Le déni des parents

[Edward342]

Hola, je vais témoigner de mon expérience personnelle en espérant recevoir des conseils ou des témoignages d'autres personnes dans le même cas. Voilà, je suis un homme trans, hormoné depuis 3 ans, mon changement de prénom a été accepté et j'ai un passing parfait.
Sauf que, dès que je vais voir mes parents, j'ai droit à du mégenrage, à mon deadname, et vraiment aucun effort pour m'appeler par mon prénom Edouard. (à la limite mon père semble plus conciliant que ma mère). J'ai eu une discussion cet été au téléphone avec ma mère, on s'est un peu brouillés, en lui demandant de faire des efforts parce que ça me blessait, elle m'a répondu que je lui imposait ma transidentité mais que je ne pouvais pas lui imposer de changer sa façon de s'adresser à moi.
Je pensais leur écrire un courriel (je l'avais déjà fait pour mon coming-out et une autre fois pour leur annoncer le prénom que j'avais choisis), donc un courriel dans lequel je leur demande de faire des efforts, je comptais aussi leur joindre la décision officielle de la mairie concernant mon changement de prénom, et un livre "Mon ado change de genre". J'ai du mal à leur parler en face à face car je redoute toujours leur réaction (une colère froide venant de ma mère et parfois de la peine). Malgré cet effort de communication j'ai peur que cela ne change rien et qu'elle continue à faire comme avant, qu'on évite le sujet et qu'elle me mégenre. J'aurais aimé savoir si certains vivaient ce genre de situation et ce que je pouvais faire de plus, c'est assez long de prendre sur moi et très difficile de confronter ses parents, et j'ai bien conscience qu'on ne peut pas forcer quelqu'un à changer. (ps: d'autant plus que je ne peux pas "couper les ponts" je suis dépendant financièrement d'une part, et aussi car je tiens à eux, ça leur ferait beaucoup de peine surtout à mon père, qui est quand même plus ouvert sur la question).

[John]

Poser les choses par écrit me semble le mieux. Mon père je lui ai carrément écrit une lettre. Tu pourrais essayer de leur (ré)expliquer que ça n'a rien à voir avec eux mais que c'est quelque chose de réel et vital pour toi. Que le changement est difficile même pour toi mais qu'il est une nécessité, et que c'est très important pour toi qu'ils respectent ton parcours, pas seulement pour ton propre bien mais aussi parce que tu tiens à votre lien.

Je te souhaite bien du courage en tout cas, je compatis tellement.

[PauSG]

Hello, je ne suis plus dans cette situation, mais j'ai vécu quelque chose de similaire lors de ma 1ère année sous testo en gros, ou tout le monde me genrait et me nommait correctement sauf mes parents.
J'ai d'abord pas mal discuté avec eux, mais comme ça ne donnait rien, je leur ai mis un ultimatum, en disant en gros, soit vous faites l'effort maintenant, soit vous n'êtes pas prêts ce que je peux entendre, mais dans ce cas je préfère ne plus vous voir en attendant, parce que c'est très pénible pour moi.
Au final ca leur a mis un coup de pid au cul et ils ont fait l'effort. Après j'admets volontiers que j'étais dans la bonne situation pour faire ça (je n'habitais pas chez eux, j'étais indépendant financièrement) mais ça a bien fonctionné.

[EcgG]

Bonjour,
Pas dans la même situation non plus et je ne l'ai jamais été. Mes parents ont rapidement accepté ma transidentité, comme la plus grande partie de ma famille. Sauf mon oncle. Il savait, mais ne m'appelait pas par mon prénom et me genrait au féminin. Au final j'ai demandé à d'autres membres de ma famille d'en parler avec lui et lentement mais sûrement il a fini par accepter.
Je pense que passer par l'écrit est une très bonne solution, en étant honnête sur tes émotions . Si tu as des alliés dans ta famille en lesquels tu peux avoir confiance, peut-être qu'iels pourraient discuter avec tes parents si ton écrit ne suffit malheureusement pas.

[j3r3mix]

J’ai attendu mon indépendance pour faire mon CO, sachant justement que ça passerait difficilement. Au final ce n’est pas tant ce que je dis ou fais qui fait passer un cap à mon entourage. C’est de voir que je me sens mieux dans ma peau au fil de ma transition, qu’ils le constatent eux-mêmes, ou que quelqu’un leur fasse la remarque. Parfois il y a plus efficace que les mots, allez courage

[Miro]

Voilà un sujet qui me parle, car je sais que mes parents seraient les dernières personnes à qui je pourrais parler de ma transidendité. J'ai tenté, notamment par le biais de l'un de mes livres, mais non.

