Hormoné sur le court terme : retour d'expérience

Les différents traitements et leurs effets
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Lunden
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Hormoné sur le court terme : retour d'expérience

Message par Lunden » 18 avr. 2023 13:18

Au moment où j'écris ces mots, je suis à six mois sous T, et c'était ma dernière injection ce matin. Normalement, ma santé va bien, hormis les kilos repris à cause de l'hiver et du travail de dernière année de Master (où on reste assis sur une chaise beaucoup trop longtemps, à rédiger un mémoire). Ma prise de sang sera effectuée dans trois semaines, pour voir où je vais en être question testostérone, et tout le reste, dont le foie - qui aura peut-être été un peu éprouvé en ce début d'année 2023.

Bref. J'en suis donc à six mois, et j'aimerais documenter tout mon parcours : le pourquoi du comment, le bazar avec les médecins, et tout le tralala. Juste au cas où. Au cas où quelqu'un se sentirait dans la même situation que moi.
En effet, j'ai trouvé peu de retours sur une prise de T n'ayant duré qu'une période infime au cours d'une vie. Et si cette publication peut aider certain.e.s d'entre vous, ce serait avec une grande joie !




Petites précisions avant d'entamer la rédaction de mon expérience :

Au moment des faits, j'ai 23 ans, presque 24, et j'ai fait mon coming-out à mon compagnon (cishet) un an et demi auparavant. Je ne souhaitais pas prendre d'hormones, à la base, mais ma voix me trahissant, j'ai décidé d'entamer un parcours de transition médicale.
La prise de THS a véritablement été démarrée en novembre 2022. N'étant jamais vraiment sûr de ce que cela allait induire vis-à-vis de ma santé (je suis un peu hypocondriaque sur les bords, en plus d'être Autiste Asperger). J'ai envie de changer un peu, toutefois j'ai aussi une grande peur du changement. C'est très difficile.
J'ai le désir de porter des enfants, sous quelques années, quand notre situation à mon compagnon et moi-même sera plus stable. Des soucis de santé sévissent dans ma famille, mais a priori rien à voir avec des troubles hormonaux.
Aussi, je possède déjà un bon capital génétique qui fait que je peux forcer assez aisément sur ma voix pour qu'elle fasse masculine.







1) Prise de décision, médecin et attente(s) :

J'ai commencé les démarches en fin d'année 2021, si j'ai bon souvenir. A savoir que je me suis rendu dans un cabinet médical, où des médecins traitants sont agréés pour délivrer les ordonnances de T. J'ai eu rendez-vous au bout de six mois d'attente, ce qui fait que j'ai pu voir la docteure vers mars 2021. Je fais tous les tests sanguins, je n'ai pas besoin d'un papier de psy(chiatre) pour commencer le tout.
En fait, j'ai des appréhensions. Et là débute la véritable attente.
Surtout, la docteure qui me suit ne pourra le faire que sur les deux premiers rendez-vous (donc celui où l'on demande à commencer la T, et celui de la prescription). Et je passe ensuite aux mains d'un de ses collègues, plus jeune, et moins empathique. Aïe.


2) La première injection, et le début des ennuis :

Comme je l'ai expliqué, j'ai une bonne base. Dans ma famille, on est charpentés comme des fermiers (très larges), et je suis plutôt grand (environ 1m70), ce qui me confère un avantage non-négligeable si je veux être identifié comme un homme. Mon prénom est changé, mais la Carte Vitale (malgré la demande) n'a pas suivi. Et j'ai déjà des personnes qui pensent que je suis déjà sous T, comme un chirurgien rencontré dans le but de faire une réduction mammaire. Normalement, tout devrait bien se passer.

Après avoir rencontré le collègue de ma première docteure, et aussi avoir remarqué que le courant passait moyennement entre lui et moi, dans l'ordre de relation patient-médecin, je décide quand même de faire la première injection. Elle se passe très bien, je ressens des effets (ou peut-être est-ce placebo ?) dès les premières heures : ça vibre fort, au niveau de ma poitrine, quand je parle. Juste ça, mais c'est déjà bien !

