrit sur le fil des +/-, je ne me sens pas très bien avant de retourner dans la cellule familiale. Force de constater que c'est de plus en plus difficile d'année en année...
Pourtant je ne suis pas spécialement discriminé mais la configuration est délicate : mère pas en super santé morale, psychologique et financière séparée d'un père aimant (à mon égard) et aidant quand j'en ai eu besoin par le passé mais assez fuyard et sans doute gêné envers ma différence envers sa famille recomposée et ses connaissances.
Bref, chaque année quand je dois retourner dans cette ville du grand Ouest pour une semaine j'en ai gros sur la patate.
Mais la famille n'est qu'une introduction et non le cœur du problème. Ici je vais parler des relations amicales, sentimentales, sexuelles (je vais rester soft bien que j'aimerais parler de toutes les humiliations subies) qui sont compliquées du fait de ma transidentité mais aussi du regard des gens dans la rue.
Je commence avec une anecdote insignifiante : je viens d'aller acheter par deux fois des viennoises natures dans la boulangerie du coin (exceptionnellement bonnes ces viennoises) et je me suis rendu compte que je posais problème aux boulangères (je l'avais déjà remarqué par le passé plusieurs fois - et au moins depuis plus d'un an - mais il est très clair qu'elles n'aiment pas mon androgynie et ce qui transparaît de ma différence et qu'elles ne sont pas seulement gênées mais aussi hostiles tout en se retenant et je crois que c'est le cas de beaucoup de personnes de la société).
Je crois que je poste ceci parce que aujourd'hui j'ai été faire mon injection et j'ai eu une discussion avec mon infirmière qui m'a dit avoir parlé à la nouvelle infirmière et m'avoir assuré qu'elle était "ok avec la transidentité" et qu'elle l'avait briefée sur le sujet. J'ai dit que c'était vraiment inutile vu que mes papiers sont changés depuis dix ans, elle n'a pas à savoir. Elle m'a soutenu que si, que c'était important d'être au courant pour un infirmier et surtout d'être d'accord avec la démarche. J'ai trouvé ce point de vue incompréhensible parce que - pour faire le lien avec ce qui est au-dessus - si je devais me poser la question si tel ou tel est ok avec la transidentité chaque fois que je fais un truc (même acheter une viennoise) je ne m'en sortirais plus, pourtant il est évident que ça arrive souvent même si je me voile la face.
Elle m'a dit que son ancien collègue n'était pas ok avec la démarche et que c'était problématique, ce à quoi je lui ai répondu que je m'en fichais de ce qu'il disait derrière mon dos puisque devant moi il avait toujours été correct et faisait son taff (même si je préférerais qu'il désinfecte ma peau avant de piquer comme elle le fait). Et elle a continué à dire que si si, c'était hyper problématique si l'infirmier n'était pas d'accord avec la démarche de transition.
Bref...je continue et vous allez comprendre pourquoi j'ai besoin d'écrire précisément maintenant.
Hier soir je suis allé chez un ami très précieux (plus vieux que moi de beaucoup comme beaucoup de mes amis), nous avons parlé d'un mec rencontré sur internet que j'ai largué dernièrement car il m'avait manqué de respect en ne respectant pas ma liberté et en m'imposant des relations sexuelles. J'ai vu ce mec 3 ou 4 fois (toujours le même jour de la semaine donc sur un mois) parce qu'il me permettait de m'évader le dimanche en temps de confinement mais le goût qui m'en reste est pire qu'amer. Moi ce qui m'intéressait c'était surtout de se balader ensemble mais il est très clair maintenant qu'il m'a pris pour son jouet sexuel et je me sens sali et abusé (en plus d'avoir encore eu mal pendant la tentative de relation, ce de quoi il se fiche éperdument, il m'a juste traité de "cinglé" parce que je n'ai plus voulu le voir du jour au lendemain et que j'ai été ferme sur ce sujet. Le message qui m'a fait prendre la décision : un sms de sa part après que je lui ai dit que je n'étais pas disponible qui contenait une demande de fellation).
J'ai l'impression qu'il m'a pris pour une rencontre exotique pour pimenter son quotidien et ce n'est pas qu'une impression malheureusement.
Le pire, c'est que l'ami à qui je me suis confié m'a dit qu'une connaissance à lui accro au sexe avait testé avec un FtM et qu'il avait trouvé ça super "un mec avec un vagin" et que lui (mon ami) ne comprenait pas, qu'il trouvait ça trop glauque cet entre-deux. Ce à quoi je lui réponds : "euh, tu me dis ça alors que je suis en face de toi, sympa..."
ça m'a étonné et déçu parce que je trouve que c'est quelqu'un de très fin et de très empathique par ailleurs.
Bref, toutes ces anecdotes me font me sentir seul et triste. J'ai l'impression qu'en 2020 les personnes trans ne sont pas encore acceptées et même méprisées par le plus grand nombre. Rien de nouveau sous le soleil mais ça fait mal au cœur quand même. Surtout quand on est déjà très peu sûr de soi.
Maintenant que j'ai 30 ans, je crois que je peux aussi affirmer certaines choses et l'une d'entre elles est que je ne mérite pas ça : je n'ai pu m'épanouir que dans un métier où on est totalement dévoué à autrui - de la manière la plus particulière et la plus intime qui soit- après avoir galéré à me trouver tout simplement parce que je suis trop sensible et empathique pour les domaines "normaux", j'ai besoin de travailler avec les plus exclus, les plus diminués car au fond je me sens en adéquation avec eux. Tout ça pour dire que ce n'est pas parce que je suis abject que je n'ai pas pu m'intégrer dans la société dans une perspective conventionnelle mais au contraire sûrement parce que je suis hypersensible et très complexé de ne pas être normal.
J'ai découvert ma transidentité à 16 ou 17 ans et à plus de 30 ans je la vis toujours comme un handicap, comme une souffrance, pas tant à cause du regard que je porte sur moi (j'ai des qualités : je suis énergique, passionné par beaucoup de choses...) que celui des autres qui exprime soit le rejet et le mépris, soit une curiosité perverse malsaine.
C'est bien loin de mon tempérament romantique tout ça.
Aujourd'hui je ne projette plus rien sur un plan sentimental mais ça me rend juste triste ce mépris de la société envers les personnes trans et encore plus triste celui de la méprise sexuelle (la croyance que les personnes trans seraient open au niveau sexe) alors que c'est un malentendu énorme : en tout cas me concernant c'est tout le contraire. Je suis bien trop sensible pour envisager la sexualité, ce n'est plus quelque chose qui m'attire après des expériences qui, si je devais les résumer en trois termes, seraient qualifiées d'humiliantes, douloureuses (y compris physiquement) et frustrante (peut-être la dimension la moins grave des trois car on peut sublimer).
Je ne supporte plus le discours de libération sexuelle (encore une norme) qu'on retrouve paradoxalement dans les milieux LGBT+ car c'est encore un impératif auquel certains ne peuvent pas répondre pour des tas de raisons. En tout cas, il est clair qu'il faut toujours s'écouter.
Les hommes (et aussi la femme, car j'ai aussi connu une femme abusive à mon égard) c'est ce qu'ils m'ont sortis à chaque fois : "ce n'est pas normal de ne pas pratiquer la sexualité, laisse-toi faire ça va te libérer." (Avec des variantes mais ça revenait à ça) avec des assauts répétés de leur part.
Bref, j'avais envie de me confier un peu, désolé si ce n'est pas à sa place ici.
Bonne fin d'année (autant que possible) à tous.