Difficulté à s'accepter et à en parler aux autres

[Naufrage]

Salutations,

Comme le titre l'indique clairement, j'ai beaucoup de mal à accepter ma condition ainsi qu'à la révéler aux autres. Je suis plus ou moins un mensonge, comme je préfère tordre la vérité plutôt que d'admettre que je suis tout simplement trans. Je me déteste énormément, et j'ai la peur vive que les gens ne me traitent plus comme avant s'ils apprenaient que je n'étais pas cis comme ils pensent le croire. Je ne suis donc pas out ni sur le net ni dans la vraie vie, à l'exception, évidemment, de ma famille. Tout le monde pense que je suis un mec cis, et quelques personnes à qui j'ai parlé de ma thérapie hormonale et de mes ”problèmes physiques nécessitant des opérations” pensent que j'ai simplement des malformations génitales et ce genre de choses.

Je ne sais pas à quel point c'est immoral de les laisser penser ça, bien que je n'ai jamais prétendu être atteint d'un trouble de développement sexuel en particulier, juste que je prends des hormones, que j'ai eu une gynécomastie et que j'ai besoin d'une ou plusieurs opérations entre les jambes. Je pense que certaines personnes en ligne à qui j'ai parlé de tout ça s'en doutent, par contre dans la vie réelle, par exemple dans mes études, personne n'a l'air de se douter de quoi que ce soit puisqu'on parle souvent de sujets LGBT et on me parle comme si j'étais cis. Je n'ai jamais trouvé l'occasion de dire que je ne l'étais en réalité pas, notamment car je suis très timide et je parle en réalité extrêmement peu, me contentant d'écouter ce qu'ils disent. Cela fait donc plusieurs années que le ”mensonge” dure et je ne sais pas comment m'en sortir, ni même si j'ai concrètement besoin de leur dévoiler cette partie de moi...? Quand j'y pense, je n'ai jamais affirmé être cis, c'est juste ce qu'ils pensent, je n'ai simplement pas nié car j'ai beaucoup de mal à parler.

De même, on me dit beaucoup que j'ai l'air neuroatypique, et j'ai aussi ce soupçon d'être en dépression, mais ce sont également des choses que je veux nier et cacher sous le tapis. Je pense avoir beaucoup de haine et de mépris pour moi-même, et je ne sais pas par où commencer pour me sortir de tout ça et me sentir mieux vis-à-vis de qui je suis, surtout que je vis avec mes parents et que eux pensent que je vais bien et que c'est juste ma personnalité.

Si vous avez des conseils, des remarques ou des expériences à partager, tout m'intéresse, et je vous en remercie grandement.

[John]

Trouver un·e psy safe me semble être une bonne idée, mais ça implique de réussir à lui parler. L'introspection, c'est bien, mais c'est rarement suffisant... Pour ma part, voir une psy a été libérateur pour cesser d'avoir ce sentiment d'imposture. Être validé par quelqu'un avec l'autorité d'un médecin était quelque chose dont j'avais besoin, si je puis le formuler ainsi.

Pour ce qui est du "mensonge"... D'un côté, ça t'aiderait peut-être d'avoir autour de toi des personnes qui savent qui tu es et pour qui ça n'a pas d'importance que tu sois trans ou pas. D'un autre, tu as tout à fait le droit de ne vouloir pas le révéler.
Pour moi, c'est compliqué de tisser des liens solides sans être honnête mais en même temps c'est un équilibre propre à chacun. Je crois en revanche qu'avec un·e partenaire romantique, c'est indispensable et ce dès le début.

[Naufrage]

Merci pour ta réponse John.

J'envisage de façon de plus en plus concrète de consulter un psychologue. Je pense contacter les modérateurs pour obtenir une liste. Je pense que j'en ai énormément besoin et ça fait de toute façon des années que je me dis que je dois essayer ça. Que ce soit pour être ”validé” ou juste voir ma situation d'un autre point de vue, pour pouvoir avancer comme je me sens coincé dans la seule perception que j'ai.

Tu as tout à fait raison. Ça m'aiderait énormément de trouver quelqu'un avec qui je pourrais être complètement moi-même, sans n'avoir besoin de rien cacher. Malheureusement, je suis très peu proche des personnes de mes études, et je ne suis pas non plus particulièrement proche des gens en ligne que je fréquente. Si je venais à avoir des sentiments amoureux pour quelqu'un, ou qu'une très forte amitié se créait, c'est bien évidemment quelque chose que je dévoilerai sans chercher à garder les eaux troubles.

