Être parent trans et gay ?

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PauSG
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Re: Être parent trans et gay ?

Message par PauSG » 09 juil. 2020 22:01

Oui c'était en France, je t'envoie un MP avec plus d'infos.
Le blog de mon parcours: http://transboiramble.blogspot.fr/

morgann
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Re: Être parent trans et gay ?

Message par morgann » 10 juil. 2020 14:24

PauSG a écrit : ↑
09 juil. 2020 22:01
Oui c'était en France, je t'envoie un MP avec plus d'infos.
Ça m'intéresserait aussi si possible :)

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Re: Être parent trans et gay ?

Message par Lero » 12 juil. 2020 15:28

Salut, ça m’intéresserait également. J’ai porté ma fille avant mon changement d’État civil Et je suis donc déclaré comme mère.
C’est très dur pour moi aujourd’hui d’être considéré comme sa mère en étant un homme et sachant que j’ai désormais fait mon changement d’État civil. J’aimerais avoir un autre enfant un jour et être déclaré comme père.
J’espère que tu auras eu les réponses que tu souhaitais.

couss
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Re: Être parent trans et gay ?

Message par couss » 13 juil. 2020 08:00

Si la personne concernée est d'accord, ce serait cool de partager son expérience afin que ça puisse aider les autres à être reconnus père.
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s'habitueront.
René Char.

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Re: Être parent trans et gay ?

Message par TomBowling » 21 févr. 2021 18:04

Le couple mec trans/mec cis évoqué précédemment a choisi de rendre son histoire publique en participant au podcast "Les pieds sur terre" : https://www.franceculture.fr/emissions/ ... re/enceint

Présentation sur le site de France Culture :
Jusqu’en 2016, les personnes transgenres devaient renoncer à procréer si elles voulaient changer d’état civil. Ali a été assigné femme à la naissance. Il est parvenu à échapper à la stérilisation forcée et a accouché de la petite Salomé. Chose inédite en France, il est reconnu parent à la naissance.

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Re: Être parent trans et gay ?

