Transidentité et Asperger

Le suivi psychiatrique/psychologique en détails
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Mark
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Transidentité et Asperger

Message par Mark » 28 déc. 2016 12:30

Statistiquement, il semblerait qu'il y ait parfois des liens entre les deux, en tout cas certaines études en cours vont en ce sens. Là n'est néanmoins pas mon propos. Il serait plus sur un retour d'expérience, la mienne ayant été désastreuse. Le diagnostic "adulte" est de toute manière compliqué, mais j'aurais voulu savoir si certains d'entre vous avaient réussi à se faire diagnostiquer correctement "malgré" votre transidentité et ce avec ou sans CEC.

Je m'explique : j'ai dû mentir pour me faire diagnostiquer par une psychiatre (je ne lui ai pas dit que j'étais trans, j'ai payé la consultation en faisant mine avoir oublié ma carte vitale). Toutes les fois précédentes, je me suis présenté au masculin mais j'ai expliqué que j'étais trans' et on m'a vraiment systématiquement fait le coup de "tout vient de votre transidentité". Gros classique. Tout ça pour ensuite me faire jeter par le Centre Ressource Autisme des environs, qui eux avaient conscience de ma transidentité et n'ont pas pu s'empêcher, même si ce n'est pas le pire CRA de France, de remettre ça sur le tapis à chaque nouveau médecin rencontré, donc ça a été biaisé aussi même s'ils ne sont pas aussi catégoriques.
Un autre élément à prendre en ligne de compte : les différents profils, on n'attend pas les mêmes caractéristiques d'un "homme" et d'une "femme" Asperger. Perso et là je parle bien pour moi et pas pour tous les ftm, je cumule vraiment les caractéristiques d'un profil dit "féminin", avec beaucoup de compensation et une empathie visible (très fatigante à l'usage, mais efficace). Résultat, impossible de me faire diagnostiquer par le CRA alors que la psychiatre que j'avais vue en premier était formelle, habituée aux adultes qui compensent. J'avoue avoir été un peu surpris par leurs méthodes dignes des équipes off, où quand tu ne rentres pas dans les cases ça ne fonctionne pas. J'ai conscience de ne pas rentrer dans les cases, et adulte qui plus est, mais je ne suis pas d'accord avec leur protocole simpliste qui ne met pas en valeur mes difficultés particulières. Je ne sais pas si je suis clair, je ne cherche pas ce diagnostic à tout prix, juste que selon moi, et d'autres passés par là, ça ne prend pas tout en compte, là où par exemple au Canada le diagnostic adulte est bien meilleur. Là, du coup, je me retrouve face à un mur, et c'est très décourageant.

Avez-vous un retour d'expérience là-dessus ? Comment cela s'est-il passé pour vous ? Avez-vous menti concernant votre transidentité ? J'avoue qu'à présent je regrette d'avoir essayé ça si tard, ça serait à refaire, je me ferais diagnostiquer "comme fille" puisque visiblement ils veulent absolument une distinction genrée dans leurs protocoles pourris :mur: Dois-je partir me faire diagnostiquer au Canada pour avoir un avis réellement neutre ? :lol: :mrgreen: :evil:

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Re: Transidentité et Asperger

Message par Harrington » 28 déc. 2016 16:00

En fait ma question ce serait "pourquoi veux-tu te faire diagnostiquer par ces équipes CRA qui effectivement n'ont rien à envier à la SOFECT" ?
C'est presque impossible adulte, encore en plus quand on a été sociabilisé en tant que fille (enfin en fait tu résumes tout parfaitement bien donc ce n'est même pas la peine que je ressasse), et bien sûr encore plus en tant que trans...

Pour les "liens" supposés entre transidentité et Asperger, j'ai tendance à penser que puisque grâce à l'austisme, on a plus de recul sur les normes sociales (et qu'une partie de la notion de genre est sociale, au moins - même chez les autistes cisgenres, on peut souvent observer des modes d'expression de genre plus libres), on peut plus facilement prendre conscience qu'on est trans et ensuite, faire une transition sociale ou médicale (parce qu'on a souvent "moins à perdre" socialement, notamment.)

