Ma petite soeur veut faire une transition

Le suivi psychiatrique/psychologique en détails
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Jerome621
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Ma petite soeur veut faire une transition

Message par Jerome621 » 30 août 2022 20:17

Bonjour moi c'est Jérôme, 21 ans, un homme de naissance, cis, comme on peut le dire dans le milieu trans.

En réalité, je ne sais pas quoi en penser, je ne sais pas si ce que ma sœur ressent n'est que de passage, mais depuis un an seulement elle ne se sent pas femme, mais plus comme un homme, elle veut qu'on la nomme il et qu'on l'appelle par un prénom masculin, mais le souci c'est qu'elle n'a pas d'arguments(enfin si, elle se sent pas femme, elle n'aime pas le look féminin, elle est mal à l'aise quand on l'appelle par son prenom, et son pronom), je comprends son mal être j'ai eu mal au cœur en voyant des témoignages de trans surtout l'un avec une mère en souffrance, car son fils c'est suicidé.

J'aime ma sœur, même si je ne lui ai pas toujours montré, bon je dis sœur mais en réalité, elle préférerait frère, je la genre il désormais(ça dépend des moments), mais j'ai du mal à la genrer au masculin, car elle ressemble physique à une fille, elle a des cheveux longs, une poitrine, je peux concevoir que la construction de l'individu fait que l'on est plus où moins conditionner à se considérer comme ce qu'on considère comme homme ou femme, car au fond c'est la société qui fait que les hommes portent telle ou telle chose, et que les femmes portent telle ou telle chose, idem pour les jouets, etc... C'est la société, l'éducation. (y)

Je pense que le décès de notre maman est responsable pour une partie du problème(ça en est peut-être pas un de votre point de vue) ainsi que d'autres événements de sa vie qui sont particulièrement difficiles. :oops:

Mais est-ce passager, elle est encore très jeune elle n'a que 14 ans, et auparavant, elle n'a jamais montré de signe de dysphorie de genre. Je pense qu'elle veut devenir un homme pour se créer une nouvelle identité et commencer une nouvelle vie, et peut-être que l'influence des réseaux sociaux y a participé, mais je comprends de mieux en mieux la question et je me documente. :D

Elle est pas très stable psychologiquement c'est pourquoi je suis quand même content qu'elle ne soit pas majeure, et que mon père dans tous les cas s'opposerait à cette décision, car pour moi il faut un long temps avant d'envisager de faire des choses qui modifient la physiologique, de manière irréversible.

Elle est lesbienne, est-ce qu'elle ne serait pas lesbienne butch, je n'en sais rien, qu'en pensez-vous, que dois-je en penser très honnêtement ? 🥴

couss
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Re: Ma petite soeur veut faire une transition

Message par couss » 30 août 2022 20:38

Bonjour à toi !
Je trouve très bien ta démarche de te renseigner, d'essayer de comprendre (notamment en consultant des gens concernés) tout en étant vigilant.
14 ans c'est jeune dans notre société et en même temps d'un point de vue de l'identité de genre pas tant que ça. Un petit gars de 4 ans qui revendique haut et fort d'être un garçon, ne choque personne, si cet enfant revendiquait être une fille ça choquerait car en dehors de la norme. On peut être vigilant avec les enfants car il y a une confusion entre attirance sexuelle et identité de genre, c'est moins le cas pour les ados (mais ça peut).
Même si aujourd'hui la transition de genre est plus acceptée aujourd'hui, ça reste compliqué d'accepter d'etre trans et surtout au collège. On a beaucoup de mecs trans qui ont été des "super filles" avant l'acceptation de leur transidentité, comme une plongée dans le déni et une volonté de se convaincre que ce n'est pas le cas.
Tu expliques aussi le décès de votre maman. Ça peut être un déclencheur mais sans forcément être une cause. Un décès et surtout celui d'un proche, ça t'oblige à te poser la question du sens de ta vie. Quand il y a un décès c'est fréquent qu'il y ait de revirement de vie dans l'entourage.
La transidentité c'est compliqué à comprendre pour une personne cis. Disons que l'homosexualité, une personne hétéro peut comprendre car sait ce que c'est d'être amoureuse, mais peu de personnes cis se posent la question de leur genre ou des causes de leur ressenti de genre. Comment comprendre l'inconfort quand tu ne connais que le confort ?
De toute façon, même si une transition a lieu, à 14 ans elle sera forcément lente. Tu commences avec des bloqueurs hormonaux qui sont totalement réversible et te laisse le temps de te poser la question et d'être sûr de ton choix. Des hormones, il faut attendre au minimum 16 ans et la transition physique est très progressive. La personnalité ne changera pas.
Plusieurs associations proposent des temps pour l'entourage, tu pourrais y rencontrer d'autres frères et soeurs de personnes trans et te sentir moins seul. Dans quelle région es tu ?
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s'habitueront.
René Char.

