Coming-out : votre expérience, vos retours et vos conseils

[Eol]

Bonsoir !

J'ai fait un retour sur mon premier post dans "Vivre son identité pré-transition" et je prévois de faire mon propre coming-out à mes parents. Sauf qu'il paraît que c'est bien de se préparer et comme j'y allais un peu la bouche en coeur, de savoir que je risque de me prendre les pieds dans mon propre tapis me fait baliser.

Je ne sais tellement pas quoi leur dire à part leur annoncer ma volonté de faire une transition de genre et de leur donner les contacts d'associations vers qui ils pourront se tourner pour se renseigner et être écouté. Je ne me vois pas leur demander de me genrer au masculin ou de m'appeler autrement. Parce que j'ai peur de leur jugement, peur de les "trahir", que je me sens illégitime et surtout que, il n'y a rien qui """prouve""" cette transition. Je mets de très grosses guillemets parce que je sais très bien que chaque transition est propre à chacun.e et que s'arrêter à un changement de pronom et de prénom est totalement OK mais comme je souhaite être hormoné, j'ai l'impression de devoir """prouver""" que ce n'est pas un jeu.
Tout ça est en grande partie alimenté par mes peurs, mon cerveau et mon subconscient mais je pense que c'est aussi alimenté par le fait que j'ai voulu faire beaucoup de métiers quand j'étais jeune et que mes parents m'en ont dissuader. Leur parole suffisait pour me faire reculer sur ces choix. Avec le recul, ils avaient sûrement raison (archéologue médiéval, armée et j'en passe...) et je crois que, du coup, je dois leur montrer que ce choix est valable, faire mes preuves.

Si vous le voulez bien, est-ce que vous pourriez raconter votre coming-out à vos parents/proches/amis ? Faire vos retours sur ce moment, qu'est-ce que vous referiez ou que vous en referiez pas ? Et est-ce que vous auriez des conseils qui vous ont aidé à leur en parler, comment leur en parler, comment instaurer une discussion al plus safe possible... ?

Je vous remercie vraiment beaucoup par avance pour vos réponses !

[Magnus]

j'ai fait simple, après avoir pris mes rendez-vous médicaux pour la transition (psychiatre et généraliste), j'ai écrit un mail à ma mère (on était en colocation à l'époque), parce que je trouvais plus facile comme façon de lui faire mon CO. je lui ai indiqué que j'étais un homme trans, que j'allais entamer une transition médicale, que j'allais être accompagné par différents médecins, ce que j'allais faire (hormones + chirurgies), que mes papiers allaient aussi changer et qu'il lui fallait me genrer au masculin. je lui avait transmis des liens vers des associations, je l'ai amené plus tard à des groupes de paroles pour les proches de personnes trans.
on en a un peu parlé, il a fallu lui répéter plusieurs fois de ne pas me parler/parler de moi au féminin (même encore maintenant, 9 ans après), elle fait encore des bourdes, mais il y a du mieux.

[Eol]

Merci Magnus pour ton retour !
Cela se rapproche assez de ce que je souhaiterai faire. Je me dis que je voudrai leur donner un maximum d'informations, pour les rassurer et leur montrer la solidité de ma démarche. Pourtant, en même temps, je me demande si ça ne risque pas de faire trop. Je suppose que je vais préparer les choses et voir au fur et mesure de la discussion comment ils réagissent et comment je dois m'adapter.

[Magnus]

je pense qu'il vaut mieux que les parents soient préparés à notre cheminement, donc leur en parler, simplement avec nos mots, ajouter des liens ou des dépliants pour plus d'infos/qu'ils aient confirmation de ce qu'on dit (ils ont tendance à s'inquiéter de ce qu'on peut trouver comme informations, le fait d'avoir des sites/dépliants d'associations, c'est du concret à leurs yeux)...
à partir du moment ou ils savent dans les grandes lignes ce qui nous attends, oui ça peut leur faire peur, mais au moins, ils savent à quoi s'attendre, ils ont le temps de s'y préparer. techniquement, pas de risque d'en faire trop. mon expérience peut paraître courte mais en vrai, ça c'est fait sur plusieurs années.
j'ai aussi la casquette "parent", et je sais que même si mon loulou m'avait fait son CO, que j'aurai probablement eu peur pour lui, ben j'aurai apprécié d'avoir un max d'informations pour pouvoir comprendre, l'accompagner au mieux...

[アレクサンドル]

Bonjour Eol,

Le coming out, ce n'est pas quelque chose de facile à faire. Je n'ai jamais été aussi angoissé qu'à cette époque de ma vie. J'ai ressenti exactement toutes les peurs que tu décris. Pour ma part, j'ai eu besoin d'y aller en douceur. J'ai écrit une lettre dans laquelle j'expliquais surtout ce que je ressentais (qui j'étais au fond de mon cœur, pourquoi je n'avais pas eu le courage d'en parler plus tôt et pourquoi j'avais besoin d'embrasser enfin celui que j'étais vraiment). Je voulais voir comment mes proches allaient réagir face à cette déclaration avant d'aborder les questions médicales qui peuvent être plus inquiétantes. Je me suis dévoilé lentement, ça m'a pris du temps, mais je ne regrette pas d'y être allé à petits pas. Parce que c'était la manière qui me correspondait le plus.

Ma mère et mes grands-parents ont très bien accueilli la nouvelle. Ils sont même allés jusqu'à me dire qu'ils s'en doutaient depuis un moment. Le plus difficile, ç'a été avec mon père. Lui n'avait rien vu venir. Il n'a pas eu de réaction violente, simplement il a complètement figé. Comme si je l'avais effrayé en retirant un masque et qu'il était resté tétanisé. Il s'est enfoncé dans le déni et j'ai eu beau essayer de discuter avec lui, je n'ai rien pu en tirer. Mes parents sont divorcés, il n'y a personne de son côté qui pourrait lui parler, le faire réfléchir. Je suis content de ne pas lui avoir donné plus d'infos que nécessaire : de toute façon, il n'en veut pas. Aujourd'hui, il continue de faire comme si de rien n'était quand on se voit. Pourtant, il doit sûrement se rendre compte qu'il y a du changement. Même si je m'efforce de parler plus aigu devant lui, ma voix n'est plus comme avant. Et il arrive que d'autres personnes me genrent au masculin en sa présence. Je ne m'empêcherai pas de vivre à cause de lui, mais je ne peux pas le forcer à changer sa façon d'être. Il préfère le silence. Ce genre de personne existe aussi.

Enfin voilà, la manière dont on s'y prend pour faire son CO dépend aussi des gens à qui on s'adresse. Moi, j'avais besoin d'être assez "émotionnel" pour m'ouvrir à certains de mes proches en qui j'avais confiance, mais dont j'avais l'impression qu'ils me connaissaient très mal. En même temps, ne pas trop entrer dans les détails m'a aussi permis de me préserver. Les explications pratiques sont venues par la suite, pour ceux qui les ont souhaitées. En tout cas, je t'envoie plein de courage et d'ondes positives pour ton CO !

[mystère]