Bref je trouve évidemment ton topic intéressant mais surtout, moi j'aurai tendance à dire que l'importance du diagnostic adulte est négligeable (d'autant plus si tu as quand même pu échanger avec une psychiatre éclairée qui a pu dissiper tes doutes ou t'aider dans tes réflexions.)

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Re: Transidentité et Asperger

Message par Mark » 28 déc. 2016 16:17

Pour les liens supposés, c'est exactement ça que j'ai pu lire, oui, je trouve ça intéressant quand même.

Oui, je comprends bien ce que tu veux dire, mais ce qui est ennuyeux est que les psychiatres "libéraux" ont tendance à renvoyer de manière systématique vers les CRA, un peu comme pour les trans' on est renvoyés vers les "spécialistes", tu vois ce que je veux dire ? J'aimerais bien échapper à ça, mais c'est un petit monde et là on m'a systématiquement renvoyé vers eux, tout ça pour un diagnostic que je sais complètement faussé (je n'ai pas compris, leurs tests ne mettent vraiment pas en évidence les trucs, quand on compense un peu ça suffit, on passe pour quelqu'un de très empathique et tout, mon masque, en somme, mais je ne peux pas enlever mon masque, il est permanent). En gros la psy avait appelé direct le CRA et avait fait le lien, l'idée était de confirmer le diagnostic quand même. C'est un petit monde en plus.

Si tu veux à ce stade j'ai avancé dans mes réflexions, j'ai avancé dans la connaissance de mes limites (ça m'a bien aidé de lire), mais je constate que ça a posé de très gros freins dans mon travail (j'ai été viré des conséquences de ça, finalement, pour aller très vite), dans ma vie de tous les jours et j'ai besoin d'un suivi, d'une reconnaissance à ce niveau-là, et là en gros mon psy (qui est certes très très bien par ailleurs) part sur un truc très psychanalytique, quand je sais pertinemment que c'est un poil plus compliqué que ça (bon, je pense que mon père est asperger aussi, ça c'est un autre problème, ça joue). Du coup je me sens coincé :( J'ai atteint les limites de ce que je suis capable de "faire semblant", et je ne sais pas comment faire reconnaître ça, que c'est pas de la mauvaise volonté, que j'ai de vrais problèmes sociaux. Je ne suis pas une feignasse, mais comment dire ? Quand on ne peut pas, on ne peut pas, et il y a des choses qu'à ce jour je ne suis pas capable de faire, qui vont me bloquer. On avait commencé à travailler ça avec l'assistante sociale et d'un coup on me dit "ah mais non, finalement le diagnostic n'est pas confirmé car vous rentrez pas dans nos cases". Sauf que voilà, je progressais et maintenant je retombe.

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Re: Transidentité et Asperger

Message par Harrington » 28 déc. 2016 16:37

Si tu progressais avant d'avoir la réponse du CRA, c'est bien la preuve que ton progrès vient de ta propre prise de conscience de tes limites et fonctionnements, pas du fait que des "spécialistes" extérieurs mettent une étiquette dessus.
Effectivement je vois bien par quel mécanisme tu as fini dans les pattes d'un CRA (d'autant qu'ils n'ont pas tous les mêmes réputations, certains sont encore pire que d'autres), ça marche vraiment comme pour la transidentité. Mais de la même manière que tu n'aurais pas laissé une équipe SOFECT te dire "non, vous êtes juste une nana pas à l'aise avec sa féminité" (j'ai un peu la nausée en tapant cette phrase, pardon), je pense que tu vas prendre conscience que tu n'as pas besoin du coup de tampon de ces gens pour faire ton propre travail sur toi.

