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par Mark » 30 déc. 2016 02:36
T'as à peu près compris, même si je me rends compte que je ne suis pas très clair. Niveau jugement etc., je suis effectivement déjà au-delà , dans la partie où j'ai réalisé qu'on avait essayé de me marcher dessus et que je n'étais pas d'accord. Que le fait qu'on "reconnaisse" bien plus ce profil au Canada par rapport à la France n'est pas une question géographique mais bien lié au fait qu'en France on est super à la masse sur le sujet. J'ai avancé dans ma connaissance de moi-même en lisant des livres et des témoignages, je sais que je ne suis pas à côté de la plaque. Disons qu'à force j'ai assez de recul pour voir qu'ils fonctionnent effectivement comme une équipe, et puis on m'avait déjà prévenu. Je sais pas, j'ai cru que ça allait être différent parce que c'est mon psy (un mec bien qui veut m'aider pour de vrai) qui m'a finalement également mené là et qu'il avait l'air convaincu de son truc. Et ça fonctionne plutôt avec lui, ce qui est rare, mais je me rends compte que là -dessus il est à côté de la plaque et c'est chaud :/. J'ai fait des progrès avec lui mais du coup je suis un peu paumé.
En fait non, je n'ai jamais estimé avoir besoin d'un coup de tampon avant de rencontrer l'assistante sociale et de me rendre compte que je pouvais avoir un soutien concret. Là je ne parle même pas financier (je pensais pas particulièrement demander l'AAH, je suis au chômage, j'espère pouvoir me réinsérer mais d'une manière différente maintenant que je vois les limites), mais le genre travailler avec le centre social local etc., qui est formé à ces questions, sur des trucs administratifs etc. J'ai ce genre de problèmes de base au quotidien, je me fais même des rappels pour manger, je suis crevé arrivé à 30 ans d'avoir ce fonctionnement, et ma manière de compenser non stop me fatigue aussi énormément. Et en fait du coup comme ces couillons sont pas foutus de constater tout cela parce que je communique bien en un face à un (normal, je bosse ça depuis plus de 25 ans les connards, normal que je fasse illusion avec mon "éducation de meuf"), ben finalement je ne vois plus l'assistante sociale et j'en reviens à ma solitude de base. Et ça je ne le vis pas bien. Je me suis senti vraiment désemparé et j'osais même pas l'exprimer, en mode "non mais ils ont peut-être raison, qui sait ?" et autres "ça va pas t'aider".
Sauf qu'à force non je sais que comme tu dis c'est du fonctionnement en équipe, j'ai bien constaté que depuis que j'ai pris conscience de ça j'ai vraiment progressé concrètement, même avec les gens, et dans ma manière de me préserver, chose que je ne faisais pas assez avant car je n'arrivais pas à identifier les causes. C'est pas que j'ai envie de déléguer des trucs, d'être accompagné tout le temps, mais ça allait me faire une béquille et là on me l'enlève d'un coup alors qu'on me l'avait promise après le premier diagnostic de la première psy censée que j'avais vue. Mon psy veut que je rencontre son collègue pour mes problèmes d'attention, ça pourquoi pas, mais c'est plus global que ça, je lui ai dit et lui s'entête à me sortir que mes parents m'ont pas appris les codes. Ce qui est vrai, mais ça n'aurait été que de la compensation plus tôt dans mon parcours, point barre. J'ai essayé de lui expliquer mais c'est compliqué, je passe juste pour le type borné dans un auto-diagnostic face à une équipe de spécialistes qui sait de quoi il parle, alors que pour moi clairement pas, pas pour les adultes en tout cas. Ca reste cordial car j'ai pas affaire à un con, il est totalement convaincu de son truc. Si on avançait pas aussi bien sur le reste et s'il n'était pas aussi bienveillant je le laisserais tomber sans remord, mais j'ai quand même avancé avec lui ; j'ai globalement confiance en lui, ce qui est une sorte de miracle vu mon rapport à la médecine. Sauf que du coup j'ai l'impression que je ne vais pas pouvoir compter sur lui sur cet aspect et ça me rend confus.
En gros, ça serait pas "vaincre l'autisme" car ce genre de pensée me fait gerber aussi. De la même manière que je suis bien content d'être trans finalement, je me fous d'être catégorisé autiste, j'ai toujours été en marge, que ça soit un truc ou un autre, je m'en fous, la marge j'y suis déjà et ça a forgé qui je suis (je sais maintenant que c'est notamment parce que je suis neuroatypique). J'ai pas besoin de clamer au monde entier que je suis dans cette marge mais c'est un fait donc je ne vais pas chercher à "devenir neurotypique". Déjà parce que c'est impossible, c'est un peu ce que j'ai fait dans les épisodes précédents sans le savoir et bien entendu ça n'a pas marché. Ca serait plutôt faire semblant de manière moins fatigante, quand c'est nécessaire, pour que je puisse avancer au quotidien, ça serait aussi trouver un moyen d'être aidé quand je ne peux vraiment plus, pour pas me retrouver avec un an de retard (voire plus si on prend un truc comme ma carte vitale que j'ai mis six ans à refaire) sur de la paperasserie parce que c'était trop difficile, ce genre de trucs. Je suis juste deg' là .