Transphobie intériorisée et acceptation de soi

Relations sociales, acceptation, coming-out...
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Sergei
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Transphobie intériorisée et acceptation de soi

Message par Sergei » 31 août 2022 01:06

Bonjour,

ces derniers temps je me suis rendu compte que malgré les années, la testo, le changement d'état civil et certaines opérations je n'arrive toujours pas à assumer le fait d'être un mec trans.

J'ai énormément de transphobie intériorisée (sentiment d'infériorité par rapport aux hommes cis, honte d'être trans) dont je n'arrive pas à me débarrasser.

Comment avez-vous fait pour être "en paix" avec le fait d'être trans?

John
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Re: Transphobie intériorisée et acceptation de soi

Message par John » 31 août 2022 07:05

Alors, moi je me définis comme non binaire, donc c'est peut-être un peu différent (quoique je me dis souvent que ça serait plus "simple" d'être un mec trans...), mais ce qui m'aide le plus, c'est que les gens autour de moi acceptent et reconnaissent qui je suis sans me remettre en question. Alors oui, j'ai la chance d'avoir un entourage bienveillant et assez bien renseigné, je sais que tout le monde n'a pas cette chance. Du coup pour ma part je suis out (c'est un peu le défaut d'être non binaire j'ai envie de dire), mais je crois que si j'étais un mec trans, je serais quand même out. Pas genre dans la rue ou quoi mais au boulot par exemple, oui. Pour moi c'est une identité comme une autre, ça ne fait pas de moi quelqu'un de "diminué".

Être un mec trans, c'est assez différent d'être un mec cis, et pour plein de raisons. Déjà rien que socialement, la façon dont tu as été perçu par le passé, éduqué, ce quebla société a supposé / attendu de toi est totalement différent de ce que vivent les hommes cis, et ça, tu ne pourras jamais le changer. Après, on a tous·tes vécu des expériences bien différentes étant enfant/ado. Ça n'est pas pour autant que ça diminue qui nous sommes. Je préfère voir comme une force notre capacité à empathiser cet "autre côté du miroir". On sait les choses parce qu'on les a vécues, et c'est parfois douloureux mais inestimable.

Est-ce que tu te compares beaucoup aux autres mecs? J'ai tendance à penser que pour être heureux il faut être la meilleure version de soi même ; qu'avoir les autres comme modèle c'est bien mais que ce n'est que ça, un modèle, pas quelque chose à recopier ou un idéal à atteindre. On ne devient jamais quelqu'un d'autre, peu importe les efforts: on ne peut devenir que soi-même.

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Re: Transphobie intériorisée et acceptation de soi

Message par Mickaël » 31 août 2022 09:21

Bonjour.
Pour ma part je ressens également parfois un sentiment d'infériorité par rapport aux mecs cis.
Cela fait seulement 4 ans et demi que j'ai démarré ma transition. J'ai 50 ans et j'ai hâte de finir ma phalloplastie pour pouvoir vraiment savourer l'homme que je suis devenu.
Je sais que je ne serai jamais un mec de naissance.
Je suis juste moi-même maintenant, un homme particulier.
Ça pourra toujours se voir que je suis trans : cicatrices apparentes, pas de prostate ni de fonctionnement naturel de ma nouvelle anatomie génitale.
Qu'importe. De toute façon je ne peux pas faire mieux.
Le mieux aurait été que je naisse homme. Ça n'a pas été le cas et j'ai dû vivre comme j'étais pendant presque 50 ans.
Je regretterai toujours de ne pas être né homme mais au moins je ne finirai pas ma vie comme j'étais.
Je verrai dans quelques années comme j'appréhende les choses mais déjà actuellement, je m'aime beaucoup mieux comme je suis, enfin perçu au masculin et apprécié comme tel en général.
Je complexe notamment sur mon petit gabarit, 1m63 pour 58 kg mais quand je regarde certains mecs dans la rue, je me rends compte qu'il y en a un certain nombre comme moi, voire même plus petit.
J'essaie de me dire que je suis comme je suis et qu'il y a des hommes auxquels je n'aurais pas aimé ressembler.
Je pense que je me sentirai encore plus épanoui quand j'aurai terminé ma phalloplastie.
J'ai conscience qu'on remarque tout de suite que ce n'est pas une anatomie de naissance mais je m'en fout. Ce sera la mienne et ce sera toujours bien mieux que ce que j'avais avant et que je souhaite voir disparaître.
J'assume de plus en plus ma transidentité. Je ne la déclare pas si ce n'est pas nécessaire mais s'il le faut ça ne me gêne pas.
Je m'accepte mieux ainsi qu'avant et pour cela il fallait que je fasse l'intégralité des chirurgies.
Le fait d'être enfin perçu au masculin par tout le monde, et pourtant mon évolution est loin d'être finie, m'aide beaucoup à accepter ma transidentité et à l'assumer.
Si tu souffres aujourd'hui, c'est que ton destin te prépare quelque chose de bien plus merveilleux pour demain. Ne renonce jamais.
Anonyme.

