Angoisses pré-transition et hormonothérapie (TW mention de traumas violences sexuelles)
Posté : 26 déc. 2023 15:02
Bonjour à toustes,
Je suis en pleine introspection/crise existentielle par rapport à mon genre depuis plusieurs mois (en fait ça se compte en années, mais ça s'est intensifié dernièrement), et notamment par rapport à la prise d'hormones, pour avoir une apparence plus masculine.
Je suis AFAB, mais depuis tout petit je me pose des questions sur mon identité de genre. Quand j'étais enfant, je refusais qu'on dise de moi que j'étais une fille, et je voulais être un garçon. Je détestais tout ce qui était lié à l'univers des petites filles. On disait de moi que j'étais garçon manqué, et j'aimais bien car pour moi c'était mieux que d'être une fille. Je ne jouais qu'avec les garçons. Je me demandais toujours ce que ça m'aurait fait d'avoir un sexe de garçon.
Quand ma puberté a commencé, j'ai eu le sentiment d'être trahi par mon propre corps. Quand j'ai commencé à développer de la poitrine (même si elle est petite), j'ai eu le sentiment d'être sexualisée, de quitter le côté androgyne de mon corps d'enfant. Les règles me donnent énormément de dysphorie (et en plus j'ai des problèmes hormonaux donc c'est très handicapant pour moi quand je les ai, j'ai de grosses douleurs et des saignements vraiment abondants). Et je déteste l'idée d'avoir un système reproducteur féminin, c'est-à-dire d'avoir un utérus, l'idée d'être potentiellement fécondable me répugne, la réalité de la grossesse et de l'accouchement encore plus. Pendant des années, j'ai performé une féminité vraiment exacerbée, en me disant que je finirais bien par me sentir à l'aise avec mon genre, que c'était une étape transitoire normale, qu'il fallait juste que je me trouve. Je me maquillais, portais des talons, les cheveux très longs, des vêtements près du corps... et je détestais ça. C'était pour moi un carcan, et enlever tout cet accoutrement à la fin de la journée était pour moi une libération.
Aujourd'hui, j'ai décidé de me genrer au masculin depuis quelques mois et de me donner un prénom masculin, seules les personnes vraiment proches de moi sont au courant. Je me sens mieux comme ça, et en même temps, du coup, quand on me genre au féminin, je ressens plus facilement une forme de malaise qui n'était pas aussi prégnant avant. Le fait d'avoir un prénom masculin auprès de mes proches, mais une apparence féminine et qu'on me genre au féminin à l'extérieur me perturbe.
Et actuellement, je m'identifie plutôt comme non-binaire agenre transmasc. Sauf que voilà, si je ne me "sens" pas homme (quoi que ça veuille dire), que je ne me sens véritablement appartenir à aucun genre et ne me reconnaît pas globalement dans les normes de genre, j'ai de plus en plus le sentiment de vouloir une apparence plus masculine, et ce depuis plusieurs mois. Quand je me regarde dans le miroir, mes traits féminins ne me déplaisent pas, mais ils me "dérangent" quand même. Quand on me genre au féminin, ça me dérange de plus en plus. Je m'habille de façon masculine et je me sens bien comme ça. Quand je marche dans la rue, je m'imagine ressembler à un homme et je me surprends à ressentir de l'euphorie liée à ça. Je me plais à m'imaginer avec des traits masculins, de la barbe, une voix plus grave, et à me dire que je me sentirai beaucoup plus à l'aise pour jouer avec les codes des normes de genre (et de ce qu'on qualifie de "féminin") si je ressemblais à un homme. Par exemple, à l'heure actuelle, je ne me maquille pas, bien que j'aimerais parfois essayer, parce que c'est perçu comme quelque chose de féminin, et le fait que cela renvoie cette image aux gens, et que ça mette alors l'accent sur mon apparence déjà féminine, me gêne. Mes règles me donnent énormément de dysphorie. Ma poitrine est un fardeau et j'aimerais avoir un torse plat. Quand je vois certains hommes dans la rue, je me surprends à les regarder, pas forcément parce que je les trouve beaux, mais parce que je me dis "j'ai hâte de lui ressembler/j'aimerais bien lui ressembler...".
Et pourtant, l'idée de prendre de la T, de voir mon corps changer, de revivre une puberté (avec tous les changements que ça implique, au niveau de l'acné, de la libido...), m'angoisse énormément. J'ai peur de détester le changement et de regretter mon choix, et de regretter mon "ancienne apparence" si je décide de faire une hormonothérapie.
Comment est-ce que vous avez su que vous vouliez commencer à prendre des hormones ? Qu'est-ce qui vous a aidé à vous lancer ? Je me dis qu'on est jamais sûr à 100% de faire le bon choix, mais je pense qu'avoir des pistes m'aiderait. Comment est-ce que je peux savoir si j'ai vraiment envie de prendre des hormones ou pas ? Comment je peux être sûr si je souhaite vraiment une apparence masculine ou bien si ça me va de "juste" passer pour une personne androgyne ?
