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par Klaive » 19 juil. 2017 03:54
Je précise avant de répondre que j'ai vécu cinq couples, à donc presque 21 ans maintenant, j'aimerais ne pas être jugé là -dessus. :/
En ce qui me concerne (CO fait à 19 ans et demi à l'entourage, CO fait à la famille à 20 ans), même si je mettais souvent mon identité de côté, à 18 ans j'ai commencé à refuser catégoriquement toute relation de couple ou sexuelle avec des personnes attirées exclusivement par des femmes.
Avant ça, j'avais vécu trois couples, avec un mec hétéro à chaque fois, et j'ai abordé le sujet avec mon second et troisième mec, qui m'ont dit à peu près la même chose : "Si tu deviens un homme, on ne pourra pas rester ensemble."
En somme, ils aimaient une idée, une projection, un déguisement, de moi en femme, c'est comme ça que je l'ai vécu du moins.
Ça m'a donc motivé à repousser ma transition, puisque je les aimais énormément, et j'avais des problèmes de famille au milieu qui faisaient que plus j'étais discret.e, mieux le monde se portait.
Bref. Au final, mettre ça de côté, tenter de "guérir", développer une forme de transphobie intériosée, ne m'a pas aidé, et même blessé intérieurement.
Mon quatrième copain était bi, je n'ai jamais abordé le sujet avec lui, mais les 8 mois de notre relation m'ont permis de réfléchir en me sentant plus libre. J'étais aimé non plus en tant que femme, mais en tant que personne, pas en tant qu'homme mais c'était déjà ça.
Je l'ai quitté pour plusieurs raisons, manque de confiance de ma part, comportement impulsif de la sienne, et parce que j'étais en train de tomber amoureux de quelqu'un d'autre.
La première conversation que j'ai eu avec lui, lorsque je l'ai rencontré (mon dernier copain en date)... C'était sur la transidentité. :')
Simple hasard. Je n'ai pas parlé de moi, je voulais encore "guérir" à cette époque.
Il se définissait comme pan. J'ai été sa "copine" pendant les quatre premiers mois de notre relation, même si je me sentais plus libre de parler de mes ressentis et donc, il savait que je supportais mal qu'on me rappelle que j'étais perçu comme étant une femme, que j'avais du mal avec certains compliments, et certaines parties de mon corps. J'ai senti que j'avais le droit de mettre des limites dans notre sexualité par exemple (mais il aurait fallu que je le fasse bien avant...).
Pour autant, l'idée que je sois trans n'a jamais été suggèrée au début, par aucun de nous deux.
Cette année là , j'allais mal, j'ai commencé à avoir vraiment du mal à être confronté au monde extérieur, j'ai fais une des plus grosses crises de dysphorie de ma vie.
Je me sentais coupable, j'avais l'impression d'avoir "échoué" dans le fait de "devenir" une femme, que mes efforts n'avaient servi à rien. J'avais honte de moi. En parallèle, j'éprouvais une envie profonde d'être moi-même, et de m'en sortir.
Il m'a soutenu, même si au début je ne savais plus qui j'étais, je me remettais violemment en question quant à mon genre. Je me suis même demandé si j'étais non-binaire. Je ressassais mon passé.
Lui aussi était en questionnement par rapport à son genre, même si ça ne le mettait pas dans le même état que moi.
Puis le verdict est tombé, un jour où on discutait je lui ai dis que j'étais sûr d'être un homme.
Il l'a bien pris, mais était un peu surpris, m'a dit qu'il n'y avait aucun problème mais qu'il appréhendait un peu car il n'avait jamais été en couple avec un homme.
Durant les quatre mois suivants de notre relation, j'ai été son copain.
Il était présent lors de mon CO à ma famille (qui a été hyper violent), il m'a épaulé durant les mois qui ont suivi où j'ai dû supporter les discours de ma mère TERF.
Aujourd'hui, même si on est séparés pour d'autres raisons, il me considère vraiment comme un homme. Lui serait plutôt agenre.
Je pense que je lui dois la vie, sans exagération.
Compte-tenu des ennuis que m'ont apporté le fait de retarder ma transition, et au vu des dégâts qui, je l'espère, ne sont pas définitifs, je regrette de ne pas m'être affirmé plus tôt. Donc fonce.