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Re: Ma petite soeur veut faire une transition

Message par Jerome621 » 30 août 2022 21:34

J'aime bien comprendre certaines choses. Le problème c'est que ça lui ait venu à ses 13 ans, donc depuis même pas un an. Je pense que c'est plus profond que c'est un problème identitaire qui est (peut-être) lié à l'adolescence, je ne sais pas je suis perplexe ...

Ma petite sœur rentre au lycée, elle a eu beaucoup de choses compliquées au collège et pourtant personne ne sait qu'elle est lesbienne ni trans, je veux l'aider, car je l'aime et c'est ma sœur ou mon frère.

Mais justement, je viens ici pour avoir des témoignages pour l'aider au mieux afin de garantir son bien-être, mais ça me fais drôle et il faut le comprendre cette petite que j'ai connue, deviendrait (ou aurait toujours été un homme ?). Il y a pléthore de raisons qui pourraient expliquer cela, c'est vrai, mais dans le fond, pourquoi chercher à comprendre totalement le pourquoi, et ne pas vivre avec le présent, car je ne pense pas qu'on puisse changer ça (à moins que ??). Il y a des hommes trans (donc d'anciennes filles cis) qui détransitionnent, et qui redeviennent des filles.

Je pense à lui acheter un binder pour son anniv, et je l'encourage à acheter des vêtements qui lui plaisent , là elle va se faire une coiffure davantage connoté masculine. Mais j'ai peur pour le lycée, j'appréhende un peu ...

Elle est déjà formée plus ou moins prendre des bloqueurs hormonaux ne servirait à rien, je pense que la testo sera envisageable une fois qu'elle sera majeure, même si je trouverais peut-être ça trop tôt car certaines personnes à 18 ans sont pas tout à fais mature même à mon âge parfois je constate un manque de maturité, mais la maturité n'est pas toujours corrélée à l'âge, même si de manière générale plus l'expérience de vie croit plus la maturité augmente.

La testo, a quelques effets sur le comportement, moins de sensibilité ou du moins qui s'exprime différemment, un plus grand esprit de compétition, je me suis pas mal intéressé à tout ça, si vous la communauté vous avez des vidéos ou des reportages de personnes qui ont transitionnés, j'ai vu celui d'arte par exemple, ou des témoignages, merci de faire partager avec moi tout cela.

Je suis du Nord-Pas-De-Calais.

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Re: Ma petite soeur veut faire une transition

Message par PauSG » 30 août 2022 21:39

Ni toi ni nous ne pourrons te dire ce que ton frère ressent mieux que lui. Si tu veux l'accompagner et le soutenir, il faut que tu lui fasses confiance. Même si son ressenti ne devait être que passager, ca ne lui fera que du bien de savoir que tu le soutiens et le respecte.

Personne ne pourra jamais te "prouver" qu'il ou elle est trans, de la même façon que je pense que tu aurais du mal à nous expliquer pourquoi tu te sens homme.

Comme le suggère Couss il y a des groupes de parole pour les personnes trans et leurs proches, cela peut vous aider à en discuter, et à discuter avec d'autres familles.
Le blog de mon parcours: http://transboiramble.blogspot.fr/

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Re: Ma petite soeur veut faire une transition

Message par Jerome621 » 30 août 2022 21:46

PauSG, ne penses-tu pas qu'un trouble comme le harcèlement scolaire, les abus sexuels durant l'enfance, la perte d'une mère peut causer cela, j'en suis persuadé personnellement...

