Etre trans ne serait qu’un caprice ?
Posté : 20 févr. 2018 19:37
Bonjour à tous. Je ne suis pas nouveau sur le forum mais je n’y vais presque jamais, ainsi veuillez m’excuser si un sujet de la sorte existe dans des pages antérieures. Ce post sera long et j’espère que les gens qui le liront me suivront jusqu’au bout. Avant de m’insulter ou de me critiquer pour ce titre provocateur, je tiens à dire que je me dis « j’aurais dû être un garçon » alors que je suis né « en tant que fille » depuis que j’ai 11 ans, et qu’aujourd’hui j’en ai 22, que j’en ai parlé à mes proches depuis un an et que j’ai mon rendez-vous chez l’endocrino dans quelques mois.
Ceci étant dit, je suis considéré comme un garçon dans mon entreprise alors j’ai clairement le physique d’une femme (même si mon passing est pas mal). Cependant, il y a deux semaines, lors d’une sortie de bureau, j’ai eu la conversation suivante avec un collègue que je ne connaissais pas bien :
Lui : Ha mais toi t’es une meuf tu peux pas comprendre ! (Ou un truc du genre)
Moi : Justement, je ne suis pas une meuf !
Lui : Ha oui, il parait…écoute c’est pas pour t’offenser mais j’y crois pas à ça. Pour moi faut assumer ton sexe de naissance. Je dis « il » ou « elle » selon ce que la personne a entre les jambes, c’est comme ça, c’est dans le langage. Toi qui dit que t’es un garçon c’est comme moi qui dit que je me considère comme noir. C’est débile.
Pour moi, n’importe qui peut avoir la personnalité qui veut, c’est pas le problème. Mais le sexe c’est un truc dès ta naissance, tu peux pas y échapper.
Moi : Et du coup, tu fais quoi des personnes intersexuées ?
Lui : Les quoi ?
Moi : Tu sais, les gens nés avec deux sexes à la naissance, où les parents choisissent pour l’enfant.
Lui : C’est l’exception qui confirme la règle ! Mais je connaissais pas…
J’arrête là, d’abord parce que nous sommes partis dans un débat inutile car brouillé par la bière, et aussi parce que les personnes intersexuées n’est pas le sujet.
Le lendemain, j’avais répondu dans ma tête aux arguments qu’il avait avancé. C’est-à-dire :
Il faut assumer ton sexe de naissance : j’aimerais bien, je n’aime pas être en dépression tu sais, d’ailleurs, j’ai passé pratiquement 10 ans à enterrer et repousser le fait de me dire « je suis un garçon » au point que je suis arrivé dans l’âge adulte avec zéro espoir sur l’avenir et sur mon existence. Donc aujourd’hui, j’assume. J’assume le fait de m’identifier en tant que garçon.
Le langage est une construction, donc dire « il » ou « elle » selon les attributs génitaux de quelqu’un est aussi aléatoire que de dire « la chaise » ou « le porte-manteau ».
Deux semaines se sont écoulées. Et nous n’avons pas eu de nouvelle discussion, cependant son dernier argument prend de plus en plus de place dans mon esprit. Et alors que le rendez-vous chez mon endocrino approche, je panique.
« Pour moi, n’importe qui peut avoir la personnalité qui veut. »
Bien sûr que n’importe qui peut avoir la personnalité qui veut ! Faisons un tour vers les stéréotypes et déclamons qu’une femme n’est pas forcément douce et empathique et qu’un homme n’est pas forcément colérique et fort.
Le problème, c’est que j’ai toujours été partisan du « l’esprit est plus important que le corps ». Qu’il ne fallait jamais juger par le visage ou le corps et apprendre à connaître les gens. Or, aujourd’hui, c’est l’inverse qui se produit : j’accorde de l’importance à mon corps parce que, selon moi, il ne correspond pas à mon esprit.
Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Un esprit n’a pas de gueule. Un esprit et une personnalité sont informes. On peut être brillant et avoir une sale gueule -ce qui n’est pas mon cas, j’ai la tête qui va avec l’esprit, c’est-à-dire la tête d’un crétin- mais passons. On peut avoir une personnalité extraordinaire coincée dans un corps qui n’a rien de particulier, presque passe-partout. On peut être magnifique et avoir la personnalité d’un ongle.