Et j'ai aussi beaucoup de craintes par rapport à la sphère sociale, notamment la peur d'être perçu comme un homme cis, avec tout ce que ça implique : être perçu comme un prédateur ou un "dominant", me sentir obligé de performer une masculinité qui ne me correspond pas pour me sentir accepté socialement, être moins "aidé" et davantage discriminé si je subis des violences, par exemple... et j'ai aussi cette peur irrationnelle mais viscérale de "devenir" un agresseur, parce que j'ai des traumas liés à des histoires d'agression, et j'ai peur que dès l'instant où je ressemblerais à un homme, j'adopterais malgré moi des comportements toxiques ou dangereux (et une forme de toute-puissance), comme ceux dont j'ai pu être la victime. Je sais bien qu'un homme n'est pas nécessairement un prédateur mais j'ai cette peur d'en devenir un, comme si prendre de la T pouvait changer mon histoire personnelle, ma personnalité et mes valeurs. C'est assez délicat, mais j'ai des traumas liés à des violences sexuelles, et j'ai la peur viscérale d'être perçu comme un prédateur en ayant une apparence masculine, ou, pire, d'en devenir un (je sais que c'est totalement irrationnel mais voilà) dès l'instant où j'entamerais ma transition avec la prise de T. Et j'ai honte d'en parler parce que j'ai peur que ce soit mal interprété, parce qu'au fond je sais bien qu'avoir une identité de genre et/ou une expression de genre masculine n'a rien à voir avec le fait d'être ou non un prédateur, mais j'ai beaucoup de craintes par rapport à ça. Comme si, en décidant de prendre de la T, je me sentais "obligé" de performer une masculinité hégémonique et une forme de toute-puissance, avec des comportements toxiques voire dangereux, en étant influencé par le modèle cis-hétéropatriarcal de base, ou comme si cela me changeait en tant que personne et me transformait en un agresseur potentiel, ou comme si les gens se mettaient à me voir comme tel, dès lors que j'aurais une apparence plus masculine. J'en parle beaucoup avec ma thérapeute, et je sais que c'est très probablement essentiellement avec elle que je dois travailler là-dessus, mais j'espérais aussi avoir des témoignages de personnes directement concernées par cette question, et potentiellement en proie à ces angoisses, pour savoir comment elles auraient pu les surmonter et/ou comment elles ont pu les gérer pendant leur transition.
Voilà toutes les questions/craintes qui sont présentes en ce moment.
Je vous remercie d'avance pour votre aide et je vous souhaite une belle journée
Je suis en pleine introspection/crise existentielle par rapport à mon genre depuis plusieurs mois (en fait ça se compte en années, mais ça s'est intensifié dernièrement), et notamment par rapport à la prise d'hormones, pour avoir une apparence plus masculine.
Je suis AFAB, mais depuis tout petit je me pose des questions sur mon identité de genre. Quand j'étais enfant, je refusais qu'on dise de moi que j'étais une fille, et je voulais être un garçon. Je détestais tout ce qui était lié à l'univers des petites filles. On disait de moi que j'étais garçon manqué, et j'aimais bien car pour moi c'était mieux que d'être une fille. Je ne jouais qu'avec les garçons. Je me demandais toujours ce que ça m'aurait fait d'avoir un sexe de garçon.
Quand ma puberté a commencé, j'ai eu le sentiment d'être trahi par mon propre corps. Quand j'ai commencé à développer de la poitrine (même si elle est petite), j'ai eu le sentiment d'être sexualisée, de quitter le côté androgyne de mon corps d'enfant. Les règles me donnent énormément de dysphorie (et en plus j'ai des problèmes hormonaux donc c'est très handicapant pour moi quand je les ai, j'ai de grosses douleurs et des saignements vraiment abondants). Et je déteste l'idée d'avoir un système reproducteur féminin, c'est-à-dire d'avoir un utérus, l'idée d'être potentiellement fécondable me répugne, la réalité de la grossesse et de l'accouchement encore plus. Pendant des années, j'ai performé une féminité vraiment exacerbée, en me disant que je finirais bien par me sentir à l'aise avec mon genre, que c'était une étape transitoire normale, qu'il fallait juste que je me trouve. Je me maquillais, portais des talons, les cheveux très longs, des vêtements près du corps... et je détestais ça. C'était pour moi un carcan, et enlever tout cet accoutrement à la fin de la journée était pour moi une libération.
Aujourd'hui, j'ai décidé de me genrer au masculin depuis quelques mois et de me donner un prénom masculin, seules les personnes vraiment proches de moi sont au courant. Je me sens mieux comme ça, et en même temps, du coup, quand on me genre au féminin, je ressens plus facilement une forme de malaise qui n'était pas aussi prégnant avant. Le fait d'avoir un prénom masculin auprès de mes proches, mais une apparence féminine et qu'on me genre au féminin à l'extérieur me perturbe.