Je me sens homme même si c'est bizarre à dire car, biologiquement, du moins je le suis et mon éducation m'a peut-être conditionner à me comporter comme tel. Puis un animal se posera pas ce genre de question c'est plus un problème humain, car l'humain à développé un raisonnement par le langage car les animaux ne se nomment pas il ou elle, ils voient s'ils sont male ou femelle non ?

Mais je comprends qu'une personne qui biologiquement n'est pas un homme puisse se sentir homme, de pars son éducation, ses traumatismes etc...

Mais je pense qu'avant d'entamer une réelle transformation, il faut guérir ses problèmes sous-jacents et se confier à un(e) psychologue, il y a néanmoins quelque chose que j'ai du mal à approuver que je constate ce sont les personnes qui passent par des psy qui donne trop facilement des hormones, alors qu'il devrait y avoir un suivi assez sérieux quand même, ce n'est pas rien, et ça a des conséquences irréversibles (mue de la voix, visage qui devient un peu plus carré et autres ....).

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Re: Ma petite soeur veut faire une transition

Message par Miro » 30 août 2022 22:44

Jérome, déjà je te félicite qu'en tant que grand frère tu prennes si bien en considération les problèmes de ton adelphe (=neutre pour frère ou soeur) et que tu viennes ici avec respect pour en savoir davantage. Bravo à toi.

Il faut savoir que le genre est une construction sociale propre aux humains. Chez les animaux, il n'y a pas de "genre", uniquement un sexe biologique. "Eh, dis donc, mouche femelle, comporte-toi comme une vraie femelle s'teu plaît"... :lol:
Le genre, c'est ce qui regroupe les façons de se comporter, habiller, penser, indépendamment du sexe de naissance. Une non-adhésion à son sexe biologique ne veut pas dire qu'on renie ses chromosomes... c'est autre chose.

Bref, c'était une petite parenthèse à base de mouches.

Mais sinon, oui, ton adelphe a sans doute besoin d'un suivi psy. Perdre un parent si jeune est un gros choc, qui nécessite un accompagnement. Mais ça ne veut absolument pas dire qu'iel est homo ou trans à cause de cet événement. Comme le dit si bien Couss, un trauma est souvent un "déclencheur" de quelque chose de latent, mais qui est déjà là. Perso, j'ai découvert ma transidentité sur le tard après une rupture épouvantable, parce que j'ai ENFIN pris le temps de réfléchir à ma vie, à qui je suis, en dehors de tous les diktats auxquels j'obéissais aveuglément jusqu'alors.

Sinon, imagine le nombre de trans que ça ferait au moindre décès/maladie/rupture/etc!!

Je dirais que le mieux à faire pour toi est de continuer à l'accompagner comme tu le fais, de le/la genrer comme iel le désire, de lui faire voir un psychologue pour son deuil, et de lui faire confiance. On ne se définit certainement pas transgenre par plaisir ou pour la "mode". C'est trop profond, trop important, trop lourd aussi parfois.

Courage!
Dans la vie, il n'y a pas de justice, sauf qu'on doit apprendre à dire merci pour les souffrances endurées.
- Annemarie Schwarzenbach.

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Re: Ma petite soeur veut faire une transition

Message par アレクサンドル » 30 août 2022 22:58

Bonjour Jérôme,

Moi aussi, je trouve ça formidable que tu te renseignes. Au final, il n'y aura jamais que la personne concernée qui pourra dire si elle est vraiment trans ou non. Alors, toi, le mieux que tu puisses faire, c'est simplement d'être à l'écoute, d'être disponible pour dialoguer. Entre la construction de l'identité, la place dans le groupe classe, les cours de sports et les hormones, 14 ans, ce n'est pas un âge facile quand on est trans (ou du moins quand on se perçoit en tant que tel). J'en sais quelque chose. J'ai conscience d'être un homme depuis que j'ai 12-13 ans mais, à cause de la pression sociale, je n'ai réussi à faire mon coming out à ma famille que récemment, à 22 ans. Ce qui m'a énormément aidé, toute mon adolescence, c'est d'avoir pu me confier à quelques amis. Parfois, on a besoin de quelqu'un pour nous ramasser à la petite cuillère quand on fait des crises de dysphorie (cette sensation de cauchemar d'être emprisonné dans un corps qui n'est pas comme il devrait être). Parfois, au contraire, c'est un sentiment d'assurance et de bonheur qu'on a envie de partager. Chaque parcours, chaque expérience est unique et la façon de vivre les choses évolue au fil du temps.