En réalité, personne n’a le physique « qui correspond à son esprit ». Des tas de personnes se font faire des chirurgies ou des traitements pour se sentir mieux. Je prends l’exemple du « Pourquoi tu te fais refaire les seins ? Accepte ton corps comme il est ! ». En vérité, j’ai du mal à démarquer ce qui part de l’esthétique pour aller à ce qui est obligatoire pour ne pas être dépressif. Cette limite est floue et dépend de chaque individu.
Et pourtant, cette limite, je la sentais il y a quelques mois. J’étais dans un sale état et je pouvais sentir, carrément sous ma peau, que j’avais un esprit qui n’allait pas avec mon expressivité de tous les jours, comme quand un gamin essaye d’entrer une boite carrée dans un trou en triangle.
Et ces moments-là partent et reviennent comme des vagues. Là, je suis dans un de ces moments où je me demande si mon collègue n’avait pas raison. A partir de la seconde où on comprend qu’on peut faire ce qu’on veut dans la vie, autant au niveau de sa personnalité que de son look et de son expressivité, est-ce que se déclamer comme « homme » ou « femme » n’est pas inutile ? La différence entre les deux est simplement physique ! N’est-pas une question de pure esthétique que de ressembler au sexe opposé ? D’ailleurs, certains mecs trans ne prennent pas de traitement et ne font pas de chirurgie ! Comment ça se passe dans leur tête ?
Quand les gens disent « elle » en parlant de moi, je pense souvent « ils se trompent ». Mais ils se trompent de quoi ? Ils se tromperaient s’ils collaient sur moi des stéréotypes ou des messages derrière ce « elle » ! Les gens le font bien sûr, que ce soit conscient ou inconscient, mais encore une fois, quand on part du principe que n’importe qui peut faire ce qu’il veut de sa vie et peut avoir n’importe quelle personnalité, alors il n’y aura pas de stéréotypes associés. Ce sera juste une question de langage. Et pour le physique, cela ne deviendra qu’un choix pour se simplifier ou non la vie (même si un parcours n’est pas simple, mais en finalité je veux dire). Tout comme certaines personnes peuvent décider de se simplifier la vie par la chirurgie esthétique.
Est-ce que vous voyez où je veux en venir ? Est-ce que ça vous a déjà traversé l’esprit ?
Ceci étant dit, je suis considéré comme un garçon dans mon entreprise alors j’ai clairement le physique d’une femme (même si mon passing est pas mal). Cependant, il y a deux semaines, lors d’une sortie de bureau, j’ai eu la conversation suivante avec un collègue que je ne connaissais pas bien :
Lui : Ha mais toi t’es une meuf tu peux pas comprendre ! (Ou un truc du genre)
Moi : Justement, je ne suis pas une meuf !
Lui : Ha oui, il parait…écoute c’est pas pour t’offenser mais j’y crois pas à ça. Pour moi faut assumer ton sexe de naissance. Je dis « il » ou « elle » selon ce que la personne a entre les jambes, c’est comme ça, c’est dans le langage. Toi qui dit que t’es un garçon c’est comme moi qui dit que je me considère comme noir. C’est débile.
Pour moi, n’importe qui peut avoir la personnalité qui veut, c’est pas le problème. Mais le sexe c’est un truc dès ta naissance, tu peux pas y échapper.
Moi : Et du coup, tu fais quoi des personnes intersexuées ?
Lui : Les quoi ?
Moi : Tu sais, les gens nés avec deux sexes à la naissance, où les parents choisissent pour l’enfant.
Lui : C’est l’exception qui confirme la règle ! Mais je connaissais pas…
J’arrête là, d’abord parce que nous sommes partis dans un débat inutile car brouillé par la bière, et aussi parce que les personnes intersexuées n’est pas le sujet.
