Dysphorie "mixte"

Relations sociales, acceptation, coming-out...
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Jürgen
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Dysphorie "mixte"

Message par Jürgen » 01 mars 2017 06:31

Bonjour à tous, je voulais lancer ce sujet car j'avais envie de parler de quelque chose d'assez personnel et dont je ne me souviens pas avoir déjà lu quelqu'un qui en parlait ici (ni sur l'ancien forum d'ailleurs).

Je me demandais si ça arrivait à certains d'entre vous, trans comme inter, de ressentir de la dysphorie, un sentiment d'inadéquation, de mal être envers des choses qui vous renvoient une image féminine, mais également par rapport à certaines choses qui vous renvoient une image masculine ?

Je m'explique. En réfléchissant au malaise que j'ai par rapport à mon torse j'ai pensé à quelque chose dont je m'étais déjà rendu compte depuis quelques temps. Ce qui me dérange avec mon torse c'est en parti son aspect masculin, qui, je trouve n'est pas "moi". J'aurai voulu un torse qui soit plus en accord avec moi même, c'est à dire, donc, moins masculin.

Et c'est quelque chose qui revient assez régulièrement. Bien que je n'ai pas de problème avec beaucoup de choses typées masculines sur mon corps, ma pilosité corporelle, ma voix (même si elle reste relativement mixte, mixte dans les graves, elle était déjà basse à la base et la testo de l'a pas tant changée que ça), ma silhouette, etc, et même si je vivais très mal le traitement hormonal féminin et la puberté féminine, ma poitrine et mes hanches m'étaient insupportables, mon ressenti sous oestro également, j'ai malgré tout un sentiment assez proche de la dysphorie par rapport à d'autre chose lié à la testo ou qui me ramènent à une image masculine, mon torse donc mais aussi ma pilosité faciale et la libido masculine de la testo.

Peu être en partie parce qu'en y réfléchissant je ne pense pas percevoir mon corps comme un corps d'homme mais comme un corps intersexué, le corps d'un homme intersexe oui, mais intersexe. Evidemment c'est un ressenti purement personnel, on peut être trans et inter et voir son corps comme étant celui d'un homme parce qu'on est un homme, que c'est notre corps et que donc c'est le corps d'un homme (en plus j'adore vraiment cette phrase, c'est d'une logique formidable).

Alors là, je me demande, c'est ça la non binarité ? Pourtant je ne me suis jamais senti non binaire. Bien que je me sente, au niveau de mon corps, plus intersexe qu'homme, que je ne soi pas vraiment dans les stéréotypes de la virilité, que je mette des robes, que je ne soi pas hétéro, mais pourtant je me sens totalement être un homme, je me reconnais entièrement comme étant un homme et les quelques années que j'ai passé en étant socialement assigné comme femme c'était invivable, ce n'était pas moi. Je n'ai jamais supporté qu'on me perçoive comme une femme, et c'est toujours le cas.

Je n'ai pas non plus de mal à être perçu comme un homme cis (pas dans le sens passing, mais dans le sens être vu comme cis ne me gène pas vraiment alors que je sais que certaines personnes trans se sentent mal à l'aise avec le fait d'être perçues comme cis), même si en général les gens savent très vite que je suis inter, je suis out (volontairement) auprès de tout mes amis (y en a pas beaucoup en même temps :roll: ), mais aussi tout les gens qui me suivent (psychologue, assistante sociale, addictologue, infirmier.es, soignants et chargés d'accueil en tout genre de mon csapa..) et même des connaissances plus superficielles. C'est dans mon cas une partie considérable de mon identité, et de toute façon c'est pas possible pour moi de parler de façon un peu "profonde" sans que j'évoque mon intersexuation, parce que justement mes ressentis et mes opinions passent aussi par le fait d'être inter, c'est comme je le disais une part importante de qui je suis.