Message par TomBowling » 22 févr. 2021 12:43

Également, voici la prise de parole d'Ali au rassemblement pour la PMA pour touTEs qui a eu lieu à Paris le 21 février 2021 :
Bonjour mes adelphes, allié.e.s, camaradEs !
Merci aux organisatrices de m’avoir invité à prendre la parole.
Je m’appelle Ali Aguado, je suis Ft* et parent de deux enfants.
La première est née d’une PMA dans le cadre du couple que je formais avec mon ex-compagne, alors que je n’avais pas changé d’état civil.
A l’époque, le mariage des couples de même sexe n’était pas instauré ; il aurait pu être une façon d’accéder à la parentalité légale, à travers l’adoption.
A l’époque encore, la stérilisation pour l’obtention d’un état civil modifié était un passage obligé du parcours de beaucoup d’entre nous, car elle était demandée par la plupart des tribunaux.
Ce que j'ai refusé.
Je n’avais donc pas pu reconnaître la naissance de cette enfant, et en devenir le parent légal.
Après la rupture avec mon ex-compagne, je n’ai disposé d’aucun moyen de faire valoir ma place dans ce projet parental qui avait été le nôtre. Malgré 5 années de procédure judiciaire – et une première victoire de la part du tribunal de grande instance de Bobigny, restreinte par la suite du fait de la rupture des liens imposés par mon ex compagne – je n’ai pas pu maintenir le lien qui m’unissait à mon enfant.
Nous ne nous sommes jamais revus.
Ce qui me vaut d’être ici aujourd’hui devant vous, c’est d’avoir récemment choisi de rendre public le parcours de parentalité que nous traversons avec mon compagnon, un pédé cisgenre.
J’ai porté mon deuxième enfant. Je lui ai donné naissance.
Je fais en effet partie de ces personnes qui ont pu changer d’état civil sans stérilisation avant que la loi vienne, en 2016, abolir cette condition transphobe et humiliante.
Et j'ai donc conservé ma capacité à « faire des enfants ».
Si je suis venu vous parler aujourd’hui, ce n’est pas seulement pour livrer un témoignage, mais pour rendre visibles les enjeux politiques qui traversent cette expérience, et en réalité toutes les vies des trans s’engageant dans un projet parental.
En septembre 2019, lors du débat du projet de loi de bioéthique à l’Assemblée nationale, Agnès Buzyn, alors ministre des Solidarités et de la Santé, déclarait : « Si une femme devient un homme à l’état civil et fait un enfant […] cela aboutira à ce qu’un homme à l’état civil devienne mère : ce serait compliqué ! » Qu’Agnès Buzyn se rassure : les hommes trans ayant changé d’état civil ne veulent pas être les mères de leurs enfants !
Elle avait également dit : « Si un homme trans […] fait un enfant par voie naturelle, cela posera un problème de filiation puisque c’est un homme qui donnera naissance ».
De fait, le principal enjeu qui s’est posé à nous, ce fut d’obtenir la reconnaissance juridique de la double filiation paternelle de notre fille, c’est-à-dire la garantie qu’elle aurait deux parents genrés au masculin dans son acte de naissance.
Dans un couple d’hommes, même quand l’un donne naissance à l’enfant, ce n’est pas envisageable, puisque le code civil ne prévoit pas qu’un enfant puisse avoir deux parents de même sexe à la naissance.
C’est aussi là que les communautés trans et lesbiennes se doivent d’être solidaires pour que la PMA ne soit pas seulement ouverte comme un accès médicalisé à la procréation dans le cadre du mariage, mais que nous défendions collectivement la reconnaissance du parent d’intention, sans mariage et sans adoption.
Notre projet parental est venu bousculer le cadre juridique actuel de la filiation et illustrer un point laissé aveugle de la loi de 2016 qui a réformé la procédure de changement d’état civil : les enjeux de parentalité des trans. Il éclaire également un angle mort de la réforme de la loi de bioéthique en cours – un angle laissé volontairement mort : l’ouverture de la PMA aux trans et les enjeux de filiation qui y sont liés.
Notre chance a été de rencontrer, avant la naissance de notre enfant, des magistrats dont le seul objectif a été de sécuriser en même temps la double filiation de notre fille et la paternité de chacun de nous deux. Ils y sont parvenus.
Mais notre situation reste incertaine, car l’acte de naissance de notre enfant pourrait être considéré comme irrégulier.
Dans le silence de la loi, c’est l’insécurité juridique de nos familles qui est entretenue. Combien de situations se présenteront comme bancales et potentiellement dramatiques ?
Lors du débat sur la loi de bioéthique, Nicole Belloubet, alors Garde des Sceaux, avait refusé que la loi statue sur ces questions, préférant renvoyer à la jurisprudence le traitement des rares « cas » comme le nôtre. C’est pourtant au législateur et à l’exécutif que revient la responsabilité de sécuriser le parcours des futurs parents trans, leur situation juridique et celle de leurs enfants, dans le prolongement de la loi de 2016 sur le changement d’état civil.
Lorsqu’ils et elles sont engagées dans un projet parental, par la biologie ou l’intention, les trans qui ont changé d’état civil doivent pouvoir être reconnus parents dans leur sexe d’état civil.
En effet, et contrairement à l’affirmation d’Agnès Buzyn, un Ft* qui accouche peut malheureusement trop facilement devenir mère à l’état civil. Ce à quoi nous avons échappé.
C’est pourquoi la loi doit changer et, sans même attendre, le ministère de la Justice doit faciliter la reconnaissance de la filiation des trans dans le bon sexe d’état civil dès la naissance de leurs enfants, par exemple par le biais d’une circulaire, comme ce fut le cas pour le changement d’état civil avant 2016.
Avant de conclure, je pense à toutes ces personnes qui ont dû, avant 2016, en passer par de lourdes et coûteuses interventions chirurgicales pour obtenir leur état civil. Ces interventions inutiles ont pu laisser des séquelles physiologiques et psychiques. Elles n’étaient pas légitimes et ne permettaient qu’à l‘Etat de renforcer un système homophobe, lesbophobe et transphobe.
Plusieurs d’entres nous ont fait ce choix, non pas parce qu’ils ou elles souhaitaient être stériles, mais parce que c’était la seule solution pour avoir des papiers et sortir de la précarité. Cette obligation était illégale, aucune loi ne peut obliger la stérilisation forcée et systématique de toute une communauté. Et il nous faut nous organiser collectivement pour demander réparation !
A court terme, la loi de bioéthique doit permettre aux trans de conserver leurs gamètes avant d’entamer nos transitions médicamenteuse et chirurgicale.
Pour finir, je voudrais partager avec vous l’horizon d’une transformation radicale, radicalement concrète en ce qu’elle permettrait de simplifier la vie de bien des individus :
- L'abolition du sexe à l’état civil, d’abord, qui fera de nous tou.te.s des être humains avant d’être des hommes ou des femmes, et des parents avant d’être des mères et des pères ;
-L'institution de la filiation par engagement, ensuite, qui reconnaîtrait que ce qui constitue la parentalité, c’est d’abord la volonté et l’intention des futurs parents dans le projet parental. Dans le cadre de la PMA pour un couple hétérosexuel, c’est d’ores et déjà l’engagement qui fonde la parentalité, à travers la procédure de la reconnaissance.
Ce serait une réforme pour le bien général, qui accueillerait toutes les parentalités, quel.le.s que soient le mode de procréation, le genre ou le nombre des parents, car bien entendu il n’y aurait alors plus lieu de se limiter à la biparentalité.
Monoparentalité et pluriparentalité y trouveraient toute leur place, indépendamment du statut matrimonial, conjugal, amical ou amoureux.

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