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Re: Transphobie intériorisée et acceptation de soi

Message par Apeiron » 31 août 2022 11:48

Personnellement je n'y arrive pas du tout et je ne suis pas certain que ce soit forcément de la "transphobie intériorisée".
C'est juste que quand tu es trans, concrètement tu peux faire beaucoup moins de choses que le mec cis lambda et me concernant ça me frustre énormément.

Exemple : en ce moment je parle avec un mec qui est parti bosser à l'étranger un an et il me raconte son quotidien, moi je me dis qu'à sa place plein de choses me seraient impossibles du fait que je suis trans et que j'en serais réduit à essayer de composer avec ma différence au quotidien, encore plus difficilement qu'en France (en plus c'est un pays assez hostile aux LGBT), là où lui s'éclate comme un fou et vit son expérience à fond et sans contraintes y compris dans les perspectives de séduction et de rencontres bien sûr.
A ce titre, je trouve vraiment dangereuse l'idée véhiculée parfois auprès de jeunes trans selon laquelle ils auraient une vie normale post transition.
Désolé mais si on veut être lucide c'est absolument faux : c'est vraiment un calcul du "moins pire" entre vivre (douloureusement à mon sens) comme mec trans (en insistant sur le "trans") ou en femme mal dans sa peau.

Ceux qui se satisfont de leur condition pourront démentir mais moi je le vis vraiment ainsi et je n'y peux rien.
Je ne nie pas qu'il y ait des moments de joie mais globalement c'est une vie triste, humiliante (surtout quand on conserve un passing fragile doublé d'une grande sensibilité) et pleine de frustrations sans oublier que l'immense majorité des personnes qui composent la société sont hostiles aux personnes trans (avec quelques exceptions précieuses pour notre survie bien sûr).
On peut penser que je m'apitoie sur mon sort mais d'un autre côté, c'est aussi courageux de l'avouer.

Après je pense que c'est moins lourd pour un mec trans bien intégré socialement, de tempérament solide et optimiste et avec un passing parfait qui le rend bien dans sa peau avec des caractéristiques l'aidant à se fondre dans le décor (puisque la taille a été évoquée plus haut et est aussi un de mes complexes insurmontables, je pense au fait de faire au moins 1m70, je trouve que c'est une caractéristique qui aide beaucoup quand on est FtM) et confiant au moins sur le plan social/amical/professionnel mais même dans cette perspective je trouve quand même ça beaucoup plus difficile qu'être cis parce que justement les potentialités de séduction s'insèrent également dans ces sphères donc à un moment ils sont aussi contraints de s'outer et puis même s'ils sont moins repoussés être trans fait quand même partie d'eux.

Désolé pour ce message déprimant mais qui est au moins lucide et sincère.