Ensuite, si je pige bien, toi tu le sais que tu n'es pas une feignasse et que tu as des difficultés qui ne sont pas de ta faute, que tu ne marches pas comme les autres, que des choses "simples" sont plus dures et bloquantes pour toi ; le souci c'est qu'en gros tu espérais qu'une validation extérieure de libèrerait du jugement des autres et que là, tu crains de ne plus être pris au sérieux ? Si j'interprète mal, excuse-moi. Si c'est ça, je te conseillerais d'appliquer la même recette que pour ton identité de genre : on sait tous qu'en tant que trans, on croisera toute notre vie des gens pour qui on ne sera pas "des vrais mecs" (je résume, hein.) Et la seule solution c'est de s'en foutre, hélas, parce qu'il y a des gens qu'on ne convaincra jamais. C'est pareil pour le profil neuropsychologique et ce qui en découle. Il y aura toujours des gens, et même avec un diagnostic, qui estimeront que non non, c'est des conneries tout ça, tu n'es pas Asperger, tu les regardes dans les yeux quand tu parles ! Et que tu t'es trouvé une excuse pour te la couler douce et t'affranchir de telle ou telle responsabilité... C'est inévitable, donc il faut utiliser ce super-pouvoir conféré par l'autisme : le fait qu'au fond "les gens", eh ben on s'en tape un peu (je dis bien "les gens" au sens "la société", vu que par contre au niveau empathie envers tel ou tel individu proche, on est au maximum du maximum. Je précise pour que les âmes sensibles ne pensent pas qu'on est tous des psychopathes sans cœur). C'est à la fois le plus dur à faire et à ce jour la seule solution que j'aie trouvé : être sûr de son "bon droit autistique" et respecter ses limites, ne pas avoir honte de les énoncer clairement, et apprendre à se foutre du jugement.

Ce qui n'empêche pas si tu en as envie d'être suivi par un psy pour t'aider à gérer tout ça - mais par contre oui surtout pas de psychanalyste, grand fléau des neuroatypiques devant l'éternel...

PS : en fait je me rends compte que j'ai peut-être rien pigé. "Progresser" c'est dans le sens aller mieux, mieux te comprendre et tout, ou dans le sens "apprendre à faire plus comme les neurotypiques" (en bref comme diraient les super assos pas merdiques du tout, "vaincre l'autisme" ?)

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Re: Transidentité et Asperger

Message par Mark » 30 déc. 2016 02:36

T'as à peu près compris, même si je me rends compte que je ne suis pas très clair. Niveau jugement etc., je suis effectivement déjà au-delà, dans la partie où j'ai réalisé qu'on avait essayé de me marcher dessus et que je n'étais pas d'accord. Que le fait qu'on "reconnaisse" bien plus ce profil au Canada par rapport à la France n'est pas une question géographique mais bien lié au fait qu'en France on est super à la masse sur le sujet. J'ai avancé dans ma connaissance de moi-même en lisant des livres et des témoignages, je sais que je ne suis pas à côté de la plaque. Disons qu'à force j'ai assez de recul pour voir qu'ils fonctionnent effectivement comme une équipe, et puis on m'avait déjà prévenu. Je sais pas, j'ai cru que ça allait être différent parce que c'est mon psy (un mec bien qui veut m'aider pour de vrai) qui m'a finalement également mené là et qu'il avait l'air convaincu de son truc. Et ça fonctionne plutôt avec lui, ce qui est rare, mais je me rends compte que là-dessus il est à côté de la plaque et c'est chaud :/. J'ai fait des progrès avec lui mais du coup je suis un peu paumé.

En fait non, je n'ai jamais estimé avoir besoin d'un coup de tampon avant de rencontrer l'assistante sociale et de me rendre compte que je pouvais avoir un soutien concret. Là je ne parle même pas financier (je pensais pas particulièrement demander l'AAH, je suis au chômage, j'espère pouvoir me réinsérer mais d'une manière différente maintenant que je vois les limites), mais le genre travailler avec le centre social local etc., qui est formé à ces questions, sur des trucs administratifs etc. J'ai ce genre de problèmes de base au quotidien, je me fais même des rappels pour manger, je suis crevé arrivé à 30 ans d'avoir ce fonctionnement, et ma manière de compenser non stop me fatigue aussi énormément. Et en fait du coup comme ces couillons sont pas foutus de constater tout cela parce que je communique bien en un face à un (normal, je bosse ça depuis plus de 25 ans les connards, normal que je fasse illusion avec mon "éducation de meuf"), ben finalement je ne vois plus l'assistante sociale et j'en reviens à ma solitude de base. Et ça je ne le vis pas bien. Je me suis senti vraiment désemparé et j'osais même pas l'exprimer, en mode "non mais ils ont peut-être raison, qui sait ?" et autres "ça va pas t'aider".
Sauf qu'à force non je sais que comme tu dis c'est du fonctionnement en équipe, j'ai bien constaté que depuis que j'ai pris conscience de ça j'ai vraiment progressé concrètement, même avec les gens, et dans ma manière de me préserver, chose que je ne faisais pas assez avant car je n'arrivais pas à identifier les causes. C'est pas que j'ai envie de déléguer des trucs, d'être accompagné tout le temps, mais ça allait me faire une béquille et là on me l'enlève d'un coup alors qu'on me l'avait promise après le premier diagnostic de la première psy censée que j'avais vue. Mon psy veut que je rencontre son collègue pour mes problèmes d'attention, ça pourquoi pas, mais c'est plus global que ça, je lui ai dit et lui s'entête à me sortir que mes parents m'ont pas appris les codes. Ce qui est vrai, mais ça n'aurait été que de la compensation plus tôt dans mon parcours, point barre. J'ai essayé de lui expliquer mais c'est compliqué, je passe juste pour le type borné dans un auto-diagnostic face à une équipe de spécialistes qui sait de quoi il parle, alors que pour moi clairement pas, pas pour les adultes en tout cas. Ca reste cordial car j'ai pas affaire à un con, il est totalement convaincu de son truc. Si on avançait pas aussi bien sur le reste et s'il n'était pas aussi bienveillant je le laisserais tomber sans remord, mais j'ai quand même avancé avec lui ; j'ai globalement confiance en lui, ce qui est une sorte de miracle vu mon rapport à la médecine. Sauf que du coup j'ai l'impression que je ne vais pas pouvoir compter sur lui sur cet aspect et ça me rend confus.

En gros, ça serait pas "vaincre l'autisme" car ce genre de pensée me fait gerber aussi. De la même manière que je suis bien content d'être trans finalement, je me fous d'être catégorisé autiste, j'ai toujours été en marge, que ça soit un truc ou un autre, je m'en fous, la marge j'y suis déjà et ça a forgé qui je suis (je sais maintenant que c'est notamment parce que je suis neuroatypique). J'ai pas besoin de clamer au monde entier que je suis dans cette marge mais c'est un fait donc je ne vais pas chercher à "devenir neurotypique". Déjà parce que c'est impossible, c'est un peu ce que j'ai fait dans les épisodes précédents sans le savoir et bien entendu ça n'a pas marché. Ca serait plutôt faire semblant de manière moins fatigante, quand c'est nécessaire, pour que je puisse avancer au quotidien, ça serait aussi trouver un moyen d'être aidé quand je ne peux vraiment plus, pour pas me retrouver avec un an de retard (voire plus si on prend un truc comme ma carte vitale que j'ai mis six ans à refaire) sur de la paperasserie parce que c'était trop difficile, ce genre de trucs. Je suis juste deg' là.

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Re: Transidentité et Asperger

Message par Aza » 16 nov. 2019 22:44

Salut Mark,

Ton topic me parle particulièrement.

Je suis actuellement en plein questionnement sur un possible syndrome d'Asperger et je pense aller consulter un psy spécialisé dans l'autisme très prochainement car j'aimerais obtenir un diagnostique.
Je pense que le diagnostique est important dans le sens où il vient valider (ou invalider) un ressenti et un auto-diagnostique. Cela permet de mieux se connaître, de comprendre pourquoi on réagi ainsi, de savoir que l'on n'est pas fou mais juste différent et que cette différence à un nom et est reconnue.
Un diagnostique positif pour l'Asperger peut permettre d'écarter d'autres pistes possibles de troubles mentaux comme la skyzophrénie ou le trouble borderline, par exemple.
Il est possible d'obtenir un diag en passant par un psychiatre dans le secteur privé, ils sont généralement bien mieux informés, plus ouverts et ont les moyens de prendre le temps de se pencher plus sérieusement sur les cas de leur patientèle. Je pense opter pour cette voix là.