[Killian5]

Ce n'est pas un mensonge, c'est ta vie privée. Cette notion de tromperie, de fake etc, je la trouve transphobe. Ça regarde personne. Et effectivement on ne te verra plus jamais de la même façon en sachant que t'es trans. La question est pourquoi tu te déteste. Si ce secret est un poids pour toi. Peut-être ça t'aiderait de partager cette part de toi en te faisant des amis trans ?

Pour ma part c'est le but de ma transition de vivre en stealth (sans que personne ne sache). C'est déjà en parti le cas au boulot. Une fois ma transition terminée je déménagerai pour commencer une nouvelle vie dans une autre ville sans prendre contact avec la communauté trans locale, ainsi je pourrai vivre ma vie de mec cis et les seules nouvelles personnes au courant seront certains médecins et mes partenaires sexuels.
C'est déjà assez chiant de transitionner il est hors de question que je passe le restant de mes jours à être renvoyé à mon passé.

[mystère]

Salut !
Pour ma part c'est un mélange de stealth (au boulot, nouveaux potes, administrations et autres) et de personnes qui sont au courant de ma transidentité (amis d'avant, amis proches à qui j'ai fait mon CO, amours), et je trouve cette formule plutôt cool. Je trouve ça agréable aussi d'être out avec des proches ou dans les lieux safe (tels qu'associatifs, où on peut échanger entre pairs). Les premiers coming out "inversés" que j'ai faits (de stealth à coucou je suis un mec trans) se sont bien passés, alors que je les ai faits plutôt tardivement (au bout de plusieurs mois / années, je prends mon temps relationnellement). J'avais déjà été identifié comme queer parce que, bon, la manière de réfléchir, d'aborder certains sujets, et certainement l'apparence physique aussi, et les personnes en question n'ont pas du tout été intrusives suite à l'annonce de la transidentité, je dirais même que ça n'a rien changé dans nos rapports.
Je trouve pas que ce soit immoral de vivre stealth si tu es heureux comme ça, chacun a parfaitement le droit de faire ce qu'il veut. Certains font le choix d'être out tout le temps et se sentent bien comme ça, d'autres stealth tout le temps et c'est ce qui leur convient, d'autres comme moi font un mix. Et y'a pas à juger de bien / pas bien, y'a juste des manières différentes de vivre sa vie qui correspondent mieux aux uns ou aux autres.
Par contre là où ça craint c'est quand on se sent piégé dans quelque chose où on ne s'épanouit pas.
Dans ce que tu décris j'ai l'impression que la situation te fait bloquer pour nouer / aprofondir des relations, un peu comme si tu avais l'impression de porter un masque et si peur de le retirer / des conséquences que du coup tu ne laisses personne s'approcher réellement. Et autant la stigmatisation de la transidentité peut-être reloue, autant être coincé relationnellement, c'est relou aussi, parce que pouvoir avoir une intimité avec d'autres (qu'elle soit amicale ou amoureuse) est un besoin qu'on a tous, je pense, en tant qu'êtres sociaux. Pour moi c'est une histoire d'oser rencontrer les gens (et pas forcément tout le monde et n'importe qui, mais des personnes que tu as envie de connaître davantage / dont tu as envie qu'elles te connaissent davantage). C'est flippant de dire des choses de soi aux autres, et peut-être que ça ne va pas toujours bien se passer. Mais je pense aussi qu'il faut se faire confiance, que les personnes dont on a envie de se rapprocher sont celles avec qui on a un bon feeling, de bons échanges (enfin, perso si je croise un connard j'ai pas trop envie d'apprendre à le connaître plus et j'imagine que toi c'est pareil!).
Enfin voilà, pour dire qu'entre être out tout le temps partout et ne jamais l'être, il y a aussi des options au milieu.
Sinon, je trouve que pouvoir fréquenter des pairs (en asso par exemple) est un truc qui peut faire du bien aussi, là, pour un début, tu es sûr d'être dans un environnement safe et de ne pas avoir de mauvaises réactions.

[Denis02]

Salut,

Accepter sa transidentité et la révéler aux autres peut être un processus complexe et difficile. Mais j'espère que ces quelques éléments de réponses pourront t'aider :

Parler à un professionnel : Consulter un thérapeute ou un psychologue spécialisé dans les questions de genre peut t'aider à explorer tes sentiments, à comprendre pourquoi tu te sens ainsi, et à élaborer des stratégies pour t'accepter.

Trouver un réseau de soutien : Rechercher des groupes de soutien locaux ou en ligne pour les personnes transgenres. Partager tes expériences avec d'autres qui ont vécu des situations similaires peut être réconfortant.