John
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Re: Transphobie intériorisée et acceptation de soi

Message par John » 01 sept. 2022 09:21

Je trouve vraiment super triste que tu le voies de cette façon, Apeiron. Attention, je ne critique pas du tout ton vécu ou ton opinion ou quoi que ce soit; je suis triste par empathie et je te souhaite de trouver ta lumière dans tout ça, car vraiment, elle existe.
Pour ma part, je ne mesure probablement pas le privilège que j'ai d'avoir un entourage si renseigné et bienveillant.

Alors bon pour nuancer mon post précédent, c'est pas tout rose non plus hein. Y'a des gens qui comprennent rien, je me suis fait appeller par mon deadname en plein milieu de mon boulot devant ma nouvelle cheffe pas plus tard qu'hier matin par une collègue un peu paumée, mon père pense que je me suis "mutilé" avec la torso... Bref je ne veux pas peindre un tableau tout blanc non plus. Pour reprendre les mots d'Apeiron, je suis plutôt bien intégré socialement MAIS je ne crois pas spécialement avoir un tempérament solide ni optimiste (syndrome de l'imposteur +++) et ENCORE MOINS un passing parfait qui le rend bien dans sa peau avec des caractéristiques l'aidant à se fondre dans le décor, avec mes traits fins, ma voix fluette, mon amour pour les motifs fleuris et mon 1m60 ... Mais je refuse de m'appitoyer sur ce à quoi je ne peux rien... A quoi bon? C'est déjà suffisamment difficile de s'imposer avec honnêteté dans ce monde, pour pas en plus me mettre tout seul des bâtons dans les roues.
Je ne suis pas convaincu que l'immense majorité de la population nous soit hostile (je ne parle évidemment pas des pays ou on a aucun droit); je crois que globalement surtout l'immense majorité de la population s'en fout royalement / ne sait pas qu'on existe. Je n'ai à titre personnel rencontré quasiment aucune hostilité, plutôt de l'indifférence ou de la curiosité (parfois un peu mal placée), ou de la maladresse.

Bon après voilà, peut-être que je me voile totalement la face et que je vis dans une bulle, je sais pas... Je sais que j'ai des amis trans qui ont vécu des trucs absolument horribles. Mais je crois que même dans ces cas là, c'était causé par une infime minorité (qui certe peut faire beaucoup de dégâts mais ne représente, du coup, pas la majorité de la population).

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Re: Transphobie intériorisée et acceptation de soi

Message par Mickaël » 01 sept. 2022 10:40

Personnellement je me sens plus respecté aujourd'hui qu'avant ma transition. Avant j'étais régulièrement moqué parce que je ressemblais à un garçon mais n'en était pas un. J'ai beaucoup souffert de ces moqueries qui ont persistées même à l'âge adulte.
Parfois même des gens se disent admiratifs de mon parcours et ça renforce ma confiance en moi. Je me sens plus fort qu'avant dans ma tête.
Je ne veux plus me comparer aux autres et je me fous de plus en plus de ce qui peut être dit de moi. Les abrutis je préfère les ignorer. Est-ce parce ce que j'ai 50 ans ? Je ne sais pas.
J'essaie de vivre le plus possible au jour le jour et de profiter de choses simples maintenant que je suis plus serein.
Je ne cherche pas à séduire et les gens qui me tournent le dos, je les laisse partir sans regret.
Les personnes qui nous aiment restent et c'est là l'essentiel.
La vie n'est pas toujours facile mais pour ce qui me concerne ce n'est pas dû à ma transition. Elle était bien plus morose et triste avant.
Je ne regrette pas ma transition et je l'assume parfaitement.
J'étais malheureux avant et je le suis beaucoup moins aujourd'hui.
Je souhaite à tout le monde d'être le plus heureux possible.
Si tu souffres aujourd'hui, c'est que ton destin te prépare quelque chose de bien plus merveilleux pour demain. Ne renonce jamais.
Anonyme.

