Est-ce qu'on peut être transmasc et apprécier sa po*tr*ne (au naturel) ?

[Killian5]

La formulation prêtait à confusion, l'essentiel de ce que j'ai voulu dire j3r3mix l'a compris.
Cela étant ça me pose question ces derniers temps (et je ne pense pas qu'on soit invalidé sans dysphorie génitale), de comment on peut vivre dans cette entre deux, socialement, intimement etc, à tous les niveaux en fait.
Je trouve ça assez intenable, je vais pas développer pourquoi parce que le sujet initial est sur la poitrine, mais en gros une des raisons est que socialement il n'y a pas moyen d'être un homme avec un sexe féminin, ça n'existe pas hormis dans des milieux confidentiels (pareil pour la poitrine) et me dire de faire attention à mes propos ne change rien à cet état de fait.

[TomBowling]

Je rejoins j3r3mix sur l’importance des constructions sociales qui sont quasi impossibles à démêler des ressentis personnels de chacun ; néanmoins ça me heurte quand je te vois reproduire ces perceptions cisnormées, @Killian5. Je ne me considère pas comme un homme avec un sexe féminin, à mes yeux ce n’est pas parce qu’une majorité des personnes ayant une vulve ou un vagin sont des femmes que ces organes ou parties du corps sont féminins par essence — pas plus que les seins. Pour moi, je suis un mec et par conséquent mon corps est celui d’un homme, certes en dehors de la norme mais pas moins légitime. Et franchement, je suis en couple avec un mec cis pédé qui kiffe mon corps tel qu’il est, et nous ne vivons pas dans une petite bulle queer bisounours particulièrement confidentielle.

Bref, je pense que ce topic est mal choisi pour y développer tes questionnements : il appelait à des témoignages de personnes transmacs à l’aise avec leur poitrine, et toi qui n’es pas concerné, tu le fais dévier en t’interrogeant sur la façon dont on peut vivre dans ce que tu qualifies d’ « entre-deux »… Sans doute serait-il plus constructif, si le cœur t’en dit, d’ouvrir ton propre topic d’interrogations.

[Killian5]

En fait j'ai le droit de m'exprimer dans le respect de chacun, n'étant pas modérateur tu ne vas pas me dire où et comment je dois le faire juste parce que tu n'es pas d'accord avec moi.
En gros je ne pense pas que tu n'es pas légitime, ni qui que ce soit.
Maintenant je n'arrive plus à adhérer à cette affirmation de "mon corps est ce que je suis", si c'est le cas pourquoi transitionner ?
Et ces questionnements sont la suite logique du sujet initial si on creuse un peu, questionnements qui ne sont pas un débat intellectuel pour moi mais des problématiques qui me déstabilisent. Et ce n'est pas en empêchant une parole que le problème disparaît.

[TomBowling]

En fait j'ai le droit de m'exprimer dans le respect de chacun, n'étant pas modérateur tu ne vas pas me dire où et comment je dois le faire juste parce que tu n'es pas d'accord avec moi. (…) . Et ce n'est pas en empêchant une parole que le problème disparaît.

Je ne remets aucunement en question ton droit à t’exprimer et ai d’autant moins vocation à te censurer — comme tu sembles m’en soupçonner — que j’ai bien conscience de n’être pas modérateur. En revanche, il me semble être tout aussi libre de te dire que tes propos me heurtent et ne me semblent pas à leur place dans ce topic. Lunden a clos son post initial avec l’appel à témoignages suivant…

j'aimerais savoir, d'après vos expériences, si des personnes transmasc ont pu "faire avec" leur poitrine ? Si elles ont gardé leurs seins ? Et si non, combien de temps cela a pris à être décidé ?

… et je ne vois pas en quoi les problématiques que tu viens plaquer ici lui sont d’une aide quelconque, pas plus que la remarque de Sergei d’ailleurs, qui relève aussi d’un jugement personnel. Après, si tu interprètes le post initial comme un sujet qui appelle à des prolongements allant à l’encontre des ressentis exprimés par l’auteur, libre à toi d’alimenter la conversation en y déversant ce qui te perturbe, bien évidemment.

Maintenant je n'arrive plus à adhérer à cette affirmation de "mon corps est ce que je suis", si c'est le cas pourquoi transitionner ?

Le point de vue n’engage que moi et je le sais différent d’un certain nombre de personnes trans. Pour moi, transitionner n’est pas renier mon corps de naissance ou le « transformer » (pour reprendre un mot fréquemment associé aux transitions) d’un état A qui ne serait que prison et inadéquation à un état B 100% adéquat.
J’ai vécu des années avec ma poitrine sans en être ravi, mais sans qu’elle soit non plus une source de dégoût ou de détresse invivable. C’étant davantage une source d’inconfort que j’ai eu le privilège de pouvoir faire faire modifier au terme d’un an de réflexion (de même que certaines personnes font réduire / augmenter leur poitrine ou qu’on peut faire une rhinoplastie) afin que son apparence soit plus conforme esthétiquement à la façon dont je me la représentais idéalement, et j’en suis très heureux. Elle est plus conforme aux normes masculines, ce qui m’apporte indéniablement un meilleur confort de vie, mais je ne dirais pas que mon torse actuel a remplacé une « poitrine de femme ». Quant aux opérations génitales, elles ne m’intéressent pas ; je n’en ai pas besoin pour me sentir authentiquement masculin.