Et actuellement, je m'identifie plutôt comme non-binaire agenre transmasc. Sauf que voilà, si je ne me "sens" pas homme (quoi que ça veuille dire), que je ne me sens véritablement appartenir à aucun genre et ne me reconnaît pas globalement dans les normes de genre, j'ai de plus en plus le sentiment de vouloir une apparence plus masculine, et ce depuis plusieurs mois. Quand je me regarde dans le miroir, mes traits féminins ne me déplaisent pas, mais ils me "dérangent" quand même. Quand on me genre au féminin, ça me dérange de plus en plus. Je m'habille de façon masculine et je me sens bien comme ça. Quand je marche dans la rue, je m'imagine ressembler à un homme et je me surprends à ressentir de l'euphorie liée à ça. Je me plais à m'imaginer avec des traits masculins, de la barbe, une voix plus grave, et à me dire que je me sentirai beaucoup plus à l'aise pour jouer avec les codes des normes de genre (et de ce qu'on qualifie de "féminin") si je ressemblais à un homme. Par exemple, à l'heure actuelle, je ne me maquille pas, bien que j'aimerais parfois essayer, parce que c'est perçu comme quelque chose de féminin, et le fait que cela renvoie cette image aux gens, et que ça mette alors l'accent sur mon apparence déjà féminine, me gêne. Mes règles me donnent énormément de dysphorie. Ma poitrine est un fardeau et j'aimerais avoir un torse plat. Quand je vois certains hommes dans la rue, je me surprends à les regarder, pas forcément parce que je les trouve beaux, mais parce que je me dis "j'ai hâte de lui ressembler/j'aimerais bien lui ressembler...".
Et pourtant, l'idée de prendre de la T, de voir mon corps changer, de revivre une puberté (avec tous les changements que ça implique, au niveau de l'acné, de la libido...), m'angoisse énormément. J'ai peur de détester le changement et de regretter mon choix, et de regretter mon "ancienne apparence" si je décide de faire une hormonothérapie.
Comment est-ce que vous avez su que vous vouliez commencer à prendre des hormones ? Qu'est-ce qui vous a aidé à vous lancer ? Je me dis qu'on est jamais sûr à 100% de faire le bon choix, mais je pense qu'avoir des pistes m'aiderait. Comment est-ce que je peux savoir si j'ai vraiment envie de prendre des hormones ou pas ? Comment je peux être sûr si je souhaite vraiment une apparence masculine ou bien si ça me va de "juste" passer pour une personne androgyne ?
Et j'ai aussi beaucoup de craintes par rapport à la sphère sociale, notamment la peur d'être perçu comme un homme cis, avec tout ce que ça implique : être perçu comme un prédateur ou un "dominant", me sentir obligé de performer une masculinité qui ne me correspond pas pour me sentir accepté socialement, être moins "aidé" et davantage discriminé si je subis des violences, par exemple... et j'ai aussi cette peur irrationnelle mais viscérale de "devenir" un agresseur, parce que j'ai des traumas liés à des histoires d'agression, et j'ai peur que dès l'instant où je ressemblerais à un homme, j'adopterais malgré moi des comportements toxiques ou dangereux (et une forme de toute-puissance), comme ceux dont j'ai pu être la victime. Je sais bien qu'un homme n'est pas nécessairement un prédateur mais j'ai cette peur d'en devenir un, comme si prendre de la T pouvait changer mon histoire personnelle, ma personnalité et mes valeurs. C'est assez délicat, mais j'ai des traumas liés à des violences sexuelles, et j'ai la peur viscérale d'être perçu comme un prédateur en ayant une apparence masculine, ou, pire, d'en devenir un (je sais que c'est totalement irrationnel mais voilà) dès l'instant où j'entamerais ma transition avec la prise de T. Et j'ai honte d'en parler parce que j'ai peur que ce soit mal interprété, parce qu'au fond je sais bien qu'avoir une identité de genre et/ou une expression de genre masculine n'a rien à voir avec le fait d'être ou non un prédateur, mais j'ai beaucoup de craintes par rapport à ça. Comme si, en décidant de prendre de la T, je me sentais "obligé" de performer une masculinité hégémonique et une forme de toute-puissance, avec des comportements toxiques voire dangereux, en étant influencé par le modèle cis-hétéropatriarcal de base, ou comme si cela me changeait en tant que personne et me transformait en un agresseur potentiel, ou comme si les gens se mettaient à me voir comme tel, dès lors que j'aurais une apparence plus masculine. J'en parle beaucoup avec ma thérapeute, et je sais que c'est très probablement essentiellement avec elle que je dois travailler là-dessus, mais j'espérais aussi avoir des témoignages de personnes directement concernées par cette question, et potentiellement en proie à ces angoisses, pour savoir comment elles auraient pu les surmonter et/ou comment elles ont pu les gérer pendant leur transition.
Voilà toutes les questions/craintes qui sont présentes en ce moment.
Je vous remercie d'avance pour votre aide et je vous souhaite une belle journée