D'ailleurs, le deuxième conseil que je peux te donner, c'est de ne pas dramatiser et justement de prendre le temps. Comme dit couss, à 14 ans, il n'est pas immédiatement question de testostérone. Par contre, vous pouvez rencontrer des associations. Commander un binder aussi c'est une super idée. Il y a plein de choses à tester. Plein de questions à se poser : à propos de ses ressentis intérieurs, du concept de genre, des effets de la testo, des autres étapes possibles du "parcours trans", etc.

Quant à aller voir un thérapeute, en effet, ça peut aider, surtout s'il y a d'autres traumatismes autour, mais il vaut mieux être sûr de savoir à qui on s'adresse. La transidentité est encore un sujet délicat et un mauvais psy peut faire des ravages. N'hésite pas à demander aux modérateurs, ils gardent une liste verte de médecins. Cela dit, ce n'est pas forcément parce qu'on a vécu un traumatisme qu'on est devenu trans. Personnellement, j'ai toujours été entouré par une famille aimante, j'ai vécu une enfance heureuse et n'ai jamais été victime d'abus (tout va super bien dans ma vie, haha !). Je réfléchis depuis 10 ans à ce que je veux pour mon avenir et pour mon corps, je suis sûr de moi, je me sens bien dans mes baskets et je n'ai clairement plus envie de jouer à ce petit jeu avec les psys : raconter ma vie à un inconnu dans l'unique but d'obtenir la sacro-sainte attestation. Bien sûr, il y a des cas où un suivi est nécessaire. Traiter ses traumatismes, ça me semble primordial avant d'entamer une transition. Mais pour ce qui est d'avoir la confirmation qu'une personne est bien trans, j'ai du mal à comprendre pourquoi on a plus confiance en l'avis d'un psy qu'en la parole de la personne concernée.

Enfin, le plus important, c'est que toi, ta famille et ton potentiel petit frère y verrez certainement plus clair d'ici quelques années. Je vous souhaite le meilleur !

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Thomas Gandalf
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Re: Ma petite soeur veut faire une transition

Message par Thomas Gandalf » 31 août 2022 01:26

peut-être que l'influence des réseaux sociaux y a participé, mais je comprends de mieux en mieux la question et je me documente
Salut ! Tu fais référence à une théorie qui s'appelle "Rapid Onset Gender Dysphoria" qui est une théorie selon laquelle la transidentité pourrait être "contagieuse" via les réseaux sociaux.

Un papier scientifique a été publié sur ce sujet, créant de toute pièce cette théorie, à son origine une dame assez transphobe. Cet article est basé sur des interviews de parents ayant du mal à accepter la transidentité de leurs enfants (donc absolument pas objectif et très biaisé). L'un des biais qui faisait que ces parents avaient l'impression que la transidentité de leur enfant était sortie de nulle part était parce que leur enfant leur avait fait part de leur transidentité bien après le commencement de leur réflexion sur le sujet. Est-il possible que tu ais ce même biais auprès de ton adelphe ?

Le journal ayant publié cet article l'a depuis renié et de nombreuses preuves issues d'organisations de prise en charge de personne trans ainsi que des papiers scientifiques sont sortis, allant tous à l'encontre de cette théorie.

Cependant la théorie persiste dans l'imaginaire collectif (et tu as probablement dû en entendre parler, mais probablement pas en ces termes). Pour plus de détails, tu peux consulter cet article de blog qui debunk le tout + rajoute pas mal de références plus récentes sur la mise à jour de la littérature scientifique sur le sujet https://juliaserano.medium.com/everythi ... 40b8afdeba (bon par contre c'est en anglais)

De ce même blog tu trouveras probablement des informations qui pourront apporter de l'eau au moulin sur la détransition / désistements : https://juliaserano.medium.com/reframin ... 648a4fd01a

Je comprends tes inquiétudes et je me souviens d'avoir beaucoup entendu certains de tes propos chez mes parents qui s'inquiétaient du fait que je n'ai pas de suivi psy lors du début de ma prise d'hormones.