Donc non je n'ai pas, et je n'ai jamais eu le sentiment d'être non binaire, pourtant cette gène par rapport à certains aspects "masculins" elle est bien réelle. Il me semble que c'est un sujet qui pouvais être intéressant et j'aimerai beaucoup connaître vos ressentis par rapport à ça.
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Re: Dysphorie "mixte"

Message par Mr. K » 01 mars 2017 13:08

C'est un sujet très intéressant. Je m'y retrouve en partie. Alors expliquer mon ressenti sur la question va être coton, mais je vais essayer.
Je n'ai jamais ressenti de dysphorie physique. Au pire, un inconfort par moment, mais franchement rien de fort. Je ressentais plutôt un genre de "dysphorie sociale", au sens où ce que je projetais comme image n'était pas moi. Autrement dit, être perçu en "elle" était parfaitement intolérable, et c'est ce qui a motivé ma transition médicale.
Aujourd'hui, je suis perçu en homme, en "cis-homme" je dirais, au sens où il n'y a pas de doute. Ça n'empêche pas son lot de "madames" parce que je suis androgyne, mas il suffit que je reprenne les gens "non, c'est monsieur", et c'est bon, il n'y aura pas plus de doute ou de questions (j'ai une voix grave qui aide bien)
Je précise en passant, que je n'ai aucun problème avec ma transidentité, si quelqu'un me demande, je le dis. Néanmoins, je n'ai pas envie d'être identifié comme trans ou de revendiquer une identité trans MAIS être identifié comme cis ne me convient pas non plus. On commence à voir le problème ici.

Quelque part, avec la transition médicale, j'ai davantage chercher à neutraliser mon corps (au sens le rendre neutre) plus qu'avoir un corps masculin. Aujourd'hui, j'ai des caractéristiques bien considérées comme masculines dont je me serai passé (la barbe, les poils par exemple) Pour autant, je les laisse vivre leur vivre, je les zappe complètement la plupart du temps. J'ai la "chance" (?) d'avoir un très grand détachement à mon corps qui a été salutaire dans ma vie pour en pas me flinguer, étant très malade depuis mon enfance avec des douleurs parfois insupportables et qu'on arrive pas à soulager. J'ai vraiment un détachement "moi esprit" et "moi corps", je dirais, ce qui a dû bien évidemment jouer sur ma quasi absence de dysphorie.

Aujourd'hui, je continue de cloisonner un peu tout ça. J'ai une expression de genre masculine, pas forcément ultra conventionnelle, mais bien perçue comme telle, et ça me convient parce que je n'ai pas envie de porter physiquement une différence de ressenti. Néanmoins, sur le ressenti, c'est plus ambigu. Par exemple, je n'avais rien contre mes boobs, mais je les ai fait sauter pour être raccord à une image sociale masculine. Je ne regrette pas mon torse pour autant, mais limite, l'un ou l'autre aurait convenu dans une société idéale ou l'apparence importe peu pour définir le genre. A l'heure actuelle, je suis sous testo sans pouvoir arrêter, chose que j'aurais fait si j'avais encore des ovaires. Mon idéal serait d'avoir une hormone neutre, plus de testo, pas d'oestro. Je me contente de tirer mes taux de testo le plus bas possible pour vivre sans dommage, parce que j'ai pas d'autres options.
En bref, mon parcours est fort lié aux contraintes sociales. Sans celles-ci, j'aurais sans doute rien fait, ou au moins "moins fait", car j'avais un besoin terrible que ma voix change (sans doute le seul vrai point de dysphorie chez moi)

En bref, j'ai une expression de genre masculine, un ressenti très différent. En vrai, j'ai un "rejet" du genre féminin donc, mais aussi du genre masculin ("rejet" est un terme bien trop fort, en vrai, c'est plutôt une indifférence totale : ces genres ne me concernent pas) Je suis plutôt dans un truc de mon propre genre hors F et M et qui n'a pas d'expression de genre reconnu par la société, donc on fait avec ce qu'on a comme physique, et l'expression de genre masculine me paraît plus neutre que la féminine (je ne me sens pas neutre dans le genre pour autant, juste... pas concerné) J'ai pu poster ici ou là, que j'étais XtY, (d'un inconnu vers un autre) ou encore FtB (Female to Balecouilles) parce que je n'accroche justement pas aux notions F ou M qui sont franchement absconses pour moi, je ne ressens pas d'écho qui me dirait : tu es meuf ou mec, 50% mec, 20%meuf, ou autre. C'est un peu comme, pour moi, comme regarder un aquarium et m’émerveiller que les poissons respirent sous l'eau sans réussir à m'imaginer ce que ça donnerait si moi aussi je respirais sous l'eau, et sachant que c'est biologiquement impossible.