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Re: Transphobie intériorisée et acceptation de soi

Message par アレクサンドル » 01 sept. 2022 11:11

Pour ma part, je ne sais pas si j'accepterai jamais le fait d'être trans, mais je crois que j'arrive au moins à accepter que je suis moi-même, dans toute ma complexité et mes contradictions.

Bon, j'ai certaines croyances qui m'aident pas mal. Disons que je crois en la réincarnation et, pour moi, cette vie dans un corps trans est une expérience que mon âme a elle-même décidé de traverser pour apprendre certaines choses. Alors, ce n'est pas une fatalité. Evidemment, c'est une vision totalement personnelle, je sais très bien que ça ne parlera pas à tout le monde. Et puis, ça ne change rien au fait que là, maintenant, c'est difficile à supporter.

Il y a des jours où je me sens fier, puissant. Des jours où je me dis que j'ai quand même la chance d'expérimenter quelque chose de rare, d'un peu fou. D'être un peu spécial. J'ai des montées d'euphorie de genre que les personnes cis sont peut-être moins susceptibles de ressentir. J'ai eu l'opportunité de me poser des questions sur la perception qu'on a de soi-même et des autres et, ainsi, d'en ressortir un peu plus lucide. Mais il y a aussi plein de jours où ça ne va pas. Je me sens "cassé", j'en ai marre, marre marre... Et c'est ok. J'ai une amie qui me dit souvent : "Tu sais, dans la vie, tout le monde passe forcément à côté de plein de choses. Des tas de personnes cis se heurtent à des limites : parce qu'elles ont une certaine couleur de peau, parce qu'elles viennent d'un milieu défavorisé, parce qu'elles ont un handicape... Sans parler qu'on est sans cesse obligé de faire des choix. Par exemple, au cours de tes études, tu t'es dirigé dans une certaine voie. Des portes se sont fermées. Mais d'autres se sont ouvertes. Et c'est pareil pour tout le monde."

Evidemment, ça aide beaucoup d'être dans un environnement où on est soutenu. J'ai beau me dire que je n'ai pas besoin de la reconnaissance des autres pour être entier, je dois avouer que c'est très agréable d'être écouté et validé. Je n'ai jamais vraiment réussi à m'intégrer à l'école ni à la fac parce que j'avais l'impression que les relations que je pourrais tisser serait toujours superficielles : n'ayant pas envie de parler de ma transidentité, je me disais que personne ne saurait jamais qui j'étais réellement et ça ne m'encourageait pas à approfondir les liens. Maintenant, je bosse depuis chez moi. L'équipe avec laquelle j'interagis est au courant (cela dit, je ne suis même pas sûr que tout le monde soit au courant xD) et elle est vraiment adorable. C'est un confort immense. La tranquillité et la reconnaissance font des miracles, ha ha.

C'est le genre de choses qui me rappelle que les représentations sont super importantes. Si on avait plus de modèles de personnes trans cool et libérées dans la fiction, on se sentirait probablement moins diminués. Récemment, j'ai joué à Cyberpunk 2077 et il y a la possibilité de se fabriquer un personnage trans. C'est-à-dire qu'on peut choisir sa voix et son entrejambe séparément de la forme générale du corps. Bien que ça n'ait aucune incidence dans l'histoire (ce qui, d'ailleurs, est une bonne chose, parce que ça donne un sentiment de normalité) j'étais heureux que les développeurs y aient pensé, ça me plaisait de me dire que je pouvais incarner un personnage qui me ressemblait.