La prise d'hormone est en effet quelque chose qui a un énorme impact sur le corps, (au niveau des effets psychologiques je ne serais pas aussi tranché, la littérature scientifique est assez pauvre là-dessus et entre les biais personnels et les biais de confirmation issus de notre éducation genrée... pour moi les bienfaits psychologiques d'être dans un corps qui change "dans la bonne direction" surpasse bien plus les éventuels impacts de la testo sur le caractère "de base" d'une personne). Ce n'est pas pour autant qu'il faut surmédicaliser une transition et se dire qu'une personne est incapable de savoir ce qu'elle veut et qu'elle doit forcément avoir l'avis d'un psy pour valider sa volonté.

J'ai eu de la chance dans mes suicis psys de ne jamais avoir rencontré de personne mettant en doute ma transition, mais je suis déjà tombé sur des psys dont l'expérience personnelle (ou la connerie ?) leur faisait dire tout et n'importe quoi sur ce que je leur racontais. Une meuf est allé me dire qu'une agression sexuelle que j'avais vécu n'était pas une agression mais une "invitation". Alors si ton adelphe tombe sur un psy qui dit qu'il ne pense pas qu'il ou elle soit trans : pourquoi son point de vue serait plus important que celui de ton adelphe qui est tout de même lae mieux placé.e pour savoir ce qui est bon pour elle/lui ?

Il y a des conséquences irréversibles au traitement hormonales mais celles-ci arrivent PROGRESSIVEMENT. C'est okay si ton adelphe a envie de tester les hormones, voir ce que ça fait. Et au final arrêter trois mois plus tard si jamais iel se rend compte que ça ne lui convient pas. Les effets sur son corps seraient minimes.
Mais il y a moyen que plus ton adelphe reçoit de pression de l'extérieur style "il faut que tu sois 100% sûr de ton coup !" "tu n'es pas capable de décider, c'est forcément ton psy qui doit dire si tu es apte ou non" iel se braque et ne soit pas vraiment à l'écoute de son propre ressenti et de ses propres envie et s'enferme dans un chemin qui ne lui convienne pas (que ce soit prendre ou ne pas prendre d'hormones)
Je suis assez persuadé que présenter la prise d'hormone comme un truc certes à prendre au sérieux mais qu'il ne faut pas non plus dramatiser non plus.

J'ai moi-même longtemps suivi le fantasme de vouloir comprendre pourquoi j'étais trans. Ou à me concentrer sur plein d'autres problèmes que j'avais pour repousser la réalisation du fait que j'étais trans, et parfois sur des trucs bien moins graves que des traumas (mauvaise image de moi à cause de mon poids par exemple). Je faisais ça parce que j'avais peur de la transphobie, peur du regard des autres, peur d'aller dans cette direction pour au final que ça ne change rien à mon mal être.
A un moment j'ai arrêté. Car j'ai perdu des années à me torturer avec ces questions. Et ça n'avançait pas. Je me suis lancé sans aucune certitude, et c'est en expérimentant que j'ai trouvé que ça raisonnait vraiment en moi. Même pour la prise d'hormones je savais que c'était un truc de que je voulais tester mais je ne savais pas combien de temps j'en prendrais ou si j'étais okay avec tous les effets.
J'avais encore plein de "problèmes sous-jacents à résoudre" et j'en ai encore plein. Mais j'aurais pu autant avancer sur ces derniers en souffrant comme je l'étais avant ma transition.

Tu dis que tu ne sais même pas si tu la considèreras assez mature quand elle aura 18 ans. Mais est-ce que tu te rends compte que tu parles de dans 5 ans ? Imagine que ton adelphe aura passé plus de 5 ans de sa vie à penser et à se torturer l'esprit probablement tous les jours sur son genre, tout ça pour que tu considères qu'iel n'est pas assez mature là-dessus ? ou qu'une personne qui lui a parlé quelques dizaine d'heures est plus à même de trancher là dessus ?