Je conclus tout ça avant de faire un énorme pavé par l'expression de genre dont je parlais plus haut. Alors que mon genre est un truc un peu indéfini et indéfinissable, mon expression de genre, elle, n'est pas forcément "neutre". Au quotidien, ça pourrait l'être, au sens où je mets des vêtements pour pas crever de froid, et leur allure m'importe peu. Lors que je sais que je vais interagir avec des gens, là, je "calcule" davantage mon expression de genre : Bien masculine pour gratter à Pôle Emploi, plus souple dans un contexte safe avec des amis. J'ai même fait des soirées "en meuf" sans avoir le sentiment de me travestir une seconde. Finalement "moi" est un petit esprit qui pilote un corps (petit aussi, faut pas déc) pour les interactions sociales, et ce "moi" pilote adapte les corps à la situation sociale à venir pour y être le plus confortable possible.
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Re: Dysphorie "mixte"

Message par mystère » 01 mars 2017 17:04

Jürgen, je trouve aussi ton post très intéressant.
Pour moi le plus compliqué est d'être en adéquation avec mon ressenti de genre sur le plan social.
Je me considère comme un homme, mais un homme qui était parfaitement adapté socialement en tant que femme, avec un caractère qui colle peut-être plus facilement à l'image que les gens se font d'un "caractère féminin" que d'un "caractère masculin", même si on est d'accord que ce sont des stéréotypes qui ne veulent pas dire grand chose. A un moment donné, vivre socialement en tant que femme, malgré mes facultés d'adaptation, n'a plus été possible sur le plan moral, pas parce que c'était "difficile", mais parce que c'était un mensonge, et que je voulais être honnête. Je suis donc un homme, mais clairement non binaire. Je pense d'ailleurs que si j'avais été assigné garçon à la naissance je me serais posé plein de questions sur mon genre également. Mentalement, je suis androgyne, un peu comme une sorte de ying /yang bien équilibré. Il y a eu des moments de ma vie où mes "deux parts" sont entrées en conflit, mais ces moments sont restés plutôt rares. J'ai connu des moments de clivage entre les deux, aussi, avec des retournements de genre successifs, parfois sur des longues périodes, parfois sur une même journée, mais j'avais l'impression de faire le grand écart et ce n'était pas évident. Puis, une fusion harmonieuse s'est produite grâce à la transition. Aujourd'hui, je suis, eh bien, moi. Et ce moi recouvre une réalité complexe. Concrètement, je ne me retrouve pas plus dans le modèle des hommes cisgenres que je ne me retrouvais dans celui des femmes cisgenres. Comme je l'ai dit plus haut, je pense que quel que soit mon assignation de genre d'origine, je me serais posé les mêmes questions du fait de ma "mixité". Socialement, je me présente au masculin, et je suis en cours de démarches pour avoir mon CEC, car cela reflètera beaucoup mieux mon identité que ma situation actuelle. Concrètement, dans les relations sociales courantes, j'aimerais pouvoir être perçu de manière complètement neutre, mais c'est impossible parce qu'on est toujours genré d'une manière ou d'une autre. A défaut, être perçu comme un mec androgyne me va, dans ma propre nuance de "masculin féminin".
Ici la question que tu poses se situe sur le plan "privé" (rapport au corps).Physiquement, je ne veux pas "éliminer" tout ce qu'il y a de "féminin" en moi. Et je dirais que oui, il m'est déjà arrivé de ressentir de la dysphorie à la fois sur des éléments de mon anatomie "qui me renvoient une image féminine" et sur des éléments "qui me renvoient une image masculine".
Ma dysphorie "d'origine" concernait mon entrejambe (avec sensations de membre fantôme, que j'ai toujours.) Je dirais que j'ai fait la paix avec. Ca ne veut pas dire qu'elle a disparu, mais je m'en accommode, dans la mesure où elle ne me gêne pas sur le plan concret dans les relations intimes (plaisir etc), et que pour la vie de tous les jours, je m'en fiche un peu (sauf quand il faut pisser dans la nature, parce que c'est moins pratique). Je suis dysphorique par rapport aux règles aussi, et pourtant, dans la mesure où je ne prends plus de testo (pour des raisons compliquées que je ne vais pas exposer ici, je ne veux plus prendre d'hormones d'aucune sorte pour l'instant) eh bien, je m'en accommode aussi, même si c'est pénible.
Pour mon torse : je n'étais pas tellement dysphorique pré-op, pourtant je préfère mon torse post-op, au point d'avoir oublié "comment il était avant": je n'arrive pas du tout à me souvenir comment c'était d'avoir de la poitrine. Ma voix aussi, je la préfère maintenant (il y a la digression "voix chantée", mais pour la voix parlée en tout cas, il n'y a pas photo.)
Quand j'étais sous testo, par contre, je n'ai pas aimé la masculinisation de mon visage (bien qu'elle soit relative, et, bon, c'est un peu plus complexe que ça; disons que j'ai aimé au début et qu'au-delà d'un certain point, ça a basculé et j'ai commencé à ne plus me reconnaître) J'ai arrêté mon traitement avant d'avoir une pilosité faciale parce que j'aime mes traits tels qu'ils sont et l'idée d'avoir des poils ne me souriait pas particulièrement. Porter une barbe me mettrait sans doute plus mal à l'aise que de porter du rouge à lèvres...
De la même façon, quand j'ai pris de la masse musculaire à un moment donné, pour me "bonhommiser", j'ai réalisé que viriliser mon corps de cette manière ne correspondait pas non plus au schéma mental que j'en avais, et je me sens mieux maintenant que c'est "parti", au sens, plus moi-même. Je ne veux plus être considéré comme "femme" socialement mais j'ai conservé un certain nombre de "penchants esthétiques" considérés comme "plus féminins". C'est la manière dont la société les catégorise. Moi, je ne les considère pas comme ça. Ce qui est important à mes yeux aujourd'hui c'est d'être "moi", comme tu dis, Jürgen.

