Transition et famille

Relations sociales, acceptation, coming-out...
Avatar du membre
mystère
Galet
Galet
Messages : 197
Enregistré le : 09 nov. 2016 22:56
Localisation : Nomade sans frontières
Situation : Trans
Genre : arc-en-ciel
Pronoms : il
Suivi psy : Oui
Hormoné : Oui
Chirurgie du torse : Oui
État civil : Oui

Transition et famille

Message par mystère » 13 nov. 2016 14:07

Le coming out à la famille est peut-être le plus angoissant, car on espère vraiment trouver le soutien de nos proches pour notre transition.
Il y a quatre ans, j'ai annoncé ma transidentité à mon père de vive voix dans une conversation, j'en ai parlé à mon frère lors d'une discussion virtuelle, et j'ai écrit une longue lettre à ma mère que je lui ai donnée quand nous nous sommes vus pour qu'elle puisse la lire en ma présence. A chaque étape, ça a été un gros stress d'attendre leur réaction, même en sachant ma famille plutôt ouverte d'esprit au départ. Et ça alors que j'avais 29 ans, et que j'étais indépendant vis à vis d'eux depuis des années.
Je n'ai pas eu de rejet de leur part, mais des inquiétudes par rapport à "la difficulté du parcours", la question de savoir "si j'étais sûr", et l'expression d'une culpabilité "de n'avoir rien vu", avec des interrogations douloureuses comme : "est-ce que c'est à cause de moi? est-ce que j'ai mal fait quelque chose en tant que parent ?" Il a fallu plusieurs grandes discussions pour expliquer, clarifier, rassurer, et parfois, recadrer. Si mes proches m'ont assuré de leur soutien, le changement de prénom et de pronoms a pris du temps à arriver (un à deux ans pour que ça devienne automatique.) et j'ai dû répondre à pas mal de questions.
Le reste de la famille a été informé de la situation petit à petit : je l'ai dit moi-même à certaines personnes, comme mon grand-père, tandis que mes parents l'ont annoncé à d'autres (oncles, tantes). Au début, mes parents eux-mêmes craignaient les réactions, mais elles ont été plutôt favorables (les personnes âgées notamment ont été étonnantes. J'ai été agréablement surpris par l'ouverture d'esprit de mon grand-père paternel de plus de quatre-vingt dix ans qui m'a dit que c'était vraiment bien de pouvoir changer comme ça aujourd'hui. Ma mère pour sa part a découvert que ma grand-mère maternelle avait eu un collègue trans, et a eu droit à un : "oh, mais c'est pas grave, ça !")
Ayant un entourage assez dispersé dont je n'ai pas vu certains membres depuis très longtemps, je ne suis même pas sûr que tout le monde soit au courant à l'heure actuelle.
Dans ma belle famille (puisque je suis en couple depuis longtemps) c'est mon conjoint qui s'est chargé de faire l'annonce. Là aussi, la situation a été bien acceptée, ses parents étant des partisans du "chacun fait ce qu'il veut de sa vie". Les choses n'ont été compliquées qu'avec une belle-soeur (la femme de son frère) qui avait des idées plus arrêtées, mais les autres y ont mis le ola.
Avec du recul, je pense que l'acceptation de la transition et le passage aux bons prénom / pronoms est un processus de longue haleine pour les proches, où il faut être patient pour leur permettre de digérer les éléments tout en sachant imposer certaines choses quand les changements traînent trop. Pas toujours facile à gérer, et j'ai bien conscience d'être dans un environnement plutôt safe au départ.

Et pour vous, comment ça s'est passé / comment ça se passe avec votre famille ?

Avatar du membre
Sheyshou
Caillou
Caillou
Messages : 77
Enregistré le : 13 nov. 2016 20:12
Localisation : Lille
Situation : Trans
Genre : Demiboy
Pronoms : Il et Iel
Suivi psy : Oui
Hormoné : Oui

Re: Transition et famille

Message par Sheyshou » 13 nov. 2016 21:21

Comment vous faites, qu'est ce que vous répondez quand vos parents vous posent les questions du genre : Pourquoi je ne l'ai pas vu avant ? J'ai des questions similaires de la part de ma mère : "Si c'était vrai, on l'aurait vu avant. Tu pense pas qu'on l'aurait vu ?" j'ai beau faire de mon mieux pour lui expliquer que ça ne se voit pas forcément et que j'avais pas non plus envie de le crier sur les toits, qu'ils faut du temps pour se comprendre soi-même, mais rien n'y fait. Pas moyen de passer à autre chose. Quelqu'un à déjà été dans cette situation et saurait quoi répondre ?
"Il est funeste d’être seulement homme ou femme : il faut être féminin-masculin ou masculin-féminin."
"Rien n’existe tant qu’on ne l’a pas écrit." Virginia Woolf

Avatar du membre
Loup
Galet
Galet
Messages : 105
Enregistré le : 13 nov. 2016 22:23
Situation : Trans
Genre : Garçon trans
Pronoms : il
Suivi psy : Oui

Re: Transition et famille

Message par Loup » 13 nov. 2016 22:49

Sheyshou, je n'ai pas été confronté à cette situation de mon côté. Peut-être que tu pourrais leur expliquer que tu le cachais parce que tu avais justement besoin de temps?