Acceptation personnelle : La première étape vers le bonheur est de t'accepter toi-même. La transidentité est une partie de qui tu es, et cela ne devrait pas te faire te sentir moins digne d'amour ou de respect.

Exprimer tes sentiments : Commencer à parler de ta transidentité avec des amis proches peut être une étape importante. Les vrais amis comprendront et te soutiendront. Prends ton temps et fais-le quand tu te sens prêt.

Considérer la thérapie hormonale : Si tu es déjà en thérapie hormonale, continue de travailler avec des professionnels de la santé pour atteindre tes objectifs en matière de transition. Ils peuvent également t'aider à gérer les aspects médicaux de ta transition de manière sûre.

Accepter les aspects neuroatypiques : Si tu as des soupçons de neurodiversité, envisage de consulter un spécialiste pour un diagnostic. Accepter ces aspects de toi-même peut également contribuer à une meilleure compréhension de qui tu es.

Éducation et sensibilisation : Plus tu en apprendras sur la transidentité et les questions LGBTQ+, plus il te sera facile d'expliquer ta situation aux autres. L'éducation peut également aider à sensibiliser les gens et à réduire la stigmatisation.

N'oublie pas que ce processus peut prendre du temps, et il n'y a pas de précipitation nécessaire pour révéler ta transidentité aux autres. Fais-le quand tu te sens prêt, et souviens-toi que tu mérites l'amour et le respect, peu importe qui tu es.

[zooey]

Bonsoir,

Cette problématique me travaille beaucoup moi aussi depuis un petit bout de temps.

Moi aussi au début de ma transition je me disais que ce serait super de tout larguer pour faire ma vie ailleurs une fois que je passerais bien, dans un endroit où personne ne me connaitrait d'avant. J'ai fait une transition tardive, je m'en voulais énormément d'avoir perdu tant de temps. J'étais dans l'euphorie d'une sorte de renaissance, j'étais très égocentré, je ne pensais qu'à ma transition. Je souffrais beaucoup du mégenrage et j'en voulais énormément à mes proches et à ma famille quand ils se trompaient de prénom et de pronom. Alors je me disais que le mieux pour moi serait de tout recommencer ailleurs.

Mais en fait, ça ne s'est pas du tout passé comme ça. Pour plusieurs raisons, notamment parce que je n'en avais pas le courage, mais aussi parce que mes amis et ma famille se sont montrés très très soutenants, malgré leur maladresse quelquefois. Maintenant je n'entends plus jamais mon dead name, ni de "elle". ça fait plus de 13 ans, et depuis, j'ai changé plusieurs fois de travail, et j'ai même changé de région. Je ne parle jamais de ma transition à personne. Je suis plutôt quelqu'un de sociable, et de toutes les personnes que j'ai rencontrées depuis 13 ans, aucune ne sait que je suis trans. Certains sont pourtant devenus des amis très proches, des gens importants pour moi.

Au début, je ne me posais pas la question, et maintenant, je me dis aussi que c'est une sorte de mensonge par omission. Parfois je me dis que de toutes façons certainement ils s'en ficheraient un peu, je me dis aussi que moi non plus je ne sais certainement pas tout de leur vie et que c'est bien comme ça, mais alors comment ça se fait que cette question me taraude aussi souvent, comment ça se fait que je me sente parfois comme un imposteur ?

Je suis désolé, je me rends bien compte que je ne fais qu'étaler mes doutes et mes interrogations au lieu de donner des solutions, je m'en excuse.

Pour donner une piste, je me dis que peut-être si j'avais un lieu où je pouvais parler de ma transition, de ce que ça me fait d'être trans, de pourquoi j'y pense quand même souvent, ça m'apaiserait un peu.

[j3r3mix]

Il n’y a pas de honte à ne pas s’outer. On ne demande pas à une personne cis ou hétéro de le dire, alors pourquoi dans l’autre sens ça devrait être une obligation ? Si cet aspect de nos vies n’est pas pertinent dans la discussion, je ne vois pas l’intérêt d’en parler pour en parler… Perso ma famille et mes quelques amis savent, mais maintenant que j’ai changé de région et de boulot, à mon travail personne ne sait. Il y a juste eu un bug avec mon proprio qui a tiqué que mon justif étudiant (il ne loue qu’à des étudiants) était à Mme truc. Comme mon CEC est fait je lui ai dit, à juste titre vu que c’est légalement changé, que c’était une erreur de l’organisme de formation.