Bref, je fais partie de ceux qui ont de l'espoir. Certes, je ne suis qu'au début de ma transition et peut-être que je vais tellement en baver que dans quelques mois j'aurai changé d'avis, mais pour l'instant je vous envoie à tous des ondes positives ! Hum ? Ah, en effet, je n'ai rien répondu sur le sujet de la "séduction". Euh... Y a des trucs avec lesquels le mec plein d'espoir est quand même pas à l'aise, malgré ses ondes positives. x)

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Re: Transphobie intériorisée et acceptation de soi

Message par Apeiron » 02 sept. 2022 15:56

Sur le débat qui revient souvent opposant trop deux thèses non pas contradictoires (correspondant globalement aux mouvances conservatrices/progressistes)mais complémentaires à mon sens et même corrélatives : c'est un problème psychologique lié à la dysphorie/ c'est un problème sociétal, je dirais vraiment que c'est les deux puisque l'un entraîne l'autre et dans les deux sens. Certaines personnes ne pensent pas à mal mais perçoivent - consciemment ou non, en mettant clairement le doigt dessus ou non- une différence chez moi et du coup "buguent" sans trop savoir comment se comporter : moi ça m'arrive très souvent surtout que je n'ai pas un comportement social très assuré, très confiant, très serein donc ça n'aide pas toujours les personnes à se sentir à l'aise et ça crée une sorte de spirale infernale de malaise.
Parfois, et je dirais dans les pires cas, ça peut se verbaliser par une hésitation entre le féminin et le masculin pour s'adresser à moi ou alors un évitement de tout genrage ou encore tout simplement un manque de confiance manifeste à mon égard lors de la première rencontre là où ils seraient tout de suite à l'aise et en confiance avec un individu cis clairement genré.

Parfois ça ne va pas jusqu'à l'hésitation de genre -je suis assez androgyne mais je fais quand même nettement plus masculin que féminin- mais les personnes témoignent quand même d'une certaine méfiance à mon égard : il y a quelques années, cela se traduisait par le fait qu'ils me croyaient systématiquement très jeune et me discréditaient en me disant que je n'avais pas l'âge pour occuper tel poste, que je n'avais pas le droit d'être dans un espace réservé aux adultes etc... - alors même que des gens plus jeunes que moi y étaient acceptés, ce qui est clairement une discrimination. A 33 ans, cela m'arrive encore mais se raréfie car j'ai quand même quelques rides et marqueurs du temps : du coup j'ai juste l'air de plus en plus bizarre et sans doute de plus en plus "freaks", "queer" sans que ce soit un choix ni une revendication.

C'est un peu l'histoire de l'œuf et la poule : on se sent mal parce qu'on est pas à l'aise avec soi-même, en plus de cela, on est regardés étrangement dans la sphère sociale et on se sent, de ce fait, encore moins à l'aise avec soi.
C'est vrai que si les gens bloquaient moins sur mon apparence (même quand ils le font de manière plus ou moins discrète, je le ressens car je suis hyper sensible), sans doute que je penserais moins à mes complexes dysphoriques et qu'ils me gâcheraient moins la vie mais bon...on vit dans une société d'apparence et très genrée qui plus est.

Pareil pour la taille : faire 1m60 n'est pas si gênant en soi pour un homme clairement défini comme masculin à la naissance mais pour un trans cela vient s'ajouter au sentiment d'une masculinité fragile et pour le coup, je trouve ça plus grave. J'ai une amie un peu spéciale dans ses goûts qui adorent les mecs petits mais pour le coup, elle a compris que pour un mec trans ça pouvait être lourd à vivre d'être petit au sens où ça reste une caractéristique majoritairement féminine la petite taille.
Personnellement j'aime être discret et j'ai clairement l'impression que faire 1m63 me rend assez bizarre, et étant déjà trans, je m'en passerais bien. Et puis je suis dysphorique également sur ce point au-delà du fait d'être trans : c'est un ressenti quasi physique, je me sens littéralement beaucoup trop petit.

Après, me concernant, comme je le dis toujours, j'ai fait le choix du moins pire après une longue délibération entre ça et vivre avec mon genre de naissance (qui a clairement été un échec pour moi quand j'ai essayé de détransitionner en 2009) mais vraiment, pour moi, être trans n'est pas du tout une expérience positive.

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