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Re: Dysphorie "mixte"

Message par Sat marron » 03 mars 2017 00:03

Alors bon, dans mon cas c'est encore autre chose.

Niveau genre...Même si je considère que c'est plus proche de l'idée qu'on se fait du masculin, ce n'en est pas. C'est "autre chose". En arrivant ici je me suis d'abord défini comme FtX, comme on disait à l'époque, avant de me nier Dieu sait pourquoi (ptet la pression interne à me considérer comme un "vrai trans" ou un ressenti trop "rare").
C'était très compliqué d'y voir clair et je n'ai pas tout à fait fini d'explorer, tant c'est pas intuitif avec ce qu'on nous donne comme "repères".
Gamin, j'ai jamais tellement compris le "cirque" féminin/masculin. Je n'ai jamais su les délimiter clairement l'un et l'autre. Ce que j'ai compris très vite, en revanche, c'était que le féminin, quelles que soient ses caractéristiques, était toujours perdant. Comme on essayait de me l'appliquer, je l'ai vomi.

Grosso modo plus le féminin était performatif, genre tous les accessoires, attitudes, "caractéristiques typiques", plus j'avais du mal avec, ayant peur de finir pas être absorbé par lui de gré ou de force. Quelle n'était pas mon angoisse en voyant des filles parfois plus masculines que moi prendre un look féminin d'une année sur l'autre ! Je me disais qu'inexorablement, mon tour viendrait, que c'était peut être dans mon essence.
Le fait est que c'est maintenant le cas pour le masculin aussi.
Je suis hautement mal à l'aise quand on m'en prête certaines caractéristiques.
Il a fallu que je vive au masculin pour revenir enfin totalement de mon idée fausse comme quoi il y avait deux branches : une performative comme pour le féminin (plutôt minoritaire dans ma tête) et une qui était libre.

J'admets qu'aujourd'hui j'en suis à me demander ce qu'est un genre, précisément, voire quelle est la pertinence de cette notion pour moi.

Niveau expression de genre. J'ai surtout besoin que ma tenue me donne un air "capable"et/ou soit pratique/confortable. Mes critères pratico-pratiques et mon manque cruel de fantaisie (et de goût) donnent le plus souvent un résultat masculin voire viril mais ce n'est pas vraiment ce qui m'intéresse.
A noter qu'avec cette dégaine de bonhomme je m'en foutiste, je met du vernis ou bien j'envisage de laisser repousser ma fabuleuse chevelure, par exemple.

Bon, tout ce tralala pour en venir à ma dysphorie... Clairement, j'ai été ou suis encore dysphorique de : la voix, de ma taille, de ma silhouette, de mon visage, de mes seins, de mon absence de barbe, de mon sexe externe et interne...Les hormones en ont réglé une bonne partie et mon passing bétonné me plait et me met à l'aise, même si je ne me revendique pas comme mâle (je m'oute à ce sujet sans complexes)
Ce qui me gêne c'est d'être vu comme étant d'un genre masculin classique. C'est pas insupportable comme le féminin, mais ça reste désagréable.

Là où mon ressenti commence à être "zarbi" (en gros, je me sens bien seul dans mon truc), c'est que je ne veux pas d'un torse plat, juste d'une poitrine "piqure de moustique" très peu visible vêtu. Comme je n'arrêtais pas de changer d'avis jusqu'à récemment (outre le fait que les conditions s'y prêtaient pas), j'ai reculé l'opé pour ne pas la faire sur un coup de tête et regretter au cas où mon ressenti évoluait encore.
Ensuite pour le sexe, j'ai l'intention ferme depuis mes 11-12 ans de me débarrasser de mon utérus, qui me rend très dysphorique (je supportais pas les règles) mais pas des ovaires pour pouvoir avoir le choix d'arrêter la testo.
Je sais aussi que le meilleur choix pour moi serait de faire une phallo. Je me sais cependant incapable de m'adapter à un pénis de plus de 10cm (mais ce que la testo a développé + méta n'est pas assez...j'ai des fourchettes assez restreintes pour me sentir bien ^^'). Et avec ça...je ne ferais pas de vaginectomie, vu que me faire recoudre ce truc me semble hyper agressif et que je le considère comme une bizarrerie anatomique amusante qui ne mérite pas ça.

En réalité, à poil, je recherche un rendu entre les deux, mais pas lisse.

Bref, je ne sais pas si je suis très clair. Encore une fois je réponds tard et dans des conditions pas pratiques. ^^'
Il est sur sa montagne...

"Je suis né(e) pour aimer, non pas pour haïr". Antigone, Sophocle.

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Re: Dysphorie "mixte"

Message par Kyandor » 03 mars 2017 19:01

Je comprends pas mal ce que tu veux dire, Sat Marron, je m'identifie à quelques une de tes remarques. Moi aussi je suis passé par la case ftx, puis ftm, probablement parce que je ne me sentais pas assez légitime si je n'étais pas un mec. Maintenant, je me laisse la liberté d'évoluer entre ces deux étiquettes, parce que j'ai appris que mon ressenti vis à vis d'elle change de temps en temps : je vais entre l'acceptation totale et enthousiaste de la masculinité, et son rejet partiel.
Parfois, être perçu comme un garçon m'est très désagréable (jamais autant qu'être perçu comme une fille bien sûr), et je suis sûr à 80% que si j'avais un penis, je serais dysphorique. Après j'ai aussi eu une période où je ne voulais vraiment pas prendre de testostérone, parce que je redoutais terriblement la barbe, mais maintenant ça ne me dérangerait pas plus que ça, le seul effet des hormones dont je ne veux pas, c'est la croissance au niveau des parties génitales.
Maintenant, même si je me vois comme ftm/ftx, je me demande aussi si je ne suis pas juste un mec avec ma propre vision et expression de mon genre, mais je reviens toujours à ftx quand le doute me submerge.
Enfin bref, binaire ou non, mon corps idéal n'est pas celui d'un homme cis.

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Re: Dysphorie "mixte"

Message par Jürgen » 03 mars 2017 19:42

éjà, merci beaucoup pour vos réponses ! C'est très intéressant d'avoir d'autres ressentis à ce sujet. Même si je ne sais pas si j'ai grand chose à y répondre.

Je me retrouve beaucoup dans certaines choses présentes dans vos témoignages.

En particulier au sujet des hormones "neutres" dont tu parles Mr K . C'est vraiment quelque chose que je ressens, je sens bien que la testo est loin de m'aller totalement, j'étais aussi très mal sous oestro/progestatifs mais ils étaient très mal dosés donc ça à pu peu être jouer un peu. Et une fois la puberté déclenchée c'était impossible pour moi de revenir à un état sans aucunes hormones parce que la déficience était trop dure à vivre (fatigue énorme, maigreur, douleurs musculaires..), j'ai tenu environ 2 ans et demi comme ça parce que je ne trouvais aucun médecin acceptant de me prescrire de la testo et que c'était pas concevable pour moi de recommencer les oestro. Peu être que si j'avais un traitement aux oestro mieux dosé ce serai aussi supportable que la testo bien que j'en doute et que de toute façon un traitement oestro par voie cutanée ou per os est bien plus contraignant parce que quotidien et déjà qu'une injection toutes les 2/3 semaines (je suis revenu à 3 dernièrement parce que justement 2 ça faisait trop et ça n'augmentait pas mes taux de testo juste mes taux d'hémoglobine ce qui n'était pas souhaitable) ça a tendance à me prendre la tête.

Au niveau du genre je pense ressentir moins d'ambiguïté (désolé si vous trouvez ce terme pas adapté j'arrive pas à trouver d'autres mots qui veuillent dire ce que je veux dire là), je me retrouve quand même quasi totalement dans le fait d'être un homme et d'être vu comme tel. C'est ce qui me fais dire que dans mon cas il n'est pas question de non binarité parce que je ne me retrouve pas là dedans. Evidemment là je parle de genre et pas de stéréotypes ou d'attitudes genrés.

En ce qui concerne la dysphorie génitale que je n'avais pas abordé dans mon premier post, là aussi je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis Sat Marron et aussi dans ce que dis Mystère. J'ai une certaine forme de dysphorie, principalement sur le fait que mon pénis soit invaginé, repoussé vers l'arrière donc comme un dicklit parce que c'est à peu près la même chose dans mon cas en fait, et qu'il ne se voit pas de l'extérieur. Mon sexe me dérange pas tant que ça au niveau de l'aspect quand j'ai des poils mais quand j'ai dû me raser pour les opés c'était beaucoup plus dur psychologiquement parce qu'il me renvoyait un aspect beaucoup plus "féminin".

Je n'ai jamais eu la moindre envie de faire de phallo (même si au début je m'y sentais obligé, faute entre autre à mon psychologue de l'époque qui m'avait convaincu que c'était un "sacrifice obligatoire" si je voulais faire une réassignation masculine) parce que j'ai envie de garder mon pénis tel qu'il est, je ne pourrai vraiment pas concevoir de ne pas avoir l'aspect "organique", les muqueuses, les sensations, les érections aussi petites soient elles. La seule opérations que je peux envisager c'est une métha release, uniquement donc pour "dévaginer" :mrgreen: le pénis, lui donner un aspect plus masculin niveau localisation on va dire. Mais je ne le ferai sûrement jamais parce que je n'envisage pas de devoir faire une nouvelle opé pour l'instant, et puis niveau concret, financier etc ce serai plus que compliqué en plus du fait que je pense avoir trop peur du risque "d'échec" ou de résultat non attendu pour toucher à cette zone de mon corps.

Et de toute façon la possibilité de pénétrer "moi même" c'est loin d'être quelque chose qui me manque, comme je le disais j'aime pas vraiment la libido masculine de la testo, ni les sensations et les orgasmes "externes". Et en fait je n'aime pas vraiment être "actif" sexuellement (de façon général, sans que ça concerne particulièrement les relations homo). Mais l'idée d'utiliser des prothèses/godes ne me dérange pas non plus, contrairement à d'autres personnes je ne vois pas la prothèse comme la continuité de mon sexe ou comme faisant parti de moi directement, c'est juste un moyen de faire certaines choses qui ne pallie pas vraiment le fