Vivre sans transition ?

Astuces, questionnements et conseils pour passer au masculin sans aide médicale
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tapis
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Vivre sans transition ?

Message par tapis » 17 févr. 2017 10:58

Bonjour bonjour :) Déjà j’espère que le sujet est bien placé.

Je me demandais si certain-e-s d’entre vous décidaient de ne pas faire de transition.
Enfin, je m’explique.

Avoir une identité de genre masculine, mais aménager des « espaces » au masculin (écriture, des amis qui vous genrent au masculin, etc), tout en continuant une vie « de femme » en apparence.

Le terme de transition me semble finalement désigner quelque chose de vaste, et peut-être que nous pouvons être plusieurs à garder une identité féminine, tout en nous habillant comme bon nous semble (entre autres). Par exemple, certains jours masquer volontairement la poitrine, mais d'autres « jouer » avec l’apparence féminine ?
De temps en temps, j'enfile une robe comme un genre de déguisement, en me disant que j'ai piqué dans le vestiaire de l'autre genre. Même si personne de l’extérieur ne va pas le comprendre ainsi et juste se dire que ce jour-là j’ai mis une robe. Mais je souffre vraiment que l’on m’impose d’en porter une, et qu’en plus on ajoute « mais c’est plus féminin, ça te va bien », etc.

C’est une simple question que je me pose car même si j’ai toujours vécu avec un bonhomme dans la tête, les milieux que j’ai fréquenté auparavant ont fait que je me suis bien planqué à un point où l’idée même de vivre pleinement son identité de genre est pour moi une découverte. En public, je me genre au féminin par réflexe, comme une convention parce que je sais que tout le monde voit une femme (pas féminine, certes), alors que dans la sphère intime, particulièrement quand j’écris à la première personne, tout se passe au masculin (et c’est vital, c’est ce qui me permet de relativiser sur la nécessité de prendre une apparence cohérente vis-à-vis de mon genre).
Je me vois dans le miroir en me disant que c’est ok, pour moi c’est un bonhomme, mais je sais aussi que je me trompe et que personne ne voit ça.
Je sais que je suis jeune, et que peut-être ceci ne semble pas tenable à long terme ? Je n’en sais rien et c’est pour cela que je vous interroge, en espérant ne pas être maladroit dans ma formulation.

Je précise que je suis désormais dans un milieu relativement ouvert où la question de l’identité de genre se pose aisément, et où l’on est peu jugé-e-s sur notre apparence, ce qui facilite vraiment la vie. Aussi, ce décalage entre mon identité de genre et ce qui se présente aux gens physiquement pose malgré tout quelques soucis en termes de relations sociales. Mais c’est une alternative sur laquelle je m’interroge tout de même (je parle bien entendu d’une expérience personnelle et je comprends complètement la nécessité de transitionner physiquement) et je serais ravi de pouvoir en discuter avec d’autres, quitte à ce que toutes mes idées se voient bien démontées.
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Re: Vivre sans transition ?

Message par Alphatier » 17 févr. 2017 11:10

Bonjour ♥
Personnellement, j'envisage de poursuivre une transition qui va plus loin qu'une garde-robe "masculine". Néanmoins, je suis encore à un stade où pratiquement personne de mon entourage sait qui je suis vraiment, au fond de moi. Du coup, je suis contraint de dévoiler mes formes féminines (même si j'essaye de porter des vêtements pour hommes). Me bander la poitrine est impossible, et c'est un miracle que mes parents acceptent que je me coupe les cheveux aussi courts (la joie d'être mineur et de dépendre d'adultes).
Je suis donc, dans un cas similaire au tien, au seul détail que porter des robes ou autres, ça me rend terriblement malade. D'ailleurs, je n'en porte plus depuis le mariage de ma grande-soeur début août, et je me suis promis de ne plus jamais en porter.
Après, tu peux toujours être "genderfluid"... Jongler entre une apparence d'homme et de femme, ou avoir un look unisexe. Pourquoi pas ?
Mais si te regarder dans la glace te torture à ce point... Prend du recul et demande-moi qui tu es. Une fille, un garçon, les deux, ou même un troisième genre non-casé ? On a tous une vision différente de notre personne.

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Re: Vivre sans transition ?

Message par PauSG » 17 févr. 2017 12:07

Tekbli, je trouve ta question extrêmement pertinente. Souvent, dans les médias (et malheureusement aussi dans les milieux trans) on considère que être trans=faire une transition sociale et médicalisée.

A mon sens, ces choses n'ont rien à voir. On peut parfaitement être trans et choisir de ne pas faire de transition sociale, ou une transition sociale mais non médicalisée. Et encore, l'éventail de possibilités est infini. On peut tout à fait faire une transition sociale dans certains milieu mais dans dans tous. Je crois vraiment que c'est primordial de trouver le point d'équilibre qui nous va le mieux à un instant T, et de rester à l'écoute du fait que ce point peut bouger avec le temps.

Après comme tu le dis, je pense que cela peut générer des situations sociales lassantes/pénibles mais si au final c'est ce qui te va le mieux, alors c'est parfait.
Le blog de mon parcours: http://transboiramble.blogspot.fr/

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Re: Vivre sans transition ?

Message par tapis » 17 févr. 2017 15:22

Hé ! C’est assez cool d’avoir deux réponses qui ne vont pas tout à fait dans le même sens. J’avais peur que ma question soit mal perçue.

Alphatier, si je m’en rappelle bien, adolescent j’étais une espèce d’alien déguisé en fille (petit sac à main, mettre la poitrine en valeur, petites ballerines …). Pourtant j’étais pas vraiment intégré et j’avais l’impression que les filles avaient peur de moi. Les garçons me descendaient, juste. Je crois qu’on a tous notre manière de l’appréhender, mais je sais que je me sens aussi beaucoup plus en paix depuis que j’ai pris une certaine distance vis-à-vis de ma famille. Je n’aurais jamais pu défendre ce que je raconte là en habitant sous le même toit que mes parents – même si je comprends complètement que de ton côté tu souhaites aller plus loin dans la transition.

Pour ce qui est de la fluidité, en termes d’apparence, sans doute, mais quand je parle de « déguisement » pour les vêtement stéréotypés féminins, je parle plus de travestissement socialement admis en fait.
Plutôt que de torture, il s’agit de décalage, qui crée pas mal de situations un peu bizarres.
Je suis aussi dans un environnement où les hommes cis sont vraiment loin des clichés masculins, ce qui donne beaucoup à réfléchir. Il existe des hommes cis petits, imberbes, « effeminés » selon les conceptions qu’on nous fait intérioriser et qui ne s’en sentent pas moins hommes, et il est assez fascinant de constater cette variété. En ce sens, je ressens mon genre de manière très binaire, comme un homme à l’allure plutôt féminine. Mais dans mon propre ressenti, il n’y a aucun féminin. Je ne sais pas si je m’exprime bien ?

Ce que finalement, PauSG tu permets de bien résumer :)

Je suis out auprès de mon plus proche entourage (amis intimes, copain cis-hétéro), la plupart me genre au féminin parce que c’est plus une convention pour nous et mon entourage féminin (dans le sens assigné-e-s femmes) a souvent un genre plus subtil que « femme » même si je suis assez seul dans cette binarité. Là j’ai pas envie de détailler mon milieu social parce que cette conversation est visible par les non-inscrits mais ça peut être intéressant de poursuivre en privé, mais en fait dans mon cas c’est pas un drame d’être outé auprès de certaine personnes (pas toutes).

Donc oui en termes de situations sociales … je parlais de décalage. Physiquement, j’ai toujours eu l’impression d’être massif et encombrant et on m’a déjà dit que ça se voyait dans ma démarche et mes gestes, alors que je suis assez menu-e.
Il m’est déjà arrivé de finir une soirée avec une bande de mecs, et je me retrouve presque en danger parce qu’ils voient une fille. Ou alors j’accepte un café, et je m’aperçois qu’en fait c’est un rendez-vous… Je résume très grossièrement, mais je n’ai pas toujours conscience de ma position face aux hommes et aux femmes et ça peut aussi mettre des personnes mal à l’aise ou dans une situation d’incompréhension je pense. C’est ce qui est vraiment difficile à gérer. Je ne me vois pas non plus porter un enfant (vraiment vraiment pas).
J’ai aussi droit à toutes les situations sexistes au possible, et en plus du caractère discriminatoire je vis mal le fait d’être ramené à « une femme ». Paradoxalement, je me sens à distance de certaines de ces situations sexistes parce que je vis comme un genre d’infiltré et certaines difficultés liées à la féminité me passent juste au-dessus … Ce n’est jamais tout blanc ou tout noir.

Je pense aussi que même si bon nombre de difficultés peuvent être liées à la transidentité, il faut tenir compte du vécu et des particularités qui peuvent, indépendamment de cela, exclure de la communauté de la majorité.

Il y a aussi le souci de la crédibilité/légitimité. Par exemple j’aimerais bien rencontrer des hommes trans pour échanger sur nos différents ressentis. Mais j’ai peur de venir là et d’être juste rejeté, du fait de l’aberration de la situation. J’arrive avec mon allure de fille, et je dis sisi je vous assure y a un homme à l’intérieur … C’est, ahem, compliqué et intimidant.
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Re: Vivre sans transition ?

Message par Simon » 17 févr. 2017 20:55

Alors, je ne sais pas si ça va apporter de l'eau à ton moulin, mais il y a genre 2 ans de ça, j'avais discuté avec une personne qui se considérait comme trans indiscernable.
En fait, c'est quelqu'un qui a un certain âge ( > 65 ans), qui avait eu des enfants et s'était retrouvé parent célibataire. Du coup, sa décision de ne pas faire une transition relevait à la fois d'un choix (notamment parce qu'iel travaillait dans le domaine du théâtre / danse, donc là où le rapport au corps et la connaissance du corps sont importants) et aussi de la sécurité : Si une mère seule, dans les années 70, décidait d'entamer une transition, c'était sûr qu'on allait lui enlever la garde de ses enfants.

Bref, cette personne avait trouvé un équilibre, assez similaire à ce que tu décris je pense, entre une identité "sociale" féminine (pour le coup, iel n'avait pas spécialement non plus une apparence androgyne ou masculine) et une identité plus intérieure (notamment dans sa pratique artistique, avec certains proches...) masculine.
Bon, tout ça pour dire que c'est possible, que ça peut tenir sur la durée, que c'est surtout une question d'équilibre.
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Re: Vivre sans transition ?

Message par mystère » 17 févr. 2017 22:31

Je dirais que j'ai fonctionné de manière "infiltrée" pendant dix ans, de la vingtaine à la trentaine, et que pendant cette période je l'ai plutôt bien vécu, j'arrivais à faire avec le décalage. J'avais un entourage proche plutôt cool par rapport à mon "originalité" qui me ménageait un espace de respiration et je m'en sortais bien socialement avec mon "masque". Je ne suis pas quelqu'un de binaire et je n'ai pas en horreur tout ce qui a trait au féminin, au contraire. J'avais conscience de jouer un rôle mais pendant longtemps ça ne m'a pas dérangé. J'ai commencé ma transition quand j'ai arrêté d'y arriver, quand l'impression de "mentir tout le temps" est devenue vraiment omniprésente et détestable. Alors cette solution n'a plus du tout été possible pour moi et il a fallu passer à autre chose.
Malgré ma transition, je suis toujours "socialement ambigu" à la fois sur la présentation et sur le mode d'interaction avec les autres.
Spontanément, je dirais qu'il n'y a pas de solution meilleure qu'une autre, seulement ce qui est le plus vivable / confortable, à un moment donné de la vie, et qu'aucune option n'est à écarter.
Tu peux jeter un coup d'oeil à mon parcours si tu veux avoir plus de détails et s'il y a des choses que tu préfères demander par mp n'hésite pas.

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Re: Vivre sans transition ?

Message par Franck » 20 févr. 2017 00:23

Alors je voudrais commencer par me présenter , j ai choisi comme prénom Franck et je ne suis pas encore hormoné ni opéré , on peut dire que je suis un trans sans transitionnage :lol:
Je me pose également cette question pour plusieurs raisons .
Je suis "maman" :!:
J ai 40 ans :oops:
J aime les hommes :P
Ma vision des choses , pour ma petite personne et l idéal à mon sens pour moi ça se limiterait ( dans un premier temps je pense ) à faire la mammec et l hysté .
Je ne me sens pas prêts du tout à prendre des hormones .
J ai également eu des périodes où je faisais la femme comme je dis , où j essayais d être une femme et ça ne fonctionnait pas longtemps ( chassez le naturel il revient au galop )
Donc maintenant , je m assume en temps que mec et je m habille en temps que tel sans effort aucun puisque ça me semble naturel .
Ceci étant dit , je ne serai sans doute jamais un véritable mec car j'ai peur ( oui il faut le dire ) de prendre de la testo ( même si j en crève d envie ) ce qui peut sembler contradictoire mais comme je le disais un peu plus haut , je suis maman et mon fils a peur de perdre sa maman ( il n a plus de père ) donc je pense que je me dois de le protéger au moins jusqu'au moment où je me sentirai vraiment prêt à prendre la testo .
Il n existe malheureusement pas encore de sexe × dans notre société et pourtant ça m arrangerait vraiment bien car autant je ne me considère vraiment pas comme une femme autant je ne suis pas certain d être vraiment un homme . . . et ça , ça ne m aide pas du tout à comprendre ce que je suis .
Je vais commencer les rendez vous psy , ça m aidera sûrement à y voir plus claire

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Re: Vivre sans transition ?

Message par LeSautelutin » 20 févr. 2017 13:21

Honnêtement, je pense plus que c'est question de ressenti personnel. Certaines personnes sont complètement heureux en vivent de manière "infiltré", toujours perçu comme le genre assigné à la naissance, seulement out à un petit groupe de proche (ou même une seule personne, voir personne). C'est le cas de mon ex-papa (veut pas que je l'appelle maman ni pronom féminins, juste son prénom c'est bon). 10 ans que iel à découvert qui iel était, et iel toujours heureux en vivant de manière infiltré, dans le rôle d'un homme.

D'autre gens préfèrent faire une transition sociale et "d'expression physique", bref vivre comme leur genre sans prendre ni hormones ni opérations, mais en essayant plus ou moins d'être reconnu comme leur genre malgré cela. Moi je suis comme ça. Je ne veux pas prendre d'hormones, et si ma dysphorie ne s'aggrave pas pas de mammec non-plus (mais je le garde en tête pour l'instant ^^ ). Toutefois je travaille ma voix journellement, m'habille plutôt masculin (mais pas à 100%, certains vêtements feminins je les adore juste trop), ai une coiffure masculine et me suis mis à la muscu pour me faire pousser les épaules un poil XD. Et sans souci, je corrige la majorité des gens qui me disent quand-même madame. Le "passe" pour un mec/fille androgyne quoi (c'est pile ou face, et donc ils sont jamais vraiment choqués quand je corrige)... et je peux vivre et être heureux avec ça.

Et d'autres préfèrent largement faire une transition physique/médicale. Mais même là, chaque parcours est différent. Certains personnent prennent des hormones que pour quelques années, d'autre toute leur vie. Certains se font opérer, d'autre non.

Au final, le plus important c'est de voir ce qui te rendra heureux TOI!

Tu est pas moins trans si tu vis de manière infiltré, ou que si tu es hormoné. Tu est qui tu es. Après, certaines personnes risquent de te trouver moins crédible... mais bons, ces gens-là, ils trouveront toujours excuse à te décrédibiliser de toute façon, donc n'y fais pas attention. Et le "t'arrive tout menu et siissisiissii suis un mec", oh tu verras ça les fera halluciner, mais si en plus toi -à ce que j'ai compris- tu agis comme un mec ensuite, ils accepteront bien vite. Mieux même, peut-être que cela enlèvera justement une grosse part de ce décalage social. (j'ai un vrai meilleur contact avec certains de mes potes qui comprennent soudain pourquoi j'étais "bizarre" de temps en temps - ou bref, plus space que d'hab XD)

Donc voilà, en espérant que j'ai dis quelque chose de censé ;)

Moi aussi dans la tête suis grand, dans la pratique je fais 1m60 (c'est drôle parfois du genre: "nan t'inquiète je te l'attrape ton livreuuuuuuuoooinnnnn... -manque 20cm de bras- :mur: )
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Libre
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Re: Vivre sans transition ?

Message par maryandjoyce » 21 févr. 2017 22:14

Salut !

Je rejoins un peu le parcours de Mystère dans ma façon de vivre pour le moment et depuis quelques années maintenant. On peut dire, que, comme tu l'as écrit, j'ai "choisi" de ne pas transitionner au sens de ne pas prendre de T. Pour le moment du moins, parce que j'ai toujours entendu le discours suivant : un jour, peut-être que ton ressenti va changer, que tu te lanceras dans la bataille, ou peut-être pas, etc. Du coup, je me suis toujours senti en confiance par rapport à la façon de vivre son identité. Je me suis par contre longtemps posé la question de ma légitimité dans "le milieu", à côtoyer tous ces gens qui transitionnent "vraiment". Pour moi, cette question de la légitimité a longtemps été problématique ; "je ne suis pas vraiment trans si je n'entame pas le parcours de transition médicalisé, avec l'enchaînement psy>hormones>mammec>CEC". J'ai fini par me rassurer par rapport à ça, même si c'est une réflexion qui m'occupe encore beaucoup. J'ai commencé à me genrer au masculin quasi exclusivement (je dis quasi, parce que je fais des efforts pour passer au féminin chez mes parents et quand je vois la famille, mais je me goure une fois sur deux ; et des fois pour une raison que j'ignore, y'a un accord en -e qui sort de façon totalement incongrue...), je ne passe pas trop mal et pour le moment je m'accommode de cet état de fait. J'ai fait le choix, pour le moment du moins, de vivre dans cet entre deux. Notamment parce que, pour moi, un parcours "classique", serait trop compliqué. Je n'aime pas me mettre en danger, et ça me protège. Je suis quelqu'un qui ne supporte pas de ne pas contrôler sa vie, et ça me mettrait trop en condition d'incertitude. Je n'ai pas envie de me friter avec mes parents, parce que ça ne passerait pas, mais alors pas du tout. Je n'ai pas envie de passer du temps à me battre contre les institutions, à me faire entendre au taf (même si je suis dans une boîte plutôt open, du moins dans sa communication ; mais je n'ai jamais eu connaissance de transition en son sein), à me prendre la tête avec mes parents. Je reste donc dans cet entre-deux. Mais pour autant, j'ai de quoi me reposer sur une majorité d'amiEs trans, pédés ou gouines, qui sont la plus grande partie de mon entourage, pour causer et échanger. Je me sens souvent en décalage avec les gens que je côtoie au taf, à plus forte raison depuis que je me suis exilé loin de ma zone de confort et des gens indispensables qui la constituent. Mais bon, pour le moment je me sens bien dans cette vie.
Buen Camino

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Re: Vivre sans transition ?

Message par tapis » 23 févr. 2017 14:38

Bonjouuur, je trouve toutes vos réponses vraiment enrichissantes :)

Déjà, savoir qu'il y a tout simplement des personnes qui décident de ne pas du tout transitionner, et vivent leur vie ainsi.
D'ailleurs, par rapport à ce que dit Simon j'aime beaucoup le terme de "trans indiscernable", je le trouve très juste.

Aussi, de mon côté je pense que transitionner me ferait perdre plus que gagner à l'heure actuelle. En lisant vos parcours, je vois qu'il y a autant de possibilités que d'individus ! On m'a dit de ne pas renoncer à cette idée "à cause de quelqu'un", mais ce n'est pas si simple, perdre quelqu'un de vraiment important en voulant aller trop vite peut aussi complètement paralyser. Je pense qu'on est plusieurs dans ce cas.

Et c'est vrai que cette idée de vivre "infiltré" peut tout à fait être chamboulée à un autre moment de la vie. Je me dis aussi, c'est vrai, qu'il ne faut pas oublier qui on est et que l'amenuisement du décalage entre physique et mental (pfou la méchante opposition conceptuelle pardon) ne va pas du jour au lendemain nous rendre moins décalé sur tous les plans, tout n'est pas lié à la transidentité.

Franck, parler avec un psy ouvert c'est déjà un énorme pas. Pouvoir en parler sans tabou, dire les choses sans se censurer ça aide beaucoup beaucoup !

Et, pfu, LeSauteLutin, merci pour cette phrase : "Tu es pas moins trans si tu vis de manière infiltré", mercii. Parce que les questions bizarres de l'entourage même très proche qui te demandent de prouver que t'es trans, c'est bien relou. Après, qu'est-ce que c'est, "agir comme un mec" ? S'il s'agit d'un ressenti profond, on est loin d'incarner juste des clichés de genre, surtout si on a été socialisé comme une fille. Y a probablement même pas de comportement qui nous légitime comme tels.

Mais c'est vrai que déjà s'habiller sans se reprocher de n'avoir rien de féminin, ne pas se prendre la tête, ça aide. Juste se dire qu'on sait ce qu'on est sans se prendre le chou fait un bien fou.
Même si y a des jours moins faciles, d'autres pleins de bonne humeur je me marre juste quand on dit "la dame" ou "la fille" pour me désigner, je me dis que je suis bien caché et tant mieux finalement, ça regarde qui ? Mais ça fonctionne de mon côté parce que j'ai commencé à aménager un espace plus intime où je suis reconnu tel que je suis. Et évidemment, on n'a pas tous le même caractère, et je comprends entièrement que beaucoup vivent mal le fait d'être mégenrés. Pour ma part, en général, ça m'amuse de troller, de passer pour autre chose auprès de gens dont je n'ai rien à faire. Qu'il s'agisse de genre ou de quoique ce soit d'autre, dans l'espace public, il y a aura toujours des personnes qui nous poseront dans une case qui ne nous correspond pas, par méconnaissance. Même si dans un monde idéal, il serait mieux qu'on ne cherche pas à étiqueter la première personne qui nous passe sous les yeux.

Ah oui, en revanche je me genre de plus en plus au masculin sans faire exprès. Ça c'est relou face à certaines personnes :ange:

(sinon je suis désolé si mes réponses sont fouillis, merci merci d'avoir si bien alimenté ce sujet !)
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