Re: PMA Calais (62) - CECOS de Lille
Posté : 05 oct. 2022 20:33
Je repasse ici histoire de clôturer ce long chapitre de notre vie de couple.
Je n'ai pas trop détaillé le parcours sur la PMA de Calais mais pour résumer : nous sommes passés par 5 années de PMA (2 et demi en Belgique puis 2 et demi en France). Au total 9 inséminations artificielles qui n'ont rien donné ainsi que 3 FIV dont deux grossesses soldées par des fausses couches.
La première grossesse s'est soldée, lors de la première FIV, par une fausse couche à trois semaines de grossesse. Passé l'immense joie d'une première prise de sang positive, ENFIN, c'est l'incompréhension face au taux de BHCG qui diminue lors de la seconde quelques jours plus tard. Bizarrement la PMA ne pose pas clairement le terme de fausse couche en cours, c'est un collègue médecin (pour rappel nous sommes tous les deux infirmiers) qui nous l'annonce. Ca a été un choc pour tous les deux mais ma compagne qui encaisse mieux que moi propose qu'on enchaine directement un nouveau protocole. Je valide, tout en sachant pertinemment que je ne prends pas le temps de penser cette perte. Je me retrouve impliqué dans un nouveau protocole mais avec cette fois-ci une méfiance immense.
Second protocole FIV et nouvelle grossesse. Seulement nous sommes vaccinés : nous attendons la seconde prise de sang. Mais le taux de BHCG augmente bien, ça semble tenir. Pour autant on attend la prochaine échéance : la première écho. Là encore tout est normal. Une seconde : idem. Mais on n'arrive toujours pas à vivre ce début de grossesse avec le soulagement qui devrait aller avec. On n'ose pas trop se projeter, on vit cette grossesse avec précaution.
Quinze jour après la confirmation de grossesse, on apprend que notre chien est condamné à cause d'un cancer de la rate. C'est brutal et totalement inattendu. On tente malgré tout l'opération de la dernière chance, sans succès. La vétérinaire nous annonce 3 mois de survie car il semble avoir bien encaissé l'opération mais c'est un mois et demi après qu'il nous faudra l'endormir.
Et durant tout ce temps on ne vit absolument pas la grossesse. On est obnubilés par les dernières semaines de notre chien, tout en culpabilisant énormément de ne pas réussir à s'impliquer émotionnellement dans cette grossesse pourtant tant attendue.
Et c'est quinze jour après avoir dû faire piquer notre chien que nous perdons ce deuxième enfant. Ma compagne ressent de violentes douleurs au ventre nécessitant un passage aux urgences gynéco et maternité. En pleine période covid, je ne peux pas rentrer dans le service. Elle est visitée mais au final rien n'est décelé et elle va mieux.
On doit y retourner deux jours plus tard pour le même tableau mais avec des douleurs bien pires. Cette fois-ci je reste et malheureusement nous perdons notre enfant à 14 SA. Nous devions faire l'écho du 1er trimestre le lendemain et nous devions annoncer cette grossesse 4 jours plus tard à nos proches.
On apprendra grâce aux analyses réalisées qu'un hématome avait décollé une partie du placenta et qu'une infection était présente également. On apprendra également que c'était un petit garçon.
C'est à ce jour l'expérience la plus traumatisante de ma vie.
On s'est replongé, après une petite pause, sur une troisième FIV mais avec résultat négatif.
Après l'aval des équipes pour proposer trois nouvelles FIV à notre couple, on tente un nouveau protocole pour récolter des ovocytes (injection d'Ovitrelle et tout le bazar) mais la première tentative se solde par pas mal de follicules qui "poussent bien" mais à maturité trop différente. Le second essai lui se solde par une hyperstimulation ovarienne pour ma femme donc protocole interrompu.
On parle beaucoup avec ma compagne, on se questionne sans cesse sur la poursuite des démarches.
Et on finit par se résigner, avec ce second échec. On arrête.
On est d'accord sur le fait que cet accouchement prématuré a été trop dur à encaisser et on a beaucoup trop peur de devoir revivre ça si jamais elle devait retomber enceinte (d'autant que nous avons des exemples de fausses couches tardives à 6 mois ou d'accouchement d'enfant mort né à terme dans notre entourage). C'est un peu con avec le recul car rien ne dit que c'est ce qui se serait passé mais on n'ose pas tenter le diable comme on dit.
On en est là aujourd'hui.
On a vécu 5 ans faits de hauts et de bas, d'un ascenseur émotionnel intense, de beaucoup de fatigue et d'espoir qui s'amenuise peu à peu au fil des ans.
On a traversé cette perte de manière bien différente tous les deux. Elle pleurant notre chien à chaud de larme pendant des mois (oui, notre chien, pas notre enfant), épaulée par des collègues et un suivi psychologique. Moi, tenant bon pour elle, mais fleurtant de très près avec la dépression, sans prendre le temps de vraiment parler à quelqu'un de tout ça. Je suis toujours impressionné de voir comment peuvent réagir des gens face au deuil (c'est mon côté infirmier psy xD) ...
Aujourd'hui on fait d'autres projets, on se retrouve à deux, on programme des escapades et des voyages, on vise un déménagement, on s'investit dans d'autres activités ... On se fait petit à petit à l'idée qu'on ne sera pas parents mais on essaie d'être de supers tonton et tata/marraine
La communication a toujours été super importante dans notre couple et c'est probablement ce qui a fait qu'on tient le coup encore aujourd'hui. On ne sait pas de quoi sera fait demain, ou dans dix ans, mais on espère qu'on sera toujours ensemble et très épanouis.
Bref.
Loin de moi l'idée de décourager ou de faire peur aux futurs motivés pour une PMA mais c'était important, pour moi, de pouvoir clôturer mon post ici sur cette période de ma vie.
Merci à tous ceux qui ont tout lu, bon courage à tous ceux qui se lancent ou qui sont en plein dedans. Heureusement, les exemples de PMA qui fonctionnent il y en a plusieurs sur ce forum alors croyez y !
Peace!
Je n'ai pas trop détaillé le parcours sur la PMA de Calais mais pour résumer : nous sommes passés par 5 années de PMA (2 et demi en Belgique puis 2 et demi en France). Au total 9 inséminations artificielles qui n'ont rien donné ainsi que 3 FIV dont deux grossesses soldées par des fausses couches.
La première grossesse s'est soldée, lors de la première FIV, par une fausse couche à trois semaines de grossesse. Passé l'immense joie d'une première prise de sang positive, ENFIN, c'est l'incompréhension face au taux de BHCG qui diminue lors de la seconde quelques jours plus tard. Bizarrement la PMA ne pose pas clairement le terme de fausse couche en cours, c'est un collègue médecin (pour rappel nous sommes tous les deux infirmiers) qui nous l'annonce. Ca a été un choc pour tous les deux mais ma compagne qui encaisse mieux que moi propose qu'on enchaine directement un nouveau protocole. Je valide, tout en sachant pertinemment que je ne prends pas le temps de penser cette perte. Je me retrouve impliqué dans un nouveau protocole mais avec cette fois-ci une méfiance immense.
Second protocole FIV et nouvelle grossesse. Seulement nous sommes vaccinés : nous attendons la seconde prise de sang. Mais le taux de BHCG augmente bien, ça semble tenir. Pour autant on attend la prochaine échéance : la première écho. Là encore tout est normal. Une seconde : idem. Mais on n'arrive toujours pas à vivre ce début de grossesse avec le soulagement qui devrait aller avec. On n'ose pas trop se projeter, on vit cette grossesse avec précaution.
Quinze jour après la confirmation de grossesse, on apprend que notre chien est condamné à cause d'un cancer de la rate. C'est brutal et totalement inattendu. On tente malgré tout l'opération de la dernière chance, sans succès. La vétérinaire nous annonce 3 mois de survie car il semble avoir bien encaissé l'opération mais c'est un mois et demi après qu'il nous faudra l'endormir.
Et durant tout ce temps on ne vit absolument pas la grossesse. On est obnubilés par les dernières semaines de notre chien, tout en culpabilisant énormément de ne pas réussir à s'impliquer émotionnellement dans cette grossesse pourtant tant attendue.
Et c'est quinze jour après avoir dû faire piquer notre chien que nous perdons ce deuxième enfant. Ma compagne ressent de violentes douleurs au ventre nécessitant un passage aux urgences gynéco et maternité. En pleine période covid, je ne peux pas rentrer dans le service. Elle est visitée mais au final rien n'est décelé et elle va mieux.
On doit y retourner deux jours plus tard pour le même tableau mais avec des douleurs bien pires. Cette fois-ci je reste et malheureusement nous perdons notre enfant à 14 SA. Nous devions faire l'écho du 1er trimestre le lendemain et nous devions annoncer cette grossesse 4 jours plus tard à nos proches.
On apprendra grâce aux analyses réalisées qu'un hématome avait décollé une partie du placenta et qu'une infection était présente également. On apprendra également que c'était un petit garçon.
C'est à ce jour l'expérience la plus traumatisante de ma vie.
On s'est replongé, après une petite pause, sur une troisième FIV mais avec résultat négatif.
Après l'aval des équipes pour proposer trois nouvelles FIV à notre couple, on tente un nouveau protocole pour récolter des ovocytes (injection d'Ovitrelle et tout le bazar) mais la première tentative se solde par pas mal de follicules qui "poussent bien" mais à maturité trop différente. Le second essai lui se solde par une hyperstimulation ovarienne pour ma femme donc protocole interrompu.
On parle beaucoup avec ma compagne, on se questionne sans cesse sur la poursuite des démarches.
Et on finit par se résigner, avec ce second échec. On arrête.
On est d'accord sur le fait que cet accouchement prématuré a été trop dur à encaisser et on a beaucoup trop peur de devoir revivre ça si jamais elle devait retomber enceinte (d'autant que nous avons des exemples de fausses couches tardives à 6 mois ou d'accouchement d'enfant mort né à terme dans notre entourage). C'est un peu con avec le recul car rien ne dit que c'est ce qui se serait passé mais on n'ose pas tenter le diable comme on dit.
On en est là aujourd'hui.
On a vécu 5 ans faits de hauts et de bas, d'un ascenseur émotionnel intense, de beaucoup de fatigue et d'espoir qui s'amenuise peu à peu au fil des ans.
On a traversé cette perte de manière bien différente tous les deux. Elle pleurant notre chien à chaud de larme pendant des mois (oui, notre chien, pas notre enfant), épaulée par des collègues et un suivi psychologique. Moi, tenant bon pour elle, mais fleurtant de très près avec la dépression, sans prendre le temps de vraiment parler à quelqu'un de tout ça. Je suis toujours impressionné de voir comment peuvent réagir des gens face au deuil (c'est mon côté infirmier psy xD) ...
Aujourd'hui on fait d'autres projets, on se retrouve à deux, on programme des escapades et des voyages, on vise un déménagement, on s'investit dans d'autres activités ... On se fait petit à petit à l'idée qu'on ne sera pas parents mais on essaie d'être de supers tonton et tata/marraine
La communication a toujours été super importante dans notre couple et c'est probablement ce qui a fait qu'on tient le coup encore aujourd'hui. On ne sait pas de quoi sera fait demain, ou dans dix ans, mais on espère qu'on sera toujours ensemble et très épanouis.
Bref.
Loin de moi l'idée de décourager ou de faire peur aux futurs motivés pour une PMA mais c'était important, pour moi, de pouvoir clôturer mon post ici sur cette période de ma vie.
Merci à tous ceux qui ont tout lu, bon courage à tous ceux qui se lancent ou qui sont en plein dedans. Heureusement, les exemples de PMA qui fonctionnent il y en a plusieurs sur ce forum alors croyez y !
Peace!