A part ça, je viens de faire mon coming out à mes parents (enfin, hier). Donc je me permets un petit témoignage tout frais! ^^
Cela fait des années que je flippe complétement à l'idée de la transition, en grande partie à cause de mes parents... Après 2 ans de thérapie et de grandes déconstructions de mes rapports familiaux, j'ai trouvé le courage de passer à l'étape coming out à mes parents.
Je leur ai écris une grande lettre (je la posterai peut-être dans mon parcours), je n'ai pas dormi pendant environ une semaine.
Je leur ai fixé un rendez-vous et ai déposé la lettre dans leur boîte la veille.
Quand ils sont venus chez moi, ils ont déclaré qu'ils s'en doutaient et qu'ils se demandaient "juste" quand j'allais le faire... O.O Bon après on a pas mal discuté de comment je le vivais, comment j'en étais arrivé à le faire, ce que ça impliquait. Ma mère était un peu plus perturbée que mon père, j'ai quand-même dû lui expliquer en quoi je me sentais mieux dans ma vie.

J'étais complétement sidéré. Je crois que je n'en suis pas encore remis. Ils n'avaient absolument rien laissé paraître de leurs présentiments, pas entrouvert la moindre porte, rien... Au contraire, je me préparais depuis des mois à un mini cataclysme, une guerre de longue haleine. Me suis retrouvé comme deux ronds de flan. XD

Enfin, bon. Je ne suis pas encore vraiment capable d'analyser tout ce que cette étape signifie pour moi et de ces conséquences. En tous cas, je me sens bien plus léger, plus légitime, libre. Je suis super heureux que ce soit fait.

Mais je me sens tout chose. Peut-êrte tout chose d'en être libéré à si bon compte, sans lutte, il a dû se passer des échanges gazeux étranges entre toute la tension, le stress, la préparation et la réalité. :mrgreen:

Je reviendrai certainement là-dessus dans la rubrique "parcours".

Avatar du membre
Sheyshou
Caillou
Caillou
Messages : 77
Enregistré le : 13 nov. 2016 20:12
Localisation : Lille
Situation : Trans
Genre : Demiboy
Pronoms : Il et Iel
Suivi psy : Oui
Hormoné : Oui

Re: Transition et famille

Message par Sheyshou » 13 nov. 2016 23:04

Whaou, ravi d'entendre que ça s'est bien passé pour toi en tout cas :) j'irais lire ça bientôt, peut-être j'y trouverais des pistes.
"Il est funeste d’être seulement homme ou femme : il faut être féminin-masculin ou masculin-féminin."
"Rien n’existe tant qu’on ne l’a pas écrit." Virginia Woolf

Avatar du membre
Sheyshou
Caillou
Caillou
Messages : 77
Enregistré le : 13 nov. 2016 20:12
Localisation : Lille
Situation : Trans
Genre : Demiboy
Pronoms : Il et Iel
Suivi psy : Oui
Hormoné : Oui

Re: Transition et famille

Message par Sheyshou » 13 nov. 2016 23:07

Pour répondre a ta phrase que j'ai zappé : Et bien, j'ai essayé mais ils sont convaincus que si j'avais été réellement (ouais ouais ^^) transgenre ça se serait vu a mes deux ou trois ans, et ma mère pour me prouver (ouais ouais) que je suis bien une fille me sort des photos de moi en robe quand j'étais bébé... -_-
Je sais pas peut-être qu'il s'imagine que j'aurais du venir les voir a mes trois ans, tout paniqué en leurs demandant pourquoi mon zizi il pousse pas, et jouer aux petites voitures.
Surtout que je n'ai su que je l'étais qu'une fois la puberté en passé...donc entre 10-12 ans. Et terrifié a cette idée.
"Il est funeste d’être seulement homme ou femme : il faut être féminin-masculin ou masculin-féminin."
"Rien n’existe tant qu’on ne l’a pas écrit." Virginia Woolf

Avatar du membre
Eclipse Maël
Gravier
Gravier
Messages : 14
Enregistré le : 14 nov. 2016 12:20
Localisation : Poitiers (ville natale), Nantes (ville d'études)
Situation : Trans
Genre : Non-binaire
Pronoms : il iel
Suivi psy : Oui
Contact :

Re: Transition et famille

Message par Eclipse Maël » 14 nov. 2016 14:35

Wouhou, vaste question!

Alors, y'a beaucoup à faire de mon côté.

J'ai pas fait mon coming-out à mon père pour l'instant de mémoire, j'assume juste d'être qui je suis (ce qui implique de ne pas correspondre aux clichés et stéréotypes sur les AFAB), j'ai un peu la flemme de lui expliquer d'autant que je pense qu'il va partir dans un trip méta-physique assez compliqué à suivre et à calmer.

Par contre pour ma mère, c'est fait. Je sais pas si elle en a parlé au reste de la famille mais clairement sa réaction ça a pas été l'idéal. Pourtant j'avais un peu espoir, même si je sais qu'elle est pas la plus ouverte d'esprit sur le sujet. Elle a su me mettre en confiance, elle sentait que j'avais un truc à lui dire, du coup je lui ai dis de vive voix. Sauf que comme prévu elle a pas franchement compris, et moi qui suis en questionnement j'ai pas trop su lui expliquer. Du coup elle m'a balancé des trucs à base de "faut vraiment s'ennuyer/pas être assez malheureux pour se rajouter des malheurs comme ça", et autres variantes tout aussi sympathiques (non). On en a parlé une fois au moment de mon CO, puis une autre fois, et pas depuis, et évidemment elle m'a pas demandé pour ce qui est pronom(s) prénom et n'étant pas fixé sur la question j'ai rien dit non plus.

Bref, autant dire qu'y a encore du boulot!

Si quelqu'un veut des câlins, j'suis dispo, des fois y'en a bien besoin!

Avatar du membre
Lybeuh
Gravier
Gravier
Messages : 2
Enregistré le : 14 nov. 2016 18:54
Localisation : Sud
Situation : Trans
Pronoms : il
Suivi psy : Oui

Re: Transition et famille

Message par Lybeuh » 14 nov. 2016 19:40

J'ai fait mon coming-out il y a environ un mois, et mes parents (qui sont séparé mais qui s’entendent bien) l'ont plutôt bien pris au premiers abords. Ma mère était très émotive et s'est mise à pleurer, et mon père est resté plutôt neutre, mais ça se voyait qu'il était mal à l'aise. Il plaçait des blagues pour détendre l'atmosphère, mais c'était très gênant pour moi qui était assez stressé de leur réactions. Ils ont vite expédié le sujet, pas méchamment, mais je m'attendait à ce qu'ils me pose des questions, et qu'il le prennent plus au sérieux qu'il ne l'on fait.

Depuis, ma mère m'a accompagné à une association trans pour se renseigner, et elle prend des rendez vous avec des psychiatres, en gros, elle s'investit et s’intéresse à ce que je peux ressentir, et elle commence à placer des adjectifs masculins par-ci par-là.

Mon père par contre, évite d'en parler, et j'ai l'impression qu'il fait exprès de me faire comprendre que je suis une femme en lançant des piques, pas méchantes, mais sachant qu'il est au courant, ça me blesse. Et d’après ma mère quand ils en ont parlé tout les deux, il veut, je le cite, "lui trouver un mec et après ça ira mieux". Je comprend que l'acceptation prennent du temps, mais j'ai toujours été très complice avec mon père, et ce genre de propos, c'est désagréable.

Pour l'instant je suis positif, ça ira avec le temps, c'est que le début !

Avatar du membre
Sheyshou
Caillou
Caillou
Messages : 77
Enregistré le : 13 nov. 2016 20:12
Localisation : Lille
Situation : Trans
Genre : Demiboy
Pronoms : Il et Iel
Suivi psy : Oui
Hormoné : Oui

Re: Transition et famille

Message par Sheyshou » 14 nov. 2016 22:52

Eclipse Maël a écrit :
Si quelqu'un veut des câlins, j'suis dispo, des fois y'en a bien besoin!
J'espère que ça s'arrangera avec ta mère. Sinon, en attendant je veux bien les câlins... :D :oops:
"Il est funeste d’être seulement homme ou femme : il faut être féminin-masculin ou masculin-féminin."
"Rien n’existe tant qu’on ne l’a pas écrit." Virginia Woolf

Avatar du membre
The best
Galet
Galet
Messages : 218
Enregistré le : 14 nov. 2016 13:04
Localisation : 31
Situation : Trans
Genre : masculin
Pronoms : Il
Suivi psy : Oui
Hormoné : Oui
Chirurgie du torse : Oui
Hystérectomie : Oui
État civil : Oui

Re: Transition et famille

Message par The best » 16 nov. 2016 10:32

Compliquer pour certaine personne & pour d'autre depuis 2 ans que j'ai commencé à prendre les hormones sa était direct on te soutient...je vois moins ma famille car dans les réunions de famille si c'est pour entendre à "elle" ou mon prénom féminin ...j'évite d'aller ! même si mes parents me soutiennent et les reprends aussi vite mais bon...faut mieux éviter que d'aller disputer ! je sais que mon frère me parle pas mais il est de religion mulsuman donc sa me fait ni chaud ni froid car je me sens moi même et pas lui face à moi ! pour le reste c'est du "il" sans problème et mon prénom masculin quand ils me présentent à quelqu'un :D

Avatar du membre
_Balduin
Galet
Galet
Messages : 213
Enregistré le : 14 nov. 2016 20:33
Localisation : Rhônes-Alpes, Isère, Grenoble
Situation : Trans
Genre : Masculin
Pronoms : Il

Re: Transition et famille

Message par _Balduin » 16 nov. 2016 21:31

Récemment (Le 05/10 et 06/10) j'ai réalisé mon coming-out auprès de ma famille proche, donc mes parents.
Contextualisons, je suis jeune j'ai eu 16 ans cet été donc je vis avec mes parents et suis totalement dépendants d'eux, lors de l'année scolaire 2015/16 j'ai fait une grosse dépressions qui à malheureusement finis à l’hôpital pendant deux mois, donc bon mes parents étaient très inquiet pour ne pas dire totalement perdu et affolés, à présent tout va mieux, mais genre vraiment ça fait quatre mois que je suis guéris et plus longtemps que je remontais la pente. Cependant mes parents sont toujours très inquiet.
Donc, je l'ai d'abord fait (mon coming-out) à ma maman, qui l'as relativement bien pris, elle était étonnée mais pas plus inquiète que ça.
Et puis le lendemain je l'ai dit à mes deux parents en même temps et là ça n'avait rien à voir. Ils sont restés bloqués. Et mon juste dit que c'était pas possible par ce que j'était sorti avec des filles et des garçons (alors même que près d'un an et demi avant j'avais fait un coming-out pan et que en plus l'orientation sexuelle n'as rien à voir avec le genre/expression de genre...) et que en plus la nature, bah elle se plante pas, et que "t'en as pas marre de nous faire du soucis", et que j'allais pas bien et j'en passe et des meilleures. Tout ces mots ayant été dit sous le coup du choque émotionnelle j'essaye de ne pas leur accorder de valeur mais bon...
Pendant une semaine, tout le monde chez moi a fait comme si il ne s'était rien passé je vous explique même pas le malaise... enfin bon.
Ensuite j'ai ré-ouvert le dialogue avec ma maman qui est de loin la personne qui communique le mieux chez moi.
On à notamment discuter des conséquences socials et des obstacles en plus placer sur la route des personnes trans'.
Certains de mes projets sont donc tombé à l'eau notamment celui d’intégrer l'école de santé des armées (ESA), par ce que voyez vous, être trans' là bas c'est un peu comme être un homme-tronc mais en encore pire... (Ne voyez pas à mal dans cette comparaisons).
On ressens son inquiétude vis à vis de mon avenir, qui semble pour elle totalement compromis.
Dans les propos et comportement qu'ils tiennent tout deux on ressent qu'ils ont le sentiment de me perdre, ce qui, de leurs point de vue n'est pas totalement faux.
Je pense que la plus grosse déception ici et la contradiction entre ce moment ou ils m'ont assurer leurs soutient et à présent ou ils me laissent seul et s'opposent à mes choix.
Cependant je constate une évolution dans le comportement de ma mère dans le sens ou ils font un deuils de mon genre comme on l'entend souvent dire et qu'elle se trouve selon moi à l'étape du marchandage.
En effet souvent lorsque je lui parle de la transition que je réalise plus ou moins actuellement, elle me demande de lui laisser du temps, d'attendre ma majorité pour commencer les hormones, elle "négocie sa peine" si on peut dire.
Au final, on peut dire que le résultat est mitigée. Pour l'instant ce n'est ni une réussite ni un échec et ça seul le temps nous le diras ;)
On peut tous aller au bout du monde, il suffit de s'accrocher, fort à en avoir mal au jointure.

Répondre