Questionnement et doutes

[Sarah29]

Bonjour à toutes et à tous, je suis nouvelle sur ce forum et je suis à la recherche de conseil et de témoignages de ceux qui ont sauté le pas. J'espère que ce sujet ne sera pas supprimé avant que je n'ai eu de réponses mais j'essaie.

Tout d'abord je vais me présenter : j'ai 31 ans en couple et physiquement un homme.
Mais depuis quelques temps (et par la j'entends années) je me pose de plus en plus de questions quand à mon comportement, mes envies et mes rêves. J'ai recherché des sujets sur le net mais ça ne m'a pas tellement aidée... J'espère donc avoir de l'aide de personnes qui sont peut être passées par là.

En premier lieu : ma vie (je la fais court)
J'ai grandi dans une famille anti tout ce qui n'est pas "conforme" a la société des années 50. Cet à dire que je n'avais certainement pas le droit de ne serais ce que me poser la question d'être gay, travesti ou transgenre "notre fils n'est ni un PD, ni une tapette" me disaient mes parents. Et ça fait mal de se construire en se disant qu'interieurement on est pas "normal"... Bref j'ai vite pris de la distance afin de laisser libre court à ce que je voulais être. Malheureusement travaillant dans un milieu extrêmement mysogine c'est pas beaucoup mieux.

Ensuite mes désirs
J'aime être une femme, et c'est là que je me pose la question : suis-je transgenre pour autant ? Comment savoir si je me sentirais mieux en ayant un corps de femme ? Pour le moment je me contente de me travestir (pas toujours de façon très réussi mais c'est un autre sujet) et là je me sens bien. Mon corps me plaît. J'ai tout de même des détails de ma vie de tous les jours également qui interfèrent dans mon questionnement : jeune supporte pas d'avoir le moindre poil sur le corps (avoir une barbe a couper tous les jours est pour moi un enfer), j'aime porter des jeans féminin et bien entendu car c'est excessivement laid pour moi cacher mon sexe a l'aide de sparadrap. Donc je me travesti quotidiennement, mais j'ai trop peur du regard des autres pour sortir dans la rue ainsi. Uniquement dans la voiture, ma compagne a qui j'ai récemment parle de mes interrogations m'a dit ne pas être prête à me voir en femme aussi, a mon grand regret je redevient un homme en rentrant à la maison.
Ma vie numérique elle en revanche n'est pas bridée par ce genre de problème, donc je peux être Sarah, femme dans sa tête. Et ce depuis que je sais utiliser un clavier et internet... Soit presque 10ans.
A la question "si tu avais 3 souhaits tu demanderais quoi?" J'ai toujours répondu en premier, être une femme.

Enfin le déclic : pourquoi maintenant ?
Probablement car j'ai commencé à voir un psy a la base pour autre chose, mais elle remue des choses dans ma tête et je commence à avoir des doutes, et ce même si je n'ai jamais eu le courage de lui parler de ce sujet...

Mon interrogation est donc la suivante : je ne vais pas vous demander si vous pensez au vu de ce que j'ai dit au dessus si vous me pensez transgenre ou juste adepte du travestissement, j'ai bien conscience que ça doit venir de moi, je vous demande plutôt si vous vous reconnaissez dans certaines de ces situations, comment avez vous su au fond de vos tripes que oui vous étiez transgenre ? Auriez vous des conseils afin de m'aider à savoir ce que je suis?

En résumé ça ne paraît peut-être pas dans mes mots mais je suis complètement perdue...

Merci pour votre aide, Sarah

[Miro]

Bonjour Sarah;
Tu vas trouver ici principalement (exclusivement?) des hommes transgenres (ou en questionnement), le vécu est donc un poil l'inverse du tien!
Et comme tu l'as deviné, personne n'a le pouvoir d'émettre un "diagnostic", sauf toi-même.