Ma mère, notamment, c'est compliqué... et pourtant je n'ai plus 20 ans, j'en ai le double, mais je vis au-dessus de chez elle et je la vois très souvent. Elle aime me rappeler que je suis "sa fille" (genre elle rajoute cette locution à chaque phrase, ça me fait péter les plombs intérieurement), et lorsque j'essaie (oui, j'ai essayé) d'amener le sujet trans sur le tapis, je sens un rejet total de sa part. Avant même que je n'aille plus loin, j'ai eu le droit à : "mais toi non, tu n'es pas comme ça".

Bon, après, j'ai un modèle de mère assez complexe, choisi au rayon "manipulateurs en promo" du magasin, j'avoue.
D'ailleurs, j'ai passé toute ma vie jusqu'à très récemment à me faire passer pour une femme cishet pour lui faire plaisir, alors que je ne me suis jamais senti femme, et que je suis attiré par les femmes. J'ai quand même dû lui dire pour mon orientation sexuelle (ça a été compliqué, mais c'est passé parce que j'avais déjà eu un enfant), là j'aurais l'impression d'abuser.
Alors que je ne crois pas que ce soit moi qui abuse, en l'occurrence...

Tout ça pour dire: oui, les parents peuvent être un frein, énorme. Même en ne dépendant plus d'eux, en tout cas extérieurement. Pour tout vous dire, j'hésite à attendre qu'elle disparaisse pour faire une transition médicale (oui, je sais, c'est un poil extrême comme façon de penser)...

[John]

Je pense que (lorsqu'on ne dépend pas/plus d'eux car sinon effectivement ça peut être hyper tendu) c'est important de faire son CO non seulement à ses parents, mais aussi à toutes les personnes qui nous sont importantes, de façon groupée ou individuelle, mais au moins avec ses propres mots. Je n'ai pas une super grande famille donc c'est peut-être facile pour moi de dire ça, mais ça évite les "on dit" et ça permet de faire valoir sa propre parole avant qu'elle soit interprétée et relayée par d'autres.
Lorsque je pensais être une meuf cis mais lesbienne, j'ai laissé mon père balancer à ma grand mère qu'elle "aurait jamais d'arrière petits enfants parce que j'étais gouine" et je regrette de pas avoir eu la présence d'esprit d'en parler à ma grand mère avant, qui s'est toujours avérée d'un soutien sans faille.

Sinon, j'ai toujours considéré que je vivais ma vie pour moi, et ce malgré un père pervers narcissique, duc coup j'ai un peu de mal à comprendre qu'on puisse préférer mettre de côté sa propre vie pour ne pas froisser quelqu'un qui, de toutes façon, ne la vit pas à notre place ...

[Miro]

Sinon, j'ai toujours considéré que je vivais ma vie pour moi, et ce malgré un père pervers narcissique, duc coup j'ai un peu de mal à comprendre qu'on puisse préférer mettre de côté sa propre vie pour ne pas froisser quelqu'un qui, de toutes façon, ne la vit pas à notre place ...

Moi aussi j'ai toujours eu du mal à comprendre comment j'ai pu sacrifier ma vie à ce point-là!
Je pense que ça a à voir avec divers traumatismes adolescents, qui ont entraîné un manque de confiance abyssal, l'impression de gêner en permanence, le besoin de se cacher, de ne pas faire de vagues...
Comme je le dis à mon psy, j'aurais tellement préféré être cis et straight, comme ça au moins j'étais peinard! Bien la preuve qu'on ne choisit pas, parce que j'ai vraiment essayé...

Mais effectivement, il faut vivre sa vie pour soi. Des parents aimants, malgré tous leurs défauts, devraient pouvoir entendre ça.
Cela dit, je suis en train de changer sur ce point (je suis très lent...), et le simple fait d'avoir la volonté de ne plus me cacher suffira peut-être à résoudre ce manque de communication avec ma mère.

[John]

Je suis quelqu'un criblé d'insécurités et qui cherche à tout prix la reconnaissance, et pourtant ce n'est pas l'image que je renvoie... Justement parce que, je pense, je m'accroche à mes idées et projets coûte que coûte. J'essaie de choisir ce qui est le mieux pour moi. C'est difficile mais au moins, j'ai (pour l'instant) pas de regrets. C'est clair que c'est super dur à concilier avec un entourage réac ou à l'esprit fermé.

Bref en tout cas je te souhaite de trouver tout le courage dont tu as besoin

[Miro]

Merci John.
Je le souhaite aussi à tous ceux/celles qui ont un entourage difficile à gérer.

Concilier l'amour de soi et l'appréciation des autres est parfois un exercice de haute voltige, mais ça vaut le coup d'essayer...