C'est en me renseignant sur le syndrome d'Asperger que j'ai appris que beaucoup d'Asperger avaient des questionnements sur leur identité de genre. Et ça a fait l'effet d'une bombe dans ma tête. On peut dire que je ne m'attendais pas du tout à trouver un lien de cause à effet entre les deux plus grands questionnements de ma vie, et pourtant, voilà qu'ils semblaient liés! Une révélation!!
Ca m'a grandement conforté dans l'idée que je ne me trompe peut-être pas en pensant être trans.
Alors, bien entendu, ça ne règle pas tout et je continue d'avoir peur de me tromper mais malgré tout, j'ai pu avancer un petit peu sur le chemin de la compréhension de soi.
Il n'y a pas d'âge pour s'accepter et faire le choix de vivre pour soi et non plus pour les autres.

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Re: Transidentité et Asperger

Message par Mark » 24 mars 2020 02:24

Aza a écrit :
16 nov. 2019 22:44
Je pense que le diagnostique est important dans le sens où il vient valider (ou invalider) un ressenti et un auto-diagnostique. Cela permet de mieux se connaître, de comprendre pourquoi on réagi ainsi, de savoir que l'on n'est pas fou mais juste différent et que cette différence à un nom et est reconnue.
Un diagnostique positif pour l'Asperger peut permettre d'écarter d'autres pistes possibles de troubles mentaux comme la skyzophrénie ou le trouble borderline, par exemple.
Il est possible d'obtenir un diag en passant par un psychiatre dans le secteur privé, ils sont généralement bien mieux informés, plus ouverts et ont les moyens de prendre le temps de se pencher plus sérieusement sur les cas de leur patientèle. Je pense opter pour cette voix là.
Pour le coup j'ai écarté moi-même les autres diagnostics et ça avait été confirmé par une psychiatre en privé avant queç a dégénère. Et du coup dans les Hauts de France j'ai fait le tour des psychiatres en privé, du moins la liste que j'avais, et puis j'ai décidé d'arrêter les frais après le CRA et comprendre ce qui clochait avec mon psy et voir comment avancer.
Du coup tu en es où Aza, de l'évolution de ton côté ?

De mon côté, j'ai fini par opter pour une autre stratégie et je la partage avec vous pour vous montrer combien c'est rigolo (non, mais à la fois oui). Évidemment là j'évoque des choses qui concernent mon profil spécifique, tout le monde n'a pas les mêmes spécificités. Je ne démords pas de l'idée que mon idée de base est bonne, et il s'avère que mon psychiatre qui a mis le cirque dans tout ça a semble-t-il un biais gigantesque. Gentil mais largué sur certains aspects (je ne peux pas expliquer trop clairement ici). Et du coup je suis obligé de m'y prendre autrement. Je le vois buguer parfois, remettre en question son propre rejet d'un diag d'autisme et il me sort des trucs absolument contradictoires. Je vois qu'il est largué dans ses propres débats internes, par moments il m'a sorti des trucs très clairs, montrant même qu'il était au clair sur des études reliant transidentité et autisme, et par moments il bugue et s'embourbe dans des explications à deux francs six sous. Ça m'a énervé pendant un bon moment et j'ai failli le planter mais il est vraiment bienveillant globalement et ça me fait un garde-fou. J'ai perdu plusieurs séances à essayer de l'orienter pour lui montrer ses contradictions et qu'on puisse avancer mais ça n'est jamais arrivé. J'ai fini par opter pour autre chose : je ne prononce plus le mot autisme. Par contre, je prends une thématique à la fois et j'ai fini par obtenir des tests supplémentaires. Ça revient au fond à exactement la même chose et on examine les mêmes aspects sauf qu'on n'a pas dit le mot magique et pour lui ça change visiblement tout :roll: . Heureusement que je suis persévérant hein, ça me tue mais bon, j'expérimente et je peux au moins faire un retour aux autres (de type si vous êtes dans le Nord, laissez tomber à moins d'être archi-nul en masking).

Et là MIRACLE. Cette stratégie pourrie marche vraiment bien :shock: , il est devenu très efficace dans la gestion du détail (et me fait un bon suivi pour le trouble de l'attention aussi donc c'est cohérent). Pour les stratégies de communication pour l'instant c'est pas central, je remets ça à plus tard au sens où le reste implique des tests et j'attends plus. Je pense que mon système de masking n'est pas spécialement évitable, ça me permet d'être sociable en apparence. Donc pour l'instant c'est en stand-by. Par contre on travaille sur le reste.

J'ai donc vu une psychomotricienne (au CRA, LOL, mais géniale absolument safe trans et autisme, je recommande très fort le Dr. K.) et on a testé autant la sensorialité que les aspects psychomoteurs. Il s'avère que j'ai officiellement une hypersensibilité et des problèmes moteurs. Je le savais mais là c'est attesté et on m'a donné des pistes. Elle, clairement, m'a posé des questions montrant qu'elle orientait son idée vers l'autisme mais j'imagine que comme la précédente son idée a dû être balayée par mon psychiatre. M'enfin sur le coup c'était vraiment cool et si elle n'a pas non plus prononcé de diag (pas son rôle), elle m'a demandé plusieurs fois pourquoi en étant allé au CRA on m'avait pas fait passer d'autres tests que ceux que j'avais passés (je me suis tué à répéter ça à mon psy après, ouais). Le retour en rendez-vous conjoint avec mon psy était curieux du coup mais elle m'a orienté vers des objets et des stratégies et il faudra que je voie un·e psychomotricien·ne (elle ne fait que des diag). Donc on va réorienter mon dossier MDPH pour voir si on peut financer des séances. Ça a vraiment avancé d'un coup même si... du coup on en revient aux aménagements évoqués avec l'assistante sociale du CRA avant que mon psy ne me réoriente vers le pôle diagnostic, trop marrant quand on y pense :rainbow: .

A côté de ça j'ai aussi fait des tests en orthophonie car problème de dysphasie partielle, comorbidité ultra-classique avec l'autisme ai-je lu. Je ne connaissais pas le mot mais j'avais bien repéré ce qui me gênait donc j'ai fini par tomber sur des articles en partant des symptômes que je décelais.
Lors des rendez-vous de tests, j'ai pu constater que le psy avait un peu orienté l'orthophoniste (en mode ”c'est probablement plus de l'émotionnel”) donc j'étais un petit peu furax sur le coup (je l'ai balancé à mon psychiatre d'ailleurs) car elle semblait influencée mais elle est pro donc elle m'a fait passer tous les tests normalement pour tout vérifier. Et devinez quoi ? Eh bien exactement TOUT ce que j'avais perçu m'a été confirmé. Comme quoi. Donc en gros problème de mémoire de travail et problème pour avoir accès à ma ”base” de données et trouver le vocabulaire etc. Donc c'est pas moi qui me faisais des films (à force hein on finit par se poser des questions :roll: ) et bam pour le psychiatre qui veut toujours tout rattacher à l'émotionnel. Tuons la psychanalyse en France purée :mur: , ça détruit les patients sérieusement. Bon, en tout cas à force de persévérance j'ai ma réponse sur cet aspect et on pourra commencer des séances d'orthophonie pour améliorer ce qui peut l'être.

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Re: Transidentité et Asperger

Message par Radis » 25 mars 2020 01:23

Ca tombe bien, je lui en envoie un autre ^^

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Re: Transidentité et Asperger

Message par gavrochetcie » 27 mars 2020 06:15

Bonjour,
c'est intéressant ce sujet.
La découverte de l'autisme et notamment de l'autisme des personnes élevées en tant que filles a été fondamentale pour moi ( la découverte de ce qu'était la transidentité aussi, dans le même genre de révélation d'ailleurs).
Mais je suis en bretagne, aucun psychiatre digne de ce nom capable d'entendre parler d'autisme chez une personne afab de 42 ans qui s'est adaptée, a compensé ( et s'y est épuisée).
J'ai seulement pu voir deux psychologues dont c'est la spécialité et qui tous les deux m'ont encouragé à entamer des démarches diagnostics. Sauf que le CRA de Brest c'est 4 ans d'attente (j'en suis à même pas trois...) que ma fatigue chronique m'empêche de faire 4h de route A/R pour aller voir la psy la plus calée sur le sujet et la plus apte à m'aider... Elle pourrait me faire passer les tests, mais ceux ci ne vaudront rien sans l'avis d'un psychiatre. Je vais quand même essayer de la recontacter une fois cette histoire de virus terminée...

Mark, ce que tu racontes sur ton psy ne m'étonne pas. J'ai eu la même chose, mais en version moins sympathique. Le médecin avec qui je suivais une thérapie comportementale m'a ri au nez quand j'ai évoqué l'autisme. Vous ne ressemblez pas à quelqu'un qui est autiste ! alors que bon sang trois quart de ce que je faisais avec lui consistait à débuguer des situations sociales. Alors je ne lui en veux pas complètement, il m'a aidé concrètement. Ce que j'ai appris avec lui, très difficilement car il s'agaçait de me difficultés à intégrer certaines choses, me sert encore aujourd'hui. Mais il m'a fait perdre deux ans. Deux ans avant que j'ose en reparler à mon médecin traitant qui lui a dit "oui, je pense que c'est une bonne voie à creuser..."
Bref, avec le 1er médecin, j'ai pas eu le courage de faire ce que tu as fait (j'ai pas apprécié du tout certaines choses aussi qui n'étaient pas forcément très bienveillantes alors que, peut-être, j'aurais pu toucher du doigt le sujet de la transidentité s'il ne m'avait pas balancé : à 35 ans, il est temps d'arrêter de vous demander qui vous êtes et de vivre!"... Ca fonctionne sans doute très bien sur des personnes lambda qui ont eu une puberté, une adolescence "normale" où ils ont pu se définir. Moi, j'ai le sentiment que non , mais à l'époque je ne savais pas l'exprimer. La joie aussi de l'autisme : frizzer durant une discussion, avoir des tonnes d'arguments dans le cerveau et ne pas savoir en dire un mot. Des fois, je me dis que je dois ressembler à un idiot dans ces moments. Plus rien ne sort...

Mais en tout cas, le lien entre autisme et troubles de l'identité de genre m'a frappé également. Et a été confirmé par le psy que j'ai vu y'a un mois maintenant, qui connait les deux sujets. Il est bien, il me fera des attestations si je veux une mammectomie, de la testostérone, y'a aucun souci avec ça. Mais j'ai l'impression que concrètement, par ailleurs, sur l'autisme, ce sera moins ça que l'autre...
Je n'avais pas songé au psychomotricien, tiens ! J'suis bourré de soucis de ce coté là (jamais su apprendre à nager malgré piscine toutes les semaines à l'école durant cinq ans...)

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Re: Transidentité et Asperger

Message par Aza » 27 avr. 2020 01:13

Salut Mark!

Pardonne moi pour le délai de réponse. Je suis un peu en mode montagnes russes depuis quelques mois et j'ai voulu mettre tout ça de côté pour voir si ça passerait, mais ça passe pas comme tu peux le constater par ma réponse. ^^"

Et bien dis donc, quelle persévérance et quelle détermination dans ton parcours!! Bravo!

Quant à moi, je n'ai malheureusement pas encore réussi à trouver l'aplomb nécessaire pour aller consulter un psy alors que je sais pertinemment que j'en ai grandement besoin pour tout un tas de choses, tout un tas de maux et de troubles, pas seulement la transidentité ni l'autisme que je fais plus que soupçonner chez moi. Disons que je n'ai pas eu la vie facile depuis très jeune.
D'une manière générale j'ai du mal à aller ne serait-ce que chez le médecin alors, un psy ça m'effraie d'autant plus. Je souffre de phobie sociale, ce qui n'arrange rien à mon affaire.
Je me cache depuis tant d'années que j'ai peur que l'on arrive à briser ma coquille et pourtant comme je le souhaite... C'est totalement paradoxal.
Je suis un paradoxe ambulant. ><
J'en ai marre d'être comme ça en vrai, ça me pourri bien la vie de douter et d'avoir la trouille de me planter sans arrêt.

Mais, bon, résolution de 2020, j'ai décidé de me foutre des coups de pieds au cul et d'entamer le long processus de la compréhension et de l'affirmation de soi. Manque de pot, 2020 étant une année quelques peu "particulière", vous en conviendrez, je ne sais pas quand ni comment je vais pouvoir m'y mettre.

Il va tout d'abord falloir que je trouve des gens à qui poser des questions sur Paris et qui pourront me renseigner sur les démarches et, éventuellement, me conseiller des praticiens ayant fait leurs preuves.
Je suis déterminé, alors il ne faut pas que je laisse le soufflé retomber.
Il n'y a pas d'âge pour s'accepter et faire le choix de vivre pour soi et non plus pour les autres.

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