Niveau famille, je l'avais fait par lettre pour pouvoir poser mon ressenti tranquillement, sans être submergé; lettre adaptée à chaque personne, donnée en main propre, et j'étais à côté des personnes concernées quand elles l'ont lu. Ce qui a permis de discuter du contenu de la lettre tout de suite après. (Je ne voulais pas laisser mes proches seuls avec leurs questions). Les lettres se centraient plus sur mon ressenti par rapport à mon genre et pourquoi j'avais besoin d'entamer ma transition.
Après, dans la discussion, en fonction des questions de chacun, on a abordé ou pas les étapes, les changements, les craintes qu'ils pouvaient avoir, et j'ai pu les rassurer.
Je précise qu'à cette époque j'approchais de la trentaine et j'étais déjà autonome depuis longtemps.
J'ai abordé le sujet à un moment où j'avais déjà mûrement réfléchi et où j'étais sûr de moi, juste avant de commencer la T.
Je trouve que c'était une bonne méthode pour le faire. Ca ne sert à rien de donner trop de détails techniques d'entrée de jeu. Certains veulent en avoir alors que d'autres surtout pas, je dirais qu'il faut s'adapter à chacun.
Surtout c'est important d'être calme et sûr de soi et capable de rassurer ses proches; notamment sur le fait qu'on reste la même personne, même si le marqueur de genre change.
Un exemple à la con, mais dire : "non, je vais pas me mettre subitement à aimer le foot et la muscu" si avant tu étais fan de tricot et de dessin, ça peut rassurer (bien sûr ça ne s'applique pas si tu étais déjà fan de foot et de muscu).
Il faut se dire qu'eux n'ont pas toute la réflexion que nous avons pu avoir en amont, et aussi bien préciser comment eux peuvent te soutenir : te genrer au masculin, t'appeler par ton prénom masculin. Dire que c'est très important pour toi. Décrire la sensation que ça te fait quand on te genre au féminin, que ça te met mal, etc. Je vais donner un conseil peut-être surprenant, mais quand tu fais tes CO, ne laisse pas de place au doute. Certaines personnes vont te demander : tu es sûr ? Et peut-être te donner des arguments pour te faire changer d'avis. Et te dire qu'ils s'inquiètent parce qu'une transition, c'est difficile. (Ce qui est vrai). Si, en face, tu te laisses ébranler par ces réactions, ils vont s'engouffrer dans la brèche de la déstabilisation. Au contraire, si tu es sûr de toi et que tu pars en mode : voilà ce que je suis, voilà ce que je veux, voilà comment vous pouvez me soutenir, tu annonces clairement que c'est comme ça, sans retour en arrière possible, et que la seule attitude positive et de t'accompagner dans ce chemin.

[The best]

Je les annoncé à mes parents en faisant une dépression, en leur disant chaque jour * tu m'as mal fait, je ne suis pas un garçon* puis une collègue de travail, ma parlait de transition, je ne savais pas que c'était possible alors j'ai étais voir une association, un médecin, j'ai dis à mes parents que j'allais faire une transition, ils ont accepté avec beaucoup de mal, surtout ma mère, elle a beaucoup pleuré. j'ai rencontré ma femme, elle ma soutenu pendant cette transition, elle ma toujours vue comme un gars. Par amour, je suis partie du nord au sud, cette année, pour la première fois depuis mes 9 ans d'hormones que ma grand-mère paternel, ma dit que j'étais beau avec de la barbe alors qu'avant j'étais la "folle" en m'éloignant, en laissant le temps, sa passe mieux avec certaine personne, les autres, je l'ai vois plus du tout mes parents m'appelle par mon prénom masculin, ne se trompent plus, ma grand-mère maternelle, ne sait jamais tromper, elle l'a bien pris. La seule personne que j'ai perdu, c'est mon frère, il m'a rejeté, il ma effacé de sa vie. Je ne regrette pas ma transition,je suis heureux.

[Shay]

Hello o/

Je sais pas si mon expérience de la chose peut t'aider mais, me concernant, j'éprouve et j'ai éprouvé l'envie de le dire face à face à certains membres de ma famille.
Je parle au passé et au présent car je n'ai pas encore fait le CO à tout le monde (notamment ma grand-mère parce que j'ai un rapport assez particulier avec, aka le modèle que je mets un peu trop sur un piedestal et avec qui je me dis que le jour où je lui dis, il faut que je sois sûr de moi et face à face. Pas facile)

Bref, j'ai d'abord commencé avec des amis. Et étonnamment, c'est avec certains que ça a été le plus compliqué (contrairement à ma famille )
Ya du contexte mais pour faire comprendre à des amis très proches de moi (qui ne m'écoutaient pas sur ma transidentité malgré le CO face à face) que c'était important pour moi, je leur avais écrit une lettre à chacun pour poser ce que je ressentais (après, je suis quelqu'un qui a énormément de mal à parler de ses propres sentiments à l'oral donc... c'était sûrement en partie de ma faute si on avait eu des soucis).
Ils ont compris et ont changé de comportement après.