Le lendemain, j’avais répondu dans ma tête aux arguments qu’il avait avancé. C’est-à-dire :
Il faut assumer ton sexe de naissance : j’aimerais bien, je n’aime pas être en dépression tu sais, d’ailleurs, j’ai passé pratiquement 10 ans à enterrer et repousser le fait de me dire « je suis un garçon » au point que je suis arrivé dans l’âge adulte avec zéro espoir sur l’avenir et sur mon existence. Donc aujourd’hui, j’assume. J’assume le fait de m’identifier en tant que garçon.
Le langage est une construction, donc dire « il » ou « elle » selon les attributs génitaux de quelqu’un est aussi aléatoire que de dire « la chaise » ou « le porte-manteau ».
Deux semaines se sont écoulées. Et nous n’avons pas eu de nouvelle discussion, cependant son dernier argument prend de plus en plus de place dans mon esprit. Et alors que le rendez-vous chez mon endocrino approche, je panique.
« Pour moi, n’importe qui peut avoir la personnalité qui veut. »
Bien sûr que n’importe qui peut avoir la personnalité qui veut ! Faisons un tour vers les stéréotypes et déclamons qu’une femme n’est pas forcément douce et empathique et qu’un homme n’est pas forcément colérique et fort.
Le problème, c’est que j’ai toujours été partisan du « l’esprit est plus important que le corps ». Qu’il ne fallait jamais juger par le visage ou le corps et apprendre à connaître les gens. Or, aujourd’hui, c’est l’inverse qui se produit : j’accorde de l’importance à mon corps parce que, selon moi, il ne correspond pas à mon esprit.
Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Un esprit n’a pas de gueule. Un esprit et une personnalité sont informes. On peut être brillant et avoir une sale gueule -ce qui n’est pas mon cas, j’ai la tête qui va avec l’esprit, c’est-à-dire la tête d’un crétin- mais passons. On peut avoir une personnalité extraordinaire coincée dans un corps qui n’a rien de particulier, presque passe-partout. On peut être magnifique et avoir la personnalité d’un ongle.
En réalité, personne n’a le physique « qui correspond à son esprit ». Des tas de personnes se font faire des chirurgies ou des traitements pour se sentir mieux. Je prends l’exemple du « Pourquoi tu te fais refaire les seins ? Accepte ton corps comme il est ! ». En vérité, j’ai du mal à démarquer ce qui part de l’esthétique pour aller à ce qui est obligatoire pour ne pas être dépressif. Cette limite est floue et dépend de chaque individu.
Et pourtant, cette limite, je la sentais il y a quelques mois. J’étais dans un sale état et je pouvais sentir, carrément sous ma peau, que j’avais un esprit qui n’allait pas avec mon expressivité de tous les jours, comme quand un gamin essaye d’entrer une boite carrée dans un trou en triangle.
Et ces moments-là partent et reviennent comme des vagues. Là, je suis dans un de ces moments où je me demande si mon collègue n’avait pas raison. A partir de la seconde où on comprend qu’on peut faire ce qu’on veut dans la vie, autant au niveau de sa personnalité que de son look et de son expressivité, est-ce que se déclamer comme « homme » ou « femme » n’est pas inutile ? La différence entre les deux est simplement physique ! N’est-pas une question de pure esthétique que de ressembler au sexe opposé ? D’ailleurs, certains mecs trans ne prennent pas de traitement et ne font pas de chirurgie ! Comment ça se passe dans leur tête ?
Quand les gens disent « elle » en parlant de moi, je pense souvent « ils se trompent ». Mais ils se trompent de quoi ? Ils se tromperaient s’ils collaient sur moi des stéréotypes ou des messages derrière ce « elle » ! Les gens le font bien sûr, que ce soit conscient ou inconscient, mais encore une fois, quand on part du principe que n’importe qui peut faire ce qu’il veut de sa vie et peut avoir n’importe quelle personnalité, alors il n’y aura pas de stéréotypes associés. Ce sera juste une question de langage. Et pour le physique, cela ne deviendra qu’un choix pour se simplifier ou non la vie (même si un parcours n’est pas simple, mais en finalité je veux dire). Tout comme certaines personnes peuvent décider de se simplifier la vie par la chirurgie esthétique.
Est-ce que vous voyez où je veux en venir ? Est-ce que ça vous a déjà traversé l’esprit ?