Tu l'as toi-même dit, on gagne en maturité avec l'expérience. Certaines personnes pour se trouver ont besoin de voyager, d'autres d'aller faire du saut en parachute... d'autres ont besoin de tester d'autres prénoms, d'autres pronoms, d'autres apparences physiques...
Il ou elle va peut-être transitionner pour au final détransionner. Est-ce que ça veut dire que ça période de transition aura été néfaste ? Franchement probablement pas. Certains détransitionneurs vivent extrêmement mal leur détransition et c'est souvent leur parole qu'on entend le plus, mais je vois souvent passer des témoignages de personnes ayant détransitionné sur des groupes facebooks trans étant très apaisé avec leur identité, leur transition leur ayant permis d'être enfin sur de ce qu'ils ou elles voulaient dans leur vie (et souvent la réponse est plus dans le spectre de la non-binarité)

Je sens en effet beaucoup d'amour dans toutes tes craintes, mais fais attention que tes peurs ne te coupe pas de ton adelphe. Sois vraiment à l'écoute de ses joies, de ses doutes, de ses questionnements.
Quand mes parents exprimaient leurs craintes, j'avais pété des câbles car je trouvais que c'était du foutage de gueule qu'ils s'inquiètent alors que je faisais enfin quelque chose de bien pour moi alors qu'ils m'avaient laissé mariné dans la merde sur plein d'autres points. Je trouvais ça hyper infantilisant.
De leur côté ils flippaient encore plus car je n'étais absolument pas réceptifs à leur remarque et pour eux ça confirmaient leurs craintes.
Ce qui avait débloqué la situation avait été d'aller à l'association contact (https://www.asso-contact.org/) où on avait pu mettre les choses à plats avec des interlocuteurs neutres. Il n'y a pas d'antenne dans le nord mais tu pourrais quand même les contacter, il y a probablement des possibilités de visio ou autre.

En tout cas bon courage pour tes réflexions et l'accompagnement de ton adelphe :) quand une personne transitionne c'est tout son entourage qui chemine avec elle et c'est cool que tu y mettes autant d'énergie !

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Re: Ma petite soeur veut faire une transition

Message par couss » 31 août 2022 08:54

Les planning familiaux sont ouverts et informés sur les sujets de transidentité et tu y trouvera des conseiller.e.s familiaux qui comme l'asso contact sont là pour vous permettre de mettre à plat tout ce qu'il y a à dire et avancer. Ce sont aussi des lieux experts dans la gestion des traumas d'abus sexuels et de harcèlement.
En tout cas, gérer ses traumas et faire le tour de ses difficultés psy est important avant de débuter une transition. Trop de personnes trans se jettent à corps perdu dans une transition très rapide en pensant que tous leurs problèmes vont de résoudre. Sauf qu'une transition de résoud que la dysphorie de genre mais ne va pas aider dans les troubles alimentaires, les angoisses liées à des traumas etc. Cette désillusion est parfois très difficile à vivre donc c'est bien d'avoir traiter un maximum de problématique avant ou en parallèle de la transition. De plus certaines difficultés psy peuvent être handicapante pour une transition (ex : une phobie du changement), les connaître et les traiter ou savoir comment les contourner, ça permet de faire une transition plus apaisée.
Une transition c'est souvent un facteur de résilience puisque quitte à bouleverser ta vie, autant tout résoudre.
Et encore une fois, rien n'empêche de tester. À 14ans, aucune démarche ne sera irréversible. Porter un binder, une coupe de cheveux, changer de fringues, les bloqueurs hormonaux (pour stopper les règles), ne changeront aucunement sa vie mais lui permettront d'être plus à l'aise et de voir si c'est ce qui lui convient, si il faut revenir en arrière ou s'il faut avancer encore. En étant accompagnant dans ses démarches, tu gagnes sa confiance et qu'importe la décision finale, ton frère pourra t'en parler. Mais si tu es trop réfractaire ou au contraire trop enthousiaste, la confiance ne sera pas au rdv. Ton frère ne voudra pas te faire part de ses doutes par peur de valider ta " transphobie" (je ne te vois pas comme tel mais ton frère dans sa souffrance ne verra pas de la prudence mais du rejet) ou te décevoir si à l'inverse tu étais plus optimiste que lui à l'idée d'une transition.
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