Problème, deux semaines plus tard, j'ai contracté la pire grippe connue personnellement depuis plus de dix ans (je crois même y passer, un moment, tellement je ne peux plus respirer, mon conjoint a dû me présenter aux urgences également).
C'est donc ça, de travailler avec des lycéens qui se trimballent toutes sortes de maladies (à savoir que j'avais déjà décalé ce qui devait être ma première prise, en octobre, car j'ai aussi eu la gastro, mais bon...). J'en suis ressorti tout épuisé. J'ai dû enchaîner deux maladies de l'hiver, plus les rendus à faire dans un temps incroyable, sans parler de mon trouble autistique qui me fatigue fort bien d'habitude. Je ne suis vraiment pas d'attaque.


3) La seconde injection, ou la première bis :

J'ai continué mes visites chez l'orthophoniste. Ma voix ne baisse pas des masses, pourtant je dois apprendre à l'utiliser correctement (ce que je ne faisais pas depuis des années). J'ai gagné un peu de poils au dessus de mes genoux, et un peu au niveau de mes mains. Mais ça reste très léger. Plus du duvet qu'autre chose. Malgré mon dosage assez maigre, j'ai quelques résultats.

Ce qui fait que ma seconde injection se reporte à... Fin janvier 2023, je crois me souvenir. Il y a eu les fêtes de fin d'année, et la reprise des cours, et du stage au lycée, dans un laps de temps infime (de mon point de vue). Et la toux associée à ma grippe n'est partie qu'à la première quinzaine de ce mois.

Donc, je vais faire ma seconde injection, après avoir été houspillé par mon nouveau médecin s'occupant de la THS, le remplaçant de la docteure que j'ai dû voir pour la primo-ordonnance. Comment dire qu'il n'était vraiment pas content du tout ? Parce que j'ai tout décalé, à cause de ma grippe, et que je ne sais pas m'injecter la T de moi-même (j'ai peur des aiguilles). Il me dit de prendre la seconde injection comme si c'était la première, et de faire ma prochaine prise de sang dans deux mois.
Sauf que, malade comme j'ai été en très peu de temps, fin 2022, mon médecin de famille a préféré me faire faire une prise de sang complète et... Je n'ose rien dire. Prochaine prise dans deux mois.


4) De la troisième à la cinquième prise de T :

Les poils de mon menton ont déjà un peu poussé. Ceux de mes jambes aussi. Ma voix baisse encore, et j'arrive à maîtriser à la fois les aigus et les graves.

Je revois mon médecin de THS, deux mois plus tard, après la prise de sang. Le taux de T est pile entre homme et femme, et il veut augmenter, pour que les effets se voient bien. Je lui explique pourtant, et ce depuis mon premier rendez-vous avec lui, que je ne compte pas m'hormoner sur le long terme, et que je souhaite plutôt m'arrêter quand j'aurais un résultat proche de l'androgynie. Ce que le médecin refuse.
Apparemment, il a un protocole de je-ne-sais-trop-où, et il doit le suivre. Donc ce sera un an de T, pour le début, avec augmentation de la dose à 0.5 (j'étais, jusqu'alors à 0.3), sans aucune explication détaillée. Je lui demande s'il n'a pas d'autres solutions pour que je puisse me sentir plus en "posture de contrôle" de ma transition. Il ne veut rien entendre, et me dit que, si je ne suis pas satisfait, je vais devoir aller voir ailleurs, chez un endocrinologue (mais cet ailleurs, c'est souvent bouché).

Bref. J'ai vraiment de plus en plus de mal avec ce médecin, et... J'en change.

Heureusement, à quelques pas de mon premier cabinet, il y en a un autre avec une praticienne qui délivre aussi de la THS et est spécialiste du suivi des transitions. J'ai un peu d'appréhension, évidemment. Après des mois à être suivi par quelqu'un qui, de mon point de vue (donc, qui n'engage que moi) manque de tact avec les patients, je me tourne vers une nouvelle docteure.
Elle est tout simplement merveilleuse, et en plus, elle a un stagiaire que je trouve divertissant (il fait quelques blagues, et a un grand sourire). Tous deux dénotent très clairement de mon ancien praticien. Et je suis, cette fois, pleinement satisfait.
Je dois un peu reprendre depuis le début avec cette praticienne. J'explique être à ma quatrième injection, bientôt, et vouloir m'arrêter quand je me sentirais "entre deux". Elle n'émet aucun jugement, et m'encourage même. C'est à moi de décider, selon elle, pas un autre. Et elle se doit de s'adapter, ce qu'elle fait avec beaucoup de justesse. Je parle de mon projet d'enfant avec mon compagnon cisgenre, elle me fait une lettre pour le CECOS, et je lui demande si elle suit des grossesses transgenres. La réponse est oui, un autre patient est en plein projet, et va démarrer sa grossesse sous peu. Je suis rassuré, et je pense continuer de la consulter quand j'aurais un enfant (même si j'habite un peu loin), parce qu'elle est très à l'écoute du patient.


5) La sixième injection, la dernière :

Désormais, j'ai plus de poils, encore. Le menton en gagne toujours, le cou, n'en parlons pas. Je rase. Et ça fait un peu rire mon conjoint - il me compare à un chien au poil dru, ou à lui, quand il était adolescent et que sa pilosité poussait. Ma voix peut descendre à 120 Hz sans problème, elle ne se casse pas, et elle monte encore à 200 Hz aisément. Mon parler habituel m'amène plutôt vers les 150-170 Hz, soit le spectre vocal dit "neutre" (homme et femme s'y rejoignent). Néanmoins, je dois prendre rendez-vous avec mon orthophoniste (suivi irrégulier de ma faute, évidemment), pour travailler ma voix.

Aujourd'hui, au 18 avril 2023, j'ai donc fait ma sixième injection. En écrivant, j'ai l'impression d'avoir une boule dans la gorge. Et pas parce que je stresse, ou quoi que ce soit. Peut-être la T qui fait effet ? Je ne sais pas. En fait, je reviens du cabinet de l'infirmière, avec qui je fais mes injections. Elle sait que c'est l'avant-dernière fois qu'on va se voir (la prochaine, c'est pour la prise de sang, à la fin du cycle hormonal de la T).
Je suis plutôt content de mon parcours, et j'envisage, après peut-être mes grossesses, de continuer la T. C'est à voir. En tous cas, là, je laisse mon corps "au repos". D'ici la moitié de l'année, je vais faire retirer mon machin dans le bras, l'implant contraceptif, et je vais voir pour commencer, avec mon compagnon, à planifier une grossesse.



Je ne sais pas encore totalement vers où je vais, mais j'y vais. Et... On verra. De toute façon, je ne suis plus pressé, aujourd'hui. Je veux dire que j'ai commencé à atteindre mes objectifs. Petits, pas très loin, mais j'y suis.
Si je devais donner des conseils à une personne qui, comme moi, voudrais faire des hormones sur le court terme (pour quelque raison que ce soit, tout est valable, tout est "ok"), eh bien... Déjà... Quand on voit la galère que c'est, avec les médecins, vaut mieux trouver le bon. Ou la bonne praticienne, évidemment. Parce que, ne pas se sentir en confiance, ça peut vache retarder le tout. SI on est pressé, ça peut même détruire, j'imagine. Ce n'était pas mon cas, je suis même du genre à procrastiner, ah ah !


En espérant pouvoir donner un retour éclairé sur une situation, et au plaisir d'être lu !

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