Tout ce que je peux te dire à mon humble échelle, c'est que, oui, il s'agit bien de quelque chose qu'on sent au fond de nos tripes. Pas une lubie, une mode, ou pour faire plaisir à qui que ce soit (manquerait plus que ça!!! ). Qui ça n'arrangerait pas, pour s'intégrer dans la société, d'être cisgenre, hétéro, bref, dans la norme? Donc, oui, c'est un vécu personnel, inévitable (enfin, évitable, mais à quel prix), propre à chacune/e.

Bon courage à toi.

[Sarah29]

c'est bien la première fois que je me retrouve seule femme au milieu d'hommes !
Merci pour ton soutien rien que le fait de ne pas être jugée ou insultée fait plaisir .
Comment as tu su toi que tu voulais être un homme ? (Enfin, si tu as déjà changé ou entamé le changement bien-sûr !)

[Sarah29]

Enfin par comment tu as su je me demande surtout par rapport aux (très) nombreux témoignages que j'ai lu qui parlent de souffrance physique. Je ne me reconnais pas comme ayant une souffrance physique mais plutôt comme étant incomplète, ces assez étrange à définir...

[Miro]

c'est bien la première fois que je me retrouve seule femme au milieu d'hommes !
Merci pour ton soutien rien que le fait de ne pas être jugée ou insultée fait plaisir .
Comment as tu su toi que tu voulais être un homme ? (Enfin, si tu as déjà changé ou entamé le changement bien-sûr !)

Personne ne va t'insulter ici, c'est bien naturel.
Je n'ai pas, pour ma part, entamé de procédure médicale, donc je laisserai le soin de te répondre sur ce point à d'autres qui l'auraient fait. Disons que j'en suis à peu-près au même stade que toi!!

Comment je l'ai su... Disons qu'enfant je ne me suis jamais considéré comme faisant partie des filles (transpose!), mais je ne me posais pas de questions. J'ai mal vécu l'adolescence et ses changements physiques (crise de nerfs dans un magasin de soutien-gorges...), mais à l'époque (dans les années 90), je n'avais juste aucun modèle. Je me suis donc cru à moitié fou et me suis efforcé de correspondre à ce qu'on attendait de moi.
Mais malgré une vie à me cacher cette vérité, je tressaillais d'horreur perpétuellement lorsqu'on me parlait de "féminité". Je n'ai jamais réussi à adhérer à ce qui n'était pour moi qu'un concept, mais pas vécu de l'intérieur.

A l'heure actuelle, j'essaie déjà de faire accepter mes pronoms masculins à ceux et celles qui veulent bien entendre ce que je suis profondément. Mais comme tu le sais, nous sommes victimes de notre aspect extérieur, qui a des limites. C'est déroutant, et source de malaise souvent. De souffrance pour certain(e)s aussi. Pas pour moi, disons que je me sens plus "diminué".
C'est drôle d'ailleurs, tu te sens incomplète, et moi diminué!!

Bref, j'espère avoir été assez exhaustif pour que tu comprennes mon ressenti? N'hésite pas si tu as d'autres questions. Si je peux t'aider, moi ou un autre...

[Sarah29]

ça fait tellement de bien d'enfin pouvoir en parler avec des gens qui comprennent ce que je ressens au lieu de me dire "non tu dis n'importe quoi tu n'es pas une fille !"
Je comprends tout à fait ce que tu ressens bien que je souhaite faire le chemin inverse...
Et tu l'as annoncé a ta famille ? En ce qui me concerne ça m'effraie totalement j'ai vraiment peur qu'ils le prennent très mal et n'acceptent pas du tout ils pourraient même être blessants, je n'imagine pas cette situation et ça me freine énormément...

