Corps & genre, suis-je le seul ?

Relations sociales, acceptation, coming-out...
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Kaghan
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Corps & genre, suis-je le seul ?

Message par Kaghan » 27 mars 2018 18:06

Ça fait quelques jours que je rumine, dés que j'ai cinq minutes de libre j'y pense et j'ai pas envie de retourner dans une spirale sans fin. J'ai besoin de vos avis sur la chose, même si je me doute déjà de certaines réponses au fond. Mon esprit est un vulgaire serpent, qui dés qu'il en a l'occasion se mort la queue pour tourner en rond. C'est sans doute rien, mais peut-être que d'autre sont comme moi ? Et franchement, si c'est le cas, ça me rassurerait. Parce que quand j'y pense, je peux tellement seul que ça me fait flipper.

Il y a quelques jours, j'ai rencontré une personne. Je ne sais pas trop comment le/la qualifier, parce iel à pas été très clair en fait ... Iel m'a dit "Tu peux m'appeller *Nom masculin* quand je suis en homme, mais quand je suis en femme j'aime bien qu'on m'appelle *Nom féminin*" Juste que là, aucun problème, je suis dis ok c'est une personne non-binaire ou genderfluid ou un truc du genre. Ça me pose aucun soucis ! Même si l'expression "quand je suis en ..." m'a un poil mit mal à l'aise. Enfin, c'est ses mots, s'iel les utilisent, c'est que ça lui va ! Bref.
Au fil des discutions, iel m'a expliqué que n'étant pas encore "entièrement transitionné" (ce sont ces mots), iel ne se considère donc "pas encore" comme une femme. Iel m'a aussi dit des choses qui m'ont réveillés des questions que j'avais arrêté de me poser. Des trucs du genre "Je respecte ceux qui font pas tout, mais j'ai l'impression que ceux qui font pas toutes les opérations vont pas jusqu'au bout". Mais jusqu'au bout de quoi ? D'une transition ? Mais une transition, c'est pas genre ... Tout le reste de notre vie la transition ? A devoir se cacher ou s'outer aux nouvelles rencontres ... A devoir réfléchir à la suite quand on a des doutes, que se soit sur les CO, le THS, les opérations, le CEC et sans doute des trucs auquel je pense pas.

J'ai du mal à formuler mes phrases, à mettre en ordre mes idées pour qu'elles soient claires. Je suis tout à fait conscient qu'une femme peut avoir un pénis, et un homme un vagin, et j'ai aucun soucis là dessus. Je l'ai lu tellement de fois, pour moi c'est juste logique que les parties génitales de quelqu'un ne font pas son genre. J'ai vu beaucoup de personne qui ne veulent pas être opéré en bas. Et je comprends pourquoi. Et j'ai vu beaucoup de personne qui veulent l'être. Et je comprends tout aussi bien pourquoi.

Je suis pas en train de me poser la question de "qu'es-ce que je veux faire", parce qu'au final, ça fait un moment que je le sais. Je veux pas de pénis, je veux pas de testicule, je veux pas de vagin, je veux pas de grandes lèvres, je veux pas de petites lèvres, je veux pas de mont de vénus. Je veux juste pas de partie génital en fait. Parce que je trouve ça encombrant. Parce que j'ai l'impression que j'aimerais jamais en avoir. Parce que m'imaginer avec l'une de ces choses me fait me sentir mal, et savoir que j'ai certaine de ces choses d'ailleurs réveille en moi un mal-être que j'ai du mal à calmer. Juste garder ce qui a poussé de mon dicklit en enlevant tout le reste autour.

Mais peut-on vivre sans aucune de ses parties ? Une vie de couple durable j'entends. Une vie où on nous dit pas "Peut-être que tu voudras plus tard" mais qu'on respecte juste que voilà, y'a rien et que rien c'est bien. Comme chez les poupées, y'a juste un trou pour uriner. Et le seul questionnement que j'ai c'est pour une éventuelle urétro, où ma vision "pratique" de la pisse debout sans ustensile se bat contre ma vision "réaliste" des potentiels risques de complication pour ce genre d'opération. Et très franchement, j'en ai même pas plus envie que ça, parce que pisser assit n'est aucunement dérangeant pour moi. Mon grand-père pissait assit, mon père aussi, même mon beau-frère pisse assit ! Des cis qui font ça assit, j'en connais plein, alors pourquoi moi je devrais m'obliger à faire ça debout ?

J'ai d'ailleurs déjà ouvert un post sur ce forum concernant mes questions sur les vaginectomies. Mais pareil ... Est-qu'un médecin sera d'accord pour m'enlever ça sans rien m'ajouter après ? Est-ce qu'on a le droit d'être des barbies ?!

Je me suis toujours imaginer les méta comme des genres de pizza d'opération génitale, t'y met ce que tu veux ou tu enlèves ce que tu veux. Mais ça fonctionne réellement comme ça ? Genre ... Je peux aller voir un chir et lui dire "Moi je veux qu'on m'enlève ça, ça, ça et c'est tout, rien d'autre" et qu'il me répond "Ok pas de problème" sans poser de question ou vouloir me "forcer" à faire d'autre chose ?

Quand j'ai ce genre de parole, on me dit souvent que du coup je suis non-binaire, que je suis pas sûr de moi, on m'a même dit de retourner voir un psy parce que c'était pas normal :roll: Que je serais jamais "entier", "fini". Alors que jusqu'à maintenant, je me suis toujours considéré -et je me considère encore d'ailleurs - comme un homme, juste un homme. Mais un homme qui ne veut pas ces choses là dans ou sur son corps. Tout ceux avec qui j'en ai parlé, sans exception, m'on fait comprendre que je "changerais d'avis plus tard" ou que je "suis pas normal". Et ça me bloque du coup. J'ai besoin d'en parler, mais je peux pas en parler. On m'a même dit que si je venais à faire ça, je serais comme le pain d'un sandwich, mais sans les ingrédients dedans, que du coup j'aurais "aucune saveur" pour un partenaire potentiel, hormis les asexuels. Parce que oui, malgré que je veuille pas tout ce que j'ai cité plus haut, j'aime le sexe.

Alors ... Entre-nous, est-ce que quelqu'un est comme moi ? Ou même dans la communauté trans je suis quelqu'un de bizarre ? Est-ce que c'est un mal ? Est-ce que je risque vraiment de finir ma vie tout seul comme un con juste parce que je supporte pas ce que j'ai là actuellement mais que je veux pas de chose en plus ? Est-ce que j'ai un problème à vouloir à ce point "neutralisé" mon entre jambe alors que le reste de mon corps je me plait à le rendre masculin ?

Je suis désolé du pavé, mais ça m'a fait du bien de le sortir :roll: Et je me rappelle pourquoi j'avais mis fin à toutes mes relations sociales ... Parce que mon esprit tordu analyse tout ...
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Re: Corps & genre, suis-je le seul ?

Message par Austin/Aka » 27 mars 2018 19:09

A la question, "Suis-je le seul dans ce cas là?" la réponse est non (je pense que tu t'en doutais, donc laisse moi développer un peu tout ça, déjà que c'est la seule question à laquelle je vais vaguement répondre).

Cette problématique de la poupée barbie, je l'ai aussi. Je ressens exactement la même chose que toi, si toutefois j'ai bien compris ce que tu disais. Dans l'idéal, dans un monde parfait et chimérique dans lequel on peut choisir, c'est physiquement faisable, sans danger et sans jugements, je ne voudrais rien. Pas de mont Vénus comme tu dis, pas d'excroissance non plus (désolé si ça choque quelqu'un, j'arrive pas à me rendre compte de si c'est péjoratif ou non, mais je crois pas). Je veux juste, rien. Vraiment, dans mon parfait scénario, je garderais même pas d'engin pour pisser, dans le sens dicklit - après, ça peut encore largement changer de ce côté, n'étant pas encore hormoné. Je voudrais être un poupon, quoi.

