Son identité

[Willy]

Bonsoir,

Ça tourne pas mal dans ma tête ces temps-ci. Il faut savoir qu'à la base, si j'ai connu le monde de la transidentité c'est parce que mon ancienne coloc est une personne transgenre, ainsi que la personne que j'aime.
C'est avec ces deux personnes qui me sont très chères que je me suis remis en question, et que finalement je me suis rendu compte que je n'étais pas un fille.
Seulement voilà, c'est la seule conclusion que j'ai pu avoir, et c'est toujours la seule conclusion aujourd'hui. Ça ne fait qu'un an que je me questionne, je sais aussi que je penche plus vers la balance du masculin, en "terme de société" (J'veux dire par là que si j'avais à choisir, j'aurai choisi homme). Mais il y a énormément de choses qui m'angoissent et me posent questions, au final je ne sais pas vraiment qui je suis.
J'admire beaucoup d'entre vous qui savent qui iels sont, ce qu'iels veulent faire sur leur corps pour changer, ou même ce qu'iels ont ou vont dire à leurs proches. Parce que moi j'ai l'impression d'être simplement une sorte de reflet dans un miroir, qui change à chaque fois que quelqu'un me regarde. Il me semble qu'avant d'être amoureux, j'ai été amoureuse, tout en étant toujours pas une femme (même si je me posais pas ces questions là, je pense que je n'ai jamais été une fille/femme de ma vie, ça c'est sûr), mais n'est-ce pas encore le reflet de mes anciens compagnons ? Je suis beaucoup plus à l'aise de parler de moi au masculin, à tel point que ça me demande des efforts de me remettre au féminin pour certaines personnes non au courant de ce que je ne suis pas (mais ça ne veut rien dire au final).
Mais, quand je regarde dans le miroir, je ne vois rien. Rien d'autre que des choses que je ne suis pas, j'ai aucun pied à terre, aucune plateforme sur laquelle me poser, aucune vérité que je sais réelle. Beaucoup m'ont dit qu'il fallait que j'arrête de chercher une case où me poser, que ce n'était pas important, mais j'ai l'impression qu'à cette situation là, je n'ai rien de tangible même intellectuellement. J'arrive pas à savoir où commence mon identité et où s'arrête celle que me donnent les autres, et je ne sais même pas si celle-ci est détachable du reste. Si on ne m'avait jamais parlé de transidentité, je n'y aurais sans doute jamais pensé tout seul.
J'ai de la disphorie, parfois, quand j'y pense surtout, mais ça s'efface dès que je n'y pense plus, ce n'est pas un réel poids dans ma vie, du moins quand je suis seul. Entouré de personnes avec lesquelles je ne suis pas out et qui me font du mal, je ressens de la disphorie, mais encore une fois c'est parce que leur regard me rendent une image qui ne me correspond pas, celle d'une femme. Avec les personnes avec qui je suis out, c'est rarement voire jamais un soucis (il y a une exception cependant, c'est dans tout ce qui est sexuel, mais n'ayant jamais eu de relations sexuelles en étant celui que je suis aujourd'hui, bah c'est pas vraiment une priorité ou un besoin).
S'il y a une chose que je sais, c'est que je n'ai pas envie de faire de la chirurgie lourde seulement pour pouvoir rentrer dans la case "homme" que la société me propose, parce que mon corps tel qu'il est, ne me dérange pas plus que ça (encore une fois, tout seul, sans personne transphobes et/ou mauvaise autour de moi, ou qui insiste que "je suis une fille").
Du coup, même si j'ai beau vouloir appartenir à un "tout", j'ai l'impression que mon lien avec tout ce qui m'entoure, toutes les communautés, sont comme des grains de sables qui s'effondrent dès que j'y réfléchis. Je ne me sens pas cis, ça c'est certain, mais je n'arrive pas à savoir si je rentre réellement dans la communauté trans (ce qui est étrange non ?), j'ai l'impression simplement d'appartenir à tout ce qui n'est pas cis/hétéro, sans pouvoir mettre le doigt sur quoi (même "non-binaire", "queer", c'est pas ça). La seule communauté avec qui le lien est plus fort, c'est la communauté gay (dans le sens, un homme qui aime un homme), et il est certain que la plupart des amab gays mettront une barrière (transphobe hein) entre eux et moi, parce que mes parties génitales ne correspondent pas à ce qu'ils aiment à la base.
Je sais qu'il me faudra plus d'un an avant de pouvoir vraiment mettre le doigt là dessus, ou simplement accepter les choses telles qu'elles sont. Mais voilà, je me demandais si ça arrivait à d'autre, ou si c'était déjà arrivé à certains.