Après ça, quand je suis allé chez ma mère pour des vacances de Noël, à l'époque, j'avais pris la décision de lui dire.
J'ai jamais eu trop de doutes vis à vis d'elle, ma mère est tolérante sur bien des sujets mais elle est facilement influençable (il suffit qu'un de mes frères et soeurs lui fourrent une idée dans la tête et ça y est elle change d'avis).
Pis j'ai aussi tout un background compliqué niveau famille (j'ai joué le rôle de parent (pour mes frères et soeurs notamment), ami et psy pour ma mère) donc j'ai pas la même relation avec que certains.
Bref, je me suis contenté de la mettre dans de bonnes conditions pour lui dire :
Une sortie tous les deux, seuls pendant un shopping où je lui ai offert un cadeau
Pis paf, je lui ai dit de but en blanc que la sortie était pas tant désinteressée et on s'est posé sur un banc.
J'ai pas sortie de flyers ou autre de mon côté : je suis resté simple en lui disant que je me sentais pas fille, etc
Et ça a été okay.

Même si par la suite, ma mère a fait qu'oublier (elle a pas bonne mémoire xD) + elle me mégenre sans s'en rendre compte (ya aussi eu une période où mes frères lui ont bourré le chou pour lui faire croire que ma transidentité c'était nawak mais ça a été réglé depuis)
Et surprise récente !
Alors que ma mère m'a toujours mégenré et que j'avais abandonné l'idée de lui rappeler, pendant un appel, ya pas longtemps, alors que comme d'hab je me genrais au masculin en utilisant même des termes/mots masculin, ma mère m'a balancé un "en même temps t'es leur frère donc"

Franchement, au bout du téléphone, ma joie était palpable même si elle a rien remarqué.


Je peux aussi embrayer sur ce que j'avais évoqué plus haut avec le cas de mes deux petits frères les plus âgés (des ados à l'époque).
Quand je leur ai dit à tous les deux.
Le cadet a été okay
L'aîné a été en mode "rien à faire, tu resteras ma grande sœur" (typique de sa part, je m'attendais pas à grand-chose. Il est un peu spécial donc)

Et plus tard, paf, quand je suis revenu pour d'autres vacances, je me suis pris l'avalanche de la part des deux : L'aîné ET le cadet qui se sont mis à me suranalyser . C'était lunaire comme discussion : ils avaient réussi à convaincre ma mère que je faisais n'importe quoi, que je savais pas ce qui était bon pour moi tout en ayant des discours proches de la transphobie.
J'ai juste débattu avec eux, ça a pas été agréable. Mais je leur ai bien fait comprendre qu'ils avaient tort de se la jouer psychologue et que j'étais sûr de moi.

Situation désamorcée. Ma mère en a plus parlé un moment (avant le fameux appel avec le bon genrage ) puis un jour, mon petit frère cadet, plus âgé, est revenu me voir pour me poser pleins de questions de façon bienveillante sur ma transidentité.
J'avais pas compris sur le coup, mais il avait changé là-dessus.

Mon petit frère aîné, j'ai pas tâté le terrain, mais je le connais, je m'attends pas à grand-chose. Donc c'est pas grave x)

Tout ça pour dire, que c'est au cas par cas, certains sur le moment seront dans le soutien/l'acceptation (ou l'inverse) (ou neutre)
Mais avec le temps, les gens changent, tout du moins ils peuvent changer (pas tous )
Ça peut arriver qu'une personne proche qui te soutenait retourne sa veste ou à l'inverse que l'acceptation et l'habitude se fassent petit à petit.

(Pour ma grand-mère, en ayant suivi la discussion, en vrai, ça m'a fait réfléchir. Je devrais peut-être envisager de lui écrire une lettre et de la laisser lire à côté de moi)

[Eol]

Merci beaucoup, à tous, pour vos retours ! C'est très précieux.

J'ai dors et déjà fait mon CO (imprévu) à mon père, de vive-voix, et ça s'est relativement bien passé. J'ai dû improviser et y aller au feeling, donc pas du tout en m'appuyant sur vos contributions Je suppose que c'est surtout mes propres interrogations et incertitudes qui me laissent un goût d'inachevé.

Concernant ma mère, je ne me sens pas de faire une lettre, je pense à cause de ces mêmes incertitudes. Mais par contre, je veux faire ça de vive-voix, et comme nous habitons à plusieurs heures de distance, ça va me demander quelques ajustements. Avec l'anticipation de la possibilité que cela se passe mal et donc de prévoir une solution de replis.