Gros doutes en cours de route
Posté : 22 févr. 2018 16:53
Hello, je me demandais si d’autres parmi vous avaient pu passer par là. Pour résumer : après m’être fait trimballer par une endoc assez tordue pendant 4 mois, j’en ai trouvé un autre qui m’a fait une ordo direct et j’ai commencé la T vendredi. J’ai commencé mes CO en juin, j’ai coupé mes cheveux courts pour la première fois de ma vie en juillet, et je suis out à 100% depuis octobre. J’ai depuis novembre une carte d’étudiant au bon prénom, et j’ai appris avant-hier que ma demande de changement de prénom en mairie était acceptée.
Pourtant, je sais pas, je me sens pas très bien. Transitionner socialement a vraiment changé ma vie en bien, je suis enfin sorti d’une espèce de boîte, et j’ai si longtemps fantasmé le moment où je pourrais enfin être moi, et je rêve aussi du jour où on ne me demandera pas si mon prénom s’écrit « avec un E à la fin ».
Seulement, là, j’ai un gros sentiment de vide que je ne saurai pas expliquer. Tout est allé très vite finalement, et en même temps si je ne l’avais pas fait j’aurais pas tenu jusque-là.
J’ai de grosses difficultés à réaliser tout ce qui m’arrive, je n’arrive pas à faire la « jointure » entre ma vie d’avant et celle de maintenant. Par exemple dans mes rêves j’ai toujours les cheveux longs, quand je dois me représenter, involontairement je me mets les cheveux longs. En ce moment je repense à l’année dernière, où en plus j’étais en couple avec un homme hétéro. J’étais malheureux et je pétais des câbles, mais tout était paradoxalement plus simple. Il y a ce rapport bizarre à mes cheveux que je saurais pas expliquer. Quand je parle aux gens de manière plus personnelle, j’ai toujours l’impression d’être « celle d’avant » alors même que des personnes ne m’ont jamais connu au féminin bien que je ne "passe" pas.
J’ai l’impression aussi qu’il y a une difficulté à « assumer ». J’ai grandi dans un milieu plutôt élitiste, où on n’en parlait pas ou où on s’en moquait. J’ai l’impression qu’une partie de moi accepte pas d’être « ça », d’être un mec trans, d’être gay, quand je pouvais avoir l’air d’une femme hétéro avec un côté légèrement androgyne qui me distinguait.
En prime, je sais que je ne ressens pas les choses de manière binaire, je me vois jusque quelque part dans le masculin et il y a des jours flous. Mais j’ai fait le choix de pronoms et prénoms très binaires, ça me convient mais c’est aussi pour qu’on me foute la paix. Parce qu’il y a des gens qui arrivent encore à dire PrénomM « elle », alors imaginez, parler de non-binarité… En prime je suis dans un milieu qui adoooore déconstruire le genre, au point où je suis devenu la personne vers laquelle on se retourne quand il faut l’ouvrir sur les questions de genres. Je me retrouve malgré moi à porter la parole de femmes cis qui n’ont pas conscience de ce que je traverse, et parler de ça, ce serait donner le bâton pour me faire battre. On commence aussi à me poser des questions sur ma sexualité, et le regard des mecs hétéros qui se découvrent subitement plus ouverts (puis se ravisent en se disant qu’en fait mon parcours c’est du sérieux) est pénible à gérer aussi.
J’ai l’impression que j’ai pas le droit de douter. Que si jusque-là j’ai sauvé ma peau notamment à l’école, c’est parce que je me suis montré très ferme et que j’ai laissé personne me ranger dans la case des neutres pour servir leurs fantasmes théoriques sur « le queer ».
Bref je me sens mal. Je sais pas trop quoi faire. J’avance et en même temps j’ai l’impression d’être aspiré dans un truc compliqué. Si d’autres sont passé-es par là, je serais soulagé d’en discuter, bien que mon message soit sûrement confus. Merci
Pourtant, je sais pas, je me sens pas très bien. Transitionner socialement a vraiment changé ma vie en bien, je suis enfin sorti d’une espèce de boîte, et j’ai si longtemps fantasmé le moment où je pourrais enfin être moi, et je rêve aussi du jour où on ne me demandera pas si mon prénom s’écrit « avec un E à la fin ».
Seulement, là, j’ai un gros sentiment de vide que je ne saurai pas expliquer. Tout est allé très vite finalement, et en même temps si je ne l’avais pas fait j’aurais pas tenu jusque-là.
J’ai de grosses difficultés à réaliser tout ce qui m’arrive, je n’arrive pas à faire la « jointure » entre ma vie d’avant et celle de maintenant. Par exemple dans mes rêves j’ai toujours les cheveux longs, quand je dois me représenter, involontairement je me mets les cheveux longs. En ce moment je repense à l’année dernière, où en plus j’étais en couple avec un homme hétéro. J’étais malheureux et je pétais des câbles, mais tout était paradoxalement plus simple. Il y a ce rapport bizarre à mes cheveux que je saurais pas expliquer. Quand je parle aux gens de manière plus personnelle, j’ai toujours l’impression d’être « celle d’avant » alors même que des personnes ne m’ont jamais connu au féminin bien que je ne "passe" pas.
J’ai l’impression aussi qu’il y a une difficulté à « assumer ». J’ai grandi dans un milieu plutôt élitiste, où on n’en parlait pas ou où on s’en moquait. J’ai l’impression qu’une partie de moi accepte pas d’être « ça », d’être un mec trans, d’être gay, quand je pouvais avoir l’air d’une femme hétéro avec un côté légèrement androgyne qui me distinguait.
En prime, je sais que je ne ressens pas les choses de manière binaire, je me vois jusque quelque part dans le masculin et il y a des jours flous. Mais j’ai fait le choix de pronoms et prénoms très binaires, ça me convient mais c’est aussi pour qu’on me foute la paix. Parce qu’il y a des gens qui arrivent encore à dire PrénomM « elle », alors imaginez, parler de non-binarité… En prime je suis dans un milieu qui adoooore déconstruire le genre, au point où je suis devenu la personne vers laquelle on se retourne quand il faut l’ouvrir sur les questions de genres. Je me retrouve malgré moi à porter la parole de femmes cis qui n’ont pas conscience de ce que je traverse, et parler de ça, ce serait donner le bâton pour me faire battre. On commence aussi à me poser des questions sur ma sexualité, et le regard des mecs hétéros qui se découvrent subitement plus ouverts (puis se ravisent en se disant qu’en fait mon parcours c’est du sérieux) est pénible à gérer aussi.
J’ai l’impression que j’ai pas le droit de douter. Que si jusque-là j’ai sauvé ma peau notamment à l’école, c’est parce que je me suis montré très ferme et que j’ai laissé personne me ranger dans la case des neutres pour servir leurs fantasmes théoriques sur « le queer ».
Bref je me sens mal. Je sais pas trop quoi faire. J’avance et en même temps j’ai l’impression d’être aspiré dans un truc compliqué. Si d’autres sont passé-es par là, je serais soulagé d’en discuter, bien que mon message soit sûrement confus. Merci