[John]

Pour ma part, j'ai toujours assumé d'être différent et d'être moi même. Mais bon quelque part c'est socialement mieux accepté aussi d'être perçu comme une "femme masculine". Plus facile d'explorer les vêtements, coupes de cheveux, binder etc.
Au final j'ai juste fini par réussir à mettre des mots sur quelque chose que j'avais toujours ressenti au fond de moi. Je ne parlerais pas de souffrance physique en ce qui me concerne ; l'acceptation de ma transidentité a d'ailleurs coïncidé avec le moment de ma vie où je me sentais le mieux dans ma peau (peut-être aussi parce que du coup, je n'avais plus rien pour me voiler la face). J'ai effectué une mastectomie, davantage par rapport au reflet dans la glace qui n'était "pas moi" que pour une relle douleur, je ne saurais trop l'expliquer. Avant l'opération, je ne me détestais pas. Ma poitrine était là, bah je faisais avec. Et pourtant cette opération est une des meilleures décisions que j'aie pu prendre, pour mon bien être mental, sans pourtant pouvoir avancer des arguments irréfutables de pourquoi.

J'ai beaucoup anticipé les questions qu'on allait pouvoir me poser, ce que j'accepterais de dévoiler ou non et à qui (les gens posent des questions bien intrusives parfois).
Le plus dur j'ai l'impression pour les autres, c'est ne pas savoir à quoi s'attendre. Dire "je suis trans", ça ouvre la porte à des milliers de questions. Je crois que pour que ça se passe le mieux possible, il faut essayer aussi de rassurer les gens sur ce à quoi s'attendre au quotidien. Ce qui sera attendu d'eux. Leur laisser la porte ouverte pour établir le dialogue. Bon après certains sont et restes bornés, mais ça ce n'est pas de ta faute !

[PauSG]

Bonjour Sarah, bienvenue sur le forum!

Personne ne pourra te dire si tu es trans ou non, ou si c'est adapté pour toi de faire une transition. Même si ca prend du temps, c'est vraiment à toi de trouver ce qui te convient le mieux

[Miro]

Je comprends tout à fait ce que tu ressens bien que je souhaite faire le chemin inverse...
Et tu l'as annoncé a ta famille ? En ce qui me concerne ça m'effraie totalement j'ai vraiment peur qu'ils le prennent très mal et n'acceptent pas du tout ils pourraient même être blessants, je n'imagine pas cette situation et ça me freine énormément...

Je pense que l'annoncer à la famille est beaucoup plus stressant que l'annoncer déjà aux amis et aux personnes dignes de confiance! Personnellement, c'est par là que j'ai commencé: le dire à des gens qui ne vont pas me rejeter pour ça. Ils peuvent être surpris, me mégenrer encore de temps en temps, mais pas me rejeter. Ils m'aiment d'abord pour qui je suis, pas pour mon genre.

Pour la famille, je trouve ça assez compliqué, et du coup je ne l'ai pas encore fait (mais ce n'est que mon point de vue). Ce sont des gens que je n'ai pas choisis et qui m'ont malgré eux collé une étiquette.

Peut-être que si tu trouves quelqu'un de proche, en qui tu as confiance, pour en parler, ce sera déjà une bonne étape de franchie.

[Sarah29]

John : Merci de ton témoignage, je dirais que quelque part tu as été courageux d'aller au bout des choses! Tu as bien plus de courage que moi... Quand aux questions, je ne peux malheureusement pas anticiper ce que j'ignore moi même! Rassurer mes proches, je devrais d'abord me rassure moi même au lieu d'être terrorisée!

PauSG : Merci pour vos retour, ça me fait vraiment plaisir. J'ai bien conscience que c'est un chemin que je dois parcourir seule... Et pourtant che suis perdue et je ne le trouve pas ce fameux chemin, où qu'il me mène!
Je suis perdue et j'espère pouvoir trouver ici non pas une carte mais une direction qui me permettrait de reprendre ma route...

Miro : c'est l'idée et c'est pour cela que j'ai commencé par en parler à ma compagne, mais sa réaction même si je pense que ce n'était pas voulue a été très blessante car elle compte pour moi et manifestement pour reprendre tes mots, elle ne m'aime pas forcément pour ce que je suis. J'ai un ami gay, qui je pense d'ailleurs est mon seul véritable ami quand j'y pense à qui je pourrais peut être en parler mais une fois de plus j'ai un peu peur de sa réaction. Je suis déjà socialement bien isolée et j'ai pas trop envie que ça empire!