TW transphobie
Ça fait depuis mon enfance que j'ai un rapport compliqué avec mon AGAB, je me considérais plutôt comme un "garçon manqué" et même si j'avais des centres d'intérêts plutôt mixtes, je me sentais plus à l'aise avec les garçons de mon école et ma chanson préférée à cette époque était "Sans contrefaçon" de Mylène Farmer.
Au collège j'ai commencé à découvrir la transidentité et surtout la notion de non-binarité, qui me parlait pas mal : je me reconnaissais pas mal dans le label demigirl. Je ne considérais toutefois pas que je pouvais être un individu transmasculin car malheureusement j'avais pas vraiment de modèle masculin sain dans mon entourage, je trouvais les garçons de mon collège superficiels, et aussi parce que j'étais aussi attiré par les garçons. Pour moi un gars trans c'était forcément quelqu'un qui voulait correspondre à tout prix aux modèles de virilité et qui était par conséquent hétéro, sauf que moi je suis bi.
Surtout, j'ai commencé à enfouir ces questionnements bien profondément car j'ai bien remarqué que les personnes non-binaire étaient traitées comme des punchlines. À force aussi de m'entendre dire que mes ressentis étaient exagérés, j'ai fini par ne plus faire confiance en ces derniers (je suis autiste et j'ai toujours eu des particularités sensorielles qui étaient minimisées), et à chercher à être comme tout le monde.
Mes questionnements sont revenus depuis quelques années en beaucoup plus fort, et pour en avoir le coeur net j'ai commencé à expérimenter avec les accords masculins et neutres, et avec un prénom masculin, notamment dans un groupe de parole pour personnes trans, non-binaires et/ou en questionnement. Ça m'a permis de me rendre compte que je ne suis pas à l'aise d'être perçu comme une femme, que j'ai l'impression que le moi féminin que tout le monde connait est une autre personne. Je ne suis pas encore totalement certain d'être à 100% un homme ou non-binaire, mais en tous cas je suis quasi sûre de ne pas me reconnaître dans mon AGAB.
Sauf que... Dès que j'essaie d'en parler à qui que ce soit d'autre dans mon entourage, je suis pétri de doutes. J'ai l'impression que les mots sont bloqués dans ma gorge. Récemment, j'ai fait un sorte de coming out à mon copain, qui a dit qu'il me soutiendrait dans mes démarches (mais je ne suis pas sûr qu'il continuera à être amoureux de moi ceci dit...). Lorsqu'il m'a posé une question toute basique : "Quels sont tes pronoms ?" j'ai même pas su lui répondre, alors que je n'ai pas de problèmes à les donner lorsque je suis en groupe de parole entre personnes trans/enby/en questionnement ! Je suis à un stade où je suis tenté de lui dire : "Oublie ce que je viens de te dire, fais comme si j'étais une femme
".Je pense que j'ai très très peur dans le fond, car je sais que l'amour que mon entourage m'a donné est très lié au fait d'être une femme, une fille, une copine, une bonne pote. Par exemple je suis "la seule fille" de ma mère et je vois bien comment elle me traite différemment de mes frères ! D'ailleurs à un moment elle m'a dit très explicitement "Ne me fais pas de truc de changer de genre". Une des potes, je sais qu'elle a les meilleurs intentions possibles, mais malgré lui avoir fait part de mes interrogations concernant mon identité de genre, elle continue à me gender au féminin et à me donner des surnoms affectueux féminins. Et quand à mon copain... Bah, c'est d'une femme dont il est tombé amoureux.
Et puis à quoi ça servirait de faire mon coming out, si je ne compte pas, à l'heure actuelle, prendre de traitement hormonal et/ou faire de chirurgies ? Je pense que mon entourage, et plus particulièrement mon copain, ne sera pas en capacité de process que je ne suis pas une femme tant que je ne ferai pas de transition médicale. J'ai l'impression aussi que c'est bien trop tard (j'ai 26 ans) et que la perception que les autres ont de moi est figée dans le marbre.
Je suis désolé si ça part dans tous les sens j'espère que vous avez compris mon propos