[Ketan]

Coucou !
Je me reconnaît dans un partie de ton discours : Je résume mon genre par "je suis pas une fille" ou "quelque part entre le neutre et le masculin, peut être en dehors" et au début j'avais vraiment besoin de savoir dans quelle case je suis, pis finalement ça ne m'embête plus aujourd'hui (probablement parce que j'ai rencontré beaucoup de personne non binaires). Après c'est allé plutôt vite, mon CO à moi-même dans d'avril dernier.
Je rebondi aussi sur le dysphorie : de mon côté j'ai une dysphorie quasi uniquement sociale, j'ai besoin de transitionner physiquement pour être reconnu tel que je suis, mais en soit j'accepte mon corps. J'ai eu de grosses périodes ou je ne me sentais pas légitime à me dire trans justement parce que j'étais pas dysphorique !
Voilà cette réponse n'en est pas une.. Peut être que ça peut t'aider de te sentir moins seul !
N'hésite pas a lire les parcours, tu pourra voir qu'on a tous des ressentis différents, des doutes,.. Etc

[Alexian]

Hey,

Je suis dans la même situation. J ai également longtemps pensé que je ne pouvais pas être trans car je ne m en suis pas rendu compte avant mes 20 ans et qu a part une relation amoureuse pourrie, j étais un ado plutôt heureux. Chez moi la dysphorie physique était surtout liée à mes seins mais depuis que j ai eu une réduction mammaire, je me sens beaucoup mieux. Socialement je suis toujours perçu comme une femme et tant que l on n insiste pas sur ce fait, cela ne crée pas de malaise en moi. Evidemment, quand on me prend pour un homme et qu on me parle au masculin, c est encore mieux. par contre les fois où on insiste sur mon prénom féminin ou sur le Madame dont on me gratifie cela provoque généralement un rejet intérieur que je ne laisse pas sortir car peu de personnes sont au courant. Résultat, je ne sais pas vraiment où me situer, Homme mais pas mâle ou femelle mais pas Femme. J ai lu as mal de témoignage et effectivement je comprends les conseils sur le fait que je ne sois pas obligé de me mettre dans une case mais dans quelques mois je vais avoir un enfant avec ma femme et je ne sais pas si je dois lui dire qu il a deux mamans alors que je ne me reconnais pas dans ce rôle. pourtant c est ce que tout le monde va lui dire et je n ai pas d idee sur comment il va m appeler. Si vous avez des idee, je suis preneur car un peu perdu.
Merci

[Spine]

Hello, j'ai commencé ma transition il y a un peu plus de 3 ans et je retrouve pas mal de mes ressentis au début dans tes mots. C'est difficile de se placer soi même, de savoir ce que l'on veut, j'ai mis deux ans avant de commencer la testo par exemple alors que je savais depuis le début que je voulais le faire, je me suis simplement laissé de temps de me poser, de mettre des mots sur mes attentes, mes envies, mes craintes et sur moi même aussi. Bref tout ça pour dire que tu es au bon endroit pour en parler ici, j'ai vu que tu étais en IDF, peut être que les permanences trans et en questionnement d'OUTrans à Paris t'intéresseraient.
En tout cas tes questions sont légitimes et je pense qu'on est nombreux ici à les avoir vécues, n'hésite pas a en discuter

[Simon]

+1 avec les autres. ça peut sembler paradoxal qu'une personne qui a "fini sa transition" et qui, peut être dans tes yeux, fait partie de ceux "qui savent quand ils se voient dans un miroir" mais en fait, c'est pas forcément le cas.
J'ai moi aussi eu beaucoup de mal à me sentir légitime comme trans, justement parce que pas de dysphorie (hors l'image sociale), parce que j'ai beaucoup hésité à me dire trans... Et je croyais l'image (erronée) qui prétend que tu dois le savoir depuis l'enfance et être très très malheureux, et vouloir effacer ton passé...
J'ai commencé ma transition sociale, et sur le coup, j'ai plutôt "bien vécu" mes 2 ans à être out mais "pré-tout" (si ce n'est que c'était le début de la manif pour tous...) Puis j'ai fait une opé, puis j'ai pris des hormones... Je veux dire, à chaque instant, je me suis dit "tu t'arrêtes ici si tu le sens et ça sera très bien".
Il se trouve que si je regarde la continuité de mon parcours, on peut penser que tout était prévu d'avance... Mais ça n'était absolument pas le cas.

Enfin, ce que tu dis sur la dysphorie qui n'est "que" sociale : J'étais comme toi, et quand ça a arrêté, je me suis rendu compte que "que" social, c'était déja énorme, et ça pesait lourd sur le moral.

[LeSautelutin]

+1!!!!

Ben moi non plus je me sens pas trop dysphorique (quoique, je me rends compte que certains trucs sont peut-être bien bien refoulé... mais bon, ceux-là ne me gênent pas), et perso j'ai dit dès mes 2 ans que le zizi allait pousser et que j'étais un gars , mais justement cela me perturbe comme je me rappelle me sentir tellement bizarre quand les gens ne voulaient pas me croire quand je me disais fille à 8 ans => les cheveux ont poussé à partir de là XD... Alors pourquoi soudain être mal à l'aise dans un cas pareil, si tu es garçon dans ton esprit?

Mais bref, au final, il n'y a pas une seule manière d'être trans, ou se découvrir trans.... et essayer de se situer sur ce spectre est infernal de toute façon ^^.

Mais bon, si tu te sens gay, t'inquiète pas, les gars bi, ou gays ouvert d'esprit, ça existe ^^ (ou même les FtM gay, si tu t'en fiche des parts qui sont éventuellement présents ou pas dans le froc).

Et le gens qui font une transition sans hormones (dans les célébrités: Ryan Cassata) ou sans opérations physiques existent aussi. Et il y a même des FtM qui vivent socialement vu comme une femme et qui ne sont out qu'au personnes proches (ex video: I'm a Guy, de buzzfeed) , et qui le vivent très bien aussi.

Et je pense qu'il doit y en avoir plein/quelques uns ici sur le forum aussi