Etat d'esprit et T

[Kef]

J'ai une petite question... Ben oui, sinon, je n'ouvrirais pas un nouveau sujet, hein... ^^

Je prends la T depuis 8 mois à présent, un tiers d'ampoule toutes les deux semaines. Et dès la première prise, je me suis clairement senti mieux, psychologiquement parlant. J'ai les idées plus claires. Je profite de chaque instant. Alors qu'avant, j'avais l'impression, tout le temps, de vivre dans une espèce de brouillard que je devais oublier pour savourer l'instant. J'étais tout le temps en train de me battre avec moi-même sur des détails, à me focaliser sur des points négatifs. Cela m'arrive encore, mais au bout de quelques minutes, je fais la part des choses. Je ne déprime pas des jours entiers. Et je ne me bats plus contre moi-même.

Je sais, je vous raconte ma vie et y a pas de question... En fait, j'envisage d'arrêter la T parce qu'une fois mes seins retirés et ma voix descendue, je ne pense pas que j'en aurai encore réellement besoin. Plus j'avance dans la transition et plus je réalise que j'ai du mal à me projeter dans un corps absolument masculin. Mais bon, imaginons que je veuille arrêter la T dans quelques mois... Mais j'ai très peur de retrouver mon inconfort psychologique d'avant la T. Et ça, je veux pas. Du coup, je me demande si le fait que je me sente mieux dans ma peau est due à la T ou juste à la transition, au fait qu'enfin, je m'accepte comme je suis. Est-ce que vous, la prise de T a changé quelque chose, mentalement parlant, ou pas ? J'avais plus ou moins posé la question à l'endocrino qui s'était marré et m'avait dit que ce n'était pas la T. mais le changement a été si soudain pour moi.

Bref, la T. change-t-elle notre état d'esprit à ce point ? Ou je peux arrêter d'en prendre et je resterai mon nouveau moi ? Quelqu'un a une piste ?

[L'OursonQueer]

Coucou @Kef !

J'ai très peur de retrouver mon inconfort psychologique d'avant la T. Et ça, je veux pas. Du coup, je me demande si le fait que je me sente mieux dans ma peau est due à la T ou juste à la transition, au fait qu'enfin, je m'accepte comme je suis.
Bref, la T. change-t-elle notre état d'esprit à ce point ? Ou je peux arrêter d'en prendre et je resterai mon nouveau moi ? Quelqu'un a une piste ?

Je pense que c'est compliqué de te dire avec certitude "oui, ton inconfort psychologique redeviendra comme avant" ou "non, tu resteras ton nouveau toi". Ça dépend pas mal des gens. Après si ça peut te déstresser, dis toi que ce ne sera jamais totalement "comme avant". Une transition (même sans parler d'hormones) laisse des traces, ça change une personne. Je doute fortement qu'avec l'arrêt du THS, quelqu'un redevienne à 100% à son soi de pré-hormones rien que pour cette raison.

[Kef]

Pas bête ce que tu dis, l'OursonQueer. C'est vrai que la démarche nous transforme et que ça, ça reste.

[Guy]

En fait, j'envisage d'arrêter la T parce qu'une fois mes seins retirés et ma voix descendue, je ne pense pas que j'en aurai encore réellement besoin. Plus j'avance dans la transition et plus je réalise que j'ai du mal à me projeter dans un corps absolument masculin.

Je plussoie L'OursonQueer qui a très bien dit les choses.

Je m'arrête sur ce que tu as dit dans ce que je cite : Tu te projette (c'est bien ), mais peut-être un peu trop dans la première phrase (tu te poses la question de l'arrêt de la T, en ne sachant pas si tu en auras encore besoin). La seconde phrase est, il me semble, une prémisse de réponse à ta question. Questions à te poser : après 8 mois de T, comment te sens-tu dans ton corps ? Est-il assez masculin, pas assez ? Est-ce que tu attends juste l'opé pour parfaire ce que tu penses être suffisant corporellement -et à ce moment-là, tu peux envisager d'arrêter ? Est-ce que à côté de la T, tu fait/as quelque chose pour aller bien mentalement (avoir un soutien, faire du sport, voir des amis, ...) ? La T aide, mais ça ne peux ni doit être le seul support. D'ailleurs, peut-être qu'en allant mieux avec la T, tu as pu entreprendre des choses, te faire des amis, ce qui a peut-être joué sur ton moral.

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Si tu veux un témoignage, je prends de la T depuis bientôt trois ans. Ça a eu beaucoup de bénéfices sur moi. Un peu aussi comme tu le dis, au niveau des émotions, et de la manière de vivre le monde. C'était surtout au début que je l'ai senti, peut-être grâce au changement brutal. Mais ça m'aide beaucoup encore. Parfois je vais un peu moins bien, la T ce n'est pas magique, mais c'est bien différent que sans T.

J'ai arrêté deux mois la T à la fin de l'année 2020, parce que mes cheveux tombaient trop. Ça a été difficile à vivre. Assez difficile même. J'ai un peu oublié, mais en gros je pleurais plus facilement, j'étais plus fatigable, plus d'idées noires. En même temps je me suis senti physiquement plus léger, j'arrivais plus facilement à faire les choses (j'ai de gros problèmes d'aboulie - absence ou une diminution de la volonté - avant la T, et même pendant la T). Mon esprit était comme moins prisonnier pour me mettre à l'action, mais prisonnier dans les émotions (ce qui est très paradoxal).

J'ai du "vite" la reprendre parce que ce n'était plus possible de tenir. Les émotions me faisaient trop mal et je ne pouvais plus les évacuer.

La T, c'est connu, est un anti-dépresseur naturel. Donc forcément, ça joue sur le moral (ça n'empêche pas les hommes de tomber dans de graves dépressions, entendons-le bien :/ ) . Le fait que tu prennes la T et que tu ailles mieux à forcément deux causes : La T en tant que testostérone, et la T en tant que réponse à tes besoins individuels (représentation de soi).

Sur le forum ici, tu as plein de témoignages lié à l'arrêt de la T. J'en ai lu un qui va en mon sens (bénéfices et conséquences de la T et idem sans T), et dans le tien. Mais il y en a d'autres qui prennent d'autres sens. Tu peux aussi voir la prise de T comme étant une simple étape dans ta vie. Tu en as eu besoin à un moment donné, tu as en plus vécu ta vie pendant ce temps. Donc peut-être que si tu l'arrête, tu n'en auras plus besoin.
Image pour illustrer très bête mais simple : Un homme boit de l'alcool à longueur de journée, pour oublier sa souffrance au travail, qui le fait déprimer. L'alcool le soulage (dans l'illusion) . Puis un jour, il découvre le sport. Il boit encore un peu et évacue sa souffrance à travers le sport, se lie d'amitié et son travail le fait moins souffrir. Il arrête l'alcool. Dans cette optique-là, arrêter de boire ne va pas le faire replonger dans sa souffrance.

Tu ne pourras pas savoir au final, tant que tu n'arrêtes pas. Si tu sens que tu peux le faire sans te mettre en danger, tu peux te lancer. Si tu hésites et que tu as peur de te retrouver dans un état extrême, pourquoi pas prendre contact un temps avec un psychologue, ou a minima trouver un soutien amical/familial pour t'accompagner et éviter les risques.

Et pour finir, tu pourras toujours reprendre la T (si tu le peux/souhaites) .

[Kef]

J'ai arrêté deux mois la T à la fin de l'année 2020, parce que mes cheveux tombaient trop. Ça a été difficile à vivre. Assez difficile même. J'ai un peu oublié, mais en gros je pleurais plus facilement, j'étais plus fatigable, plus d'idées noires. En même temps je me suis senti physiquement plus léger, j'arrivais plus facilement à faire les choses (j'ai de gros problèmes d'aboulie - absence ou une diminution de la volonté - avant la T, et même pendant la T). Mon esprit était comme moins prisonnier pour me mettre à l'action, mais prisonnier dans les émotions (ce qui est très paradoxal).