D'un autre côté, je me rends compte depuis quelques temps que le manque commence à se faire sentir à ce niveau là. Et ce que je déteste, c'est que pour le coup, ça ne vient pas de moi, c'est pas du tout quelque chose dont j'ai envie à la base, comme je viens de le dire. Ca m'a même toujours rebuté. Seulement, je pensais que les mentalités avaient changé, mais j'ai au contraire l'impression que l'importance accordée à "l'attribut masculin par excellence" (beurk) est aujourd'hui plus forte que jamais. Officiellement, le politiquement correct fait qu'on est en apparence super cool pour tout ce qui touche au sexe (et aux sexes), mais en réalité, la pression de qui a la plus grosse, je la ressens souvent depuis que j'ai rencontré des personnes qui me connaissent en mec, comme si t'avais toujours quelque chose à prouver. J'ai une confiance en moi proche du zéro absolu, et j'ai la sensation d'avoir des choses à prouver. Donc je vis mal la situation, et je commence à me dire qu'à choisir, tant qu'à disposer de génitaux qui me font grimacer, autant que ce soit quelque chose qui soit en accord avec ce que les autres attendent. Ca me déchargerait de toute cette partie "tu seras pas entier, tu trouveras personne, t'as des choses à prouver tant que t'es pas """"fini"""" ". Ne serait-ce qu'au niveau acte sexuellement, justement. Et pourtant, je suis asexuel. Tu vois jusqu'où ça va, quand même. Et ça me fait tellement chier, parce qu'en vrai, au fond, si je m'écoutais juste moi, je veux un entre jambe bien lisse, bien plat, un simple carrefour entre le haut et le bas du corps. Là où on me propose du bleu ou du rose, je veux du gris. Et je me dis que merde, dit comme ça, c'est pas très compliqué.

Après, point de vue technique, opérations tout ça, j'y connais rien. Vraiment rien. Mais ce que tu dis en tout cas, ça me parle. J'en conclu humblement que non, tu n'es pas seul. On est au moins 2 (et je soupçonne qu'on soit bien plus nombreux).
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Re: Corps & genre, suis-je le seul ?

Message par PauSG » 28 mars 2018 10:58

Les autres l'ont déjà dit mais comme c'est important, je me permets de le redire: non tu n'es pas bizarre, et non il n'y a pas de "fini.e" ou "pas fini.e". Sinon est ce que quelqu'un qui se fait retirer l’appendice n'est plus fini.e ? :hum:

Pour ce qui est des opérations le mieux serait de demander à un chirurgien (MJ a Lyon par exemple est assez à l'écoute des demandes de ses patient.e.s pour se rapprocher au mieux des résultats souhaités).
En fait il va y avoir 2 questions, est ce que techniquement le chir est capable de faire ce que tu demandes, et est ce que médicalement/du point de vue de la santé c'est réalisable.
Par exemple une vaginectomie, tant que tu as eu une hystérectomie c'est possible.Par contre je ne sais pas si un médecin pourrait/serait d'accord pour enlever tout l'appareil génital extérieur, parce que je me demande si il y aurait des risques d'infection par exemple au niveau de l’urètre (je ne suis pas spécialiste, je fais juste des suppositions).
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Re: Corps & genre, suis-je le seul ?

Message par Kaghan » 28 mars 2018 17:35

@Austin/Aka; Si tu savais à quel point te lire m'a fait du bien. Je me sens moins seul. Merci ! J'ai un milieu social très peu évolué, et constitué majoritairement de femme cis, du coup je ne connais pas vraiment cette pression de "qui à la plus grosse" dont tu fais mention. Ma confiance en moi varie franchement selon le sujet. Et la vision que j'ai de moi-même est relativement négative ... Du coup, même si je sais qu'il ne faut pas se focaliser sur le regard des autres, et bien la plupart des commentaires concernant mon corps me touche, sans doute de trop. Même si je le laisse pas vraiment paraitre sur le coup (je suis un adepte du sourire neutre), j'en deviens vite agressif ou sur la défensive par la suite par j'ai besoin de temps pour digérer les infos plus ou moins douteuse qu'on m'a balancé. Et j'entends bien trop souvent autour de moi "Ah non mais moi un mec sans b*te je pourrais pas sortir avec, faut que tu penses aux personnes avec qui tu seras dans l'intimité" à mon gout ... Ou même beaucoup plus récemment, "tu devras cacher tes cicatrices quand il fera chaud, ça risquerait de choquer les autres" alors qu'un de mes beaux frères à eu des greffes de peau, c'est clairement voyant, mais ça non ... Ça pose pas de soucis, tout va bien dans le meilleur des mondes. :mur:

@Yado; J'ai l'impression qu'en fait, la personne avec qui j'ai parlé n'a qu'un chemin en tête, qui inclue la totalité des traitements médicaux, iel m'a même parlé de chirurgie faciale ! Toutes ces amies MTF veulent ou se sont déjà fait opérer génitalement, donc je suppose que ça le/la conforme dans son idée "d'entièreté" ... Va falloir que j'ai une sérieuse discussion avec, parce que j'étais vraiment pas bien moi après tout ça :roll: La personne n'est aucunement méchante, au contraire, c'est quelqu'un de vraiment gentil. Mais je pense qu'iel ne se rend pas vraiment de la portée que ces propos peuvent avoir sur quelqu'un qui est moins à l'aise que lui/elle avec son corps.

@PAuSG; J'en avais parlé au chir qui m'avait fait mon hysté, et il semblait choqué à vrai dire ... Il ne m'a rien dit de particulier, juste m'a demandé si c'était vraiment ce que je voulais et si ça serait "suffisant" pour moi vivre. Mais qu'il ne savait pas plus que ça si il y avait des risques ou autre, je me suis pas attardé sur le sujet et il m'avait conseillé de contacter un autre plus qualifié que lui pour poser mes questions.

De ce que j'ai compris, MJ a une liste d'attente longue comme le monde. Mais je vais voir s'il est possible de juste en parler par mail avec lui. De toute façon, c'est un des seuls en France pour les parcours "libre" non ?

En soit, j'ai le temps. Je suis pas hyper pressé de repasser sur le billard. Mais ça commence à me donner la nausée quand on me dit que j'ai pas "encore" fait de phallo, comme ci c'était évident que j'allais en faire une :roll: On m'a même dit que je n'avais pas "les fameuses cicatrices sur les bras". Et honnêtement, ça ne m'étonnerais pas que ça viennent en grande partie des conneries qui passent parfois à la TV ... Je vais en étouffer quelques uns avec des brochures de Chrysalide et ça irait mieux après :twisted:
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Re: Corps & genre, suis-je le seul ?

Message par PauSG » 28 mars 2018 19:06

En terme aussi bien de compétences que d'ouverture d'esprit, je pense que MJ est le plus à même de te donner une réponse claire. Sa liste d'attente est très longue pour les phallos, mais pour les métas elle l'est beaucoup moins.
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Re: Corps & genre, suis-je le seul ?

Message par Mickaël » 13 avr. 2018 06:56

Salut Kaghan.
Je me permets de te donner mon avis concernant ton envie de n'avoir rien entre les jambes même si moi perso j'envisage une méta. Je n'ai jamais été attiré par les rapports sexuels avec pénétration. Ca me dégoûte. C'est juste mon ressenti. Moi les câlins et caresses me suffisent. Contrairement à toi je veux une méta en espérant pouvoir uriner débout car pour moi c'est important. Je ne pense pas faire une phallo car de mon point de vue c'est trop mutilant. Je respecte tous les avis et justement si je n'avais cette envie de pouvoir pisser debout, j'aimerais avoir un entrejambe lisse avec juste l'orifice pour uriner.
Si tu souffres aujourd'hui, c'est que ton destin te prépare quelque chose de bien plus merveilleux pour demain. Ne renonce jamais.
Anonyme.

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