J’en resterai là afin de ne pas polluer davantage le topic.

[j3r3mix]

Maintenant je n'arrive plus à adhérer à cette affirmation de "mon corps est ce que je suis", si c'est le cas pourquoi transitionner ?

On ne choisit pas son corps de naissance. Au fond c’est ce qu’on en fait, nos choix de le changer ou pas, qui en dit plus long sur nous;) Trans, cis, mec, non-binaire, meuf, tout ça ce ne sont que des étiquettes pour exprimer nos ressentis, mais comme on n’a pas tous la même conception des choses, c’est un débat sans fin. Que chacun se définisse lui-même et respecte l’autodétermination des autres;)

[Lunden]

D'une part, je suis franchement désolé, et je présente mes excuses d'ailleurs, si ma publication a donné lieu à un tout autre débat que l'initial. Peut-être était-il mal formulé, ou trop flou. Ou peut-être a-t-il ravivé des problématiques troublantes pour certains d'entre vous.

Ce n'était pas le but. Et je n'avais envie de heurter personne. Ce n'est pas dans la nature. Par contre la maladresse, ça, j'y suis abonné... :')

En tous cas, il est aussi enrichissant de voir une divergence des points de vues, et c'est en ce sens aussi qu'allait ma publication, à l'origine.

Actuellement, je suis en plein questionnement/remise en question de la place que j'accorde à mon corps. Notamment à la poitrine.
C'est à la fois quelque chose que j'arrive à admettre comme étant un "add-on" de mon corps qui pourrait s'avérer nécessaire si je suis enceint, mais aussi comme une nuisance "de taille" dans mon quotidien, pour les mouvements ou l'habillement, par exemple.

Aussi, je tiens à réitérer mes excuses si j'ai choqué, ou offensé, avec ma publication.

[j3r3mix]

Tu n’as pas à t’excuser, c’est un questionnement légitime comme les autres. À chacun d’exprimer son propre point de vue respectueusement… et en essayant de ne pas digresser^^ C’est l’occasion de voir que même parmi notre ‘communauté’ il y a encore des idées qui ont la vie dure. Si ça a pu nourrir ta réflexion tant mieux, c’est le principal:)

[Malö]

Salut, je me pose aussi pas mal ces questions ces temps ci.
Je me retrouve pas mal dans ce que tu décris à savoir : mal vivre cette apparition puis s'en accommoder ou du moins faire avec.
Au tout début, vers 11 ans donc, il fallait absolument cacher ça puis après vers 16 ans ans ça s'est arrangé mais je restais pudique, gêné. Avec la transition là j'ai carrément dissocié le truc et j'ai l'impression que ce n'est pas à moi. Ils sont là sur mon torse mais je sais pas c'est comme si j'en était pas responsable ? Je ne suis plus pudique d'ailleurs mais je vois bien que ça dérange. Par contre me montrer en binder énorme blocage, incompréhensible le truc

Néanmoins puisque je ne veux pas et que je n'aurais pas d'enfant (c'était le but de l'hysté ouf ) eh bien je n'ai pas ce dilemme que tu décris sur l'allaitement. Donc vu l'inutilité criante de cette partie de mon corps (à la limite c'est utile dans ma sexualité mais bon...) et le fait que ça peut être difficile d'être un mec avec des seins ben je me dirige vers une mammec.
Pour moi il n y a pas de problème à apprécier cette partie du corps, il faut juste mesurer le bénéfice risque pour toi. Et j'ajouterai que c'est ok de faire le choix de les retirer même si on les aime bien parce que c'est trop dur à porter en société. On fait ce qu'on peut et je trouve ça rassurant de lire chez John ou autre que c'est pas un regret ensuite.

[Sasha Clem Merry]

Je pense pouvoir me définir comme transmasc et mon ressenti sur ma poitrine varie fortement en fonction du regard social.
Quand je suis seulx, elle ne me dérange pas, me rend assez peu dysphorique voire pas, et même parfois je l’apprécie.
C’est quand je suis mégenrae que là, je me prends à rêver de torse plat et à vouloir l’aplatir un peu avec une brassière.
Après, dans mon cas, je me considère encore vraiment en début de transition et en plus je suis non binaire, donc je pense que je n’aurais pas le même ressenti si j’étais un homme trans et que j’avais commencé ma transition depuis un peu plus longtemps.
Mais même en voulant avoir une apparence socialement masculine, pour le moment je choisis de garder ma poitrine, un peu par manque de motivation de passer sur le billard, mais aussi parce que ma poitrine a toujours fait partie de mon corps (enfin depuis qu’elle a poussé quoi) et qu’elle n’a jamais vraiment été pour moi un élément féminin de mon être, ou en tous cas pas hyper féminin. Elle est féminine socialement, bien sûr, et elle fait partie de mes éléments féminins même à titre perso, mais même quand j’essayais de performer la femme cishet, les hommes cishet ne trouvaient pas ma poitrine particulièrement remarquable… Donc finalement, pour moi, elle n’a été vraiment sexualisée qu’à partir du moment où je ne voulais plus qu’on m’appelle madame ^^' Mais dans ce cas, ce que je n’apprécie pas, c’est davantage le regard des gens que ma poitrine elle-même.