J'ai du "vite" la reprendre parce que ce n'était plus possible de tenir. Les émotions me faisaient trop mal et je ne pouvais plus les évacuer.

C'est effectivement ce que je redoute. Tu me confortes dans l'idée qu'abandonner la T. n'est pas forcément une bonne idée, même si notre aspect physique nous convient. Tu étais à quelle dose avant d'arrêter la T. si ce n'est pas indiscret ? Et moi aussi, j'ai peur de perdre mes cheveux. ^^

[EcgG]

Bonjour Kef,

Comme les autres te l'ont dit je pense que c'est (comme tous les effets de la T) différent selon les personnes et que si tu veux arrêter il faudra essayer pour voir ce que cela fait sur toi, peut-être à un moment où tu sais que la situation autour de toi pourra te permettre de tenir le coup si ça se passe mal (facile à dire je sais).

J'ai pris de la T pendant 1 an et demi avant d'arrêter pendant un an. Personnellement je n'ai pas mal vécu l'arrêt en lui-même, la transition sociale et les quelques changements dans mon corps avaient beaucoup changé mon état d'esprit et je pense que c'est ça plus que la T qui m'avait rendu plus heureux. Mais encore une fois, ça dépend des gens. Par contre ce que j'ai mal vécu et qui m'a fait reprendre de la T c'est qu'on commençait à me redonner du "Madame" dans la rue et au travail (je suis prof, les élèves et les parents ...). ça a eu un impact sur mon mental, pas directement le manque de T dans mon organisme donc, et ça allait quand même 1000 fois mieux que pré-T. Là ça fait un an et demi que j'en reprends, j'ai même augmenté la dose et même si je ne souhaite pas en prendre à vie (trop contraignant pour plein de raisons) je sais que j'arrêterai pas tout de suite, j'attends que les changements soient bien ancrés.

[Kef]

Merci pour ton retour d'expérience, EcgG. Effectivement, chacun réagit différemment à la T. Et je me retrouve dans ce que tu dis, dans le fait de ne pas vouloir continuer la T. à vie parce que c'est tout de même contraignant.

De mon côté, ma vie sociale est surtout sur Internet et du coup, arrêter la T. ou pas n'aura pas de conséquences sur ma vie sociale. Si je prends de la T, c'est vraiment pour moi, pour me sentir plus en phase avec mon organisme, pas trop pour les autres.

[Guy]

J'ai arrêté deux mois la T à la fin de l'année 2020, parce que mes cheveux tombaient trop. Ça a été difficile à vivre. Assez difficile même. J'ai un peu oublié, mais en gros je pleurais plus facilement, j'étais plus fatigable, plus d'idées noires. En même temps je me suis senti physiquement plus léger, j'arrivais plus facilement à faire les choses (j'ai de gros problèmes d'aboulie - absence ou une diminution de la volonté - avant la T, et même pendant la T). Mon esprit était comme moins prisonnier pour me mettre à l'action, mais prisonnier dans les émotions (ce qui est très paradoxal).

J'ai du "vite" la reprendre parce que ce n'était plus possible de tenir. Les émotions me faisaient trop mal et je ne pouvais plus les évacuer.

C'est effectivement ce que je redoute. Tu me confortes dans l'idée qu'abandonner la T. n'est pas forcément une bonne idée, même si notre aspect physique nous convient. Tu étais à quelle dose avant d'arrêter la T. si ce n'est pas indiscret ? Et moi aussi, j'ai peur de perdre mes cheveux. ^^

J'étais à 0.5 ml (une demi-ampoule) tous les quatorze jours .

[Kef]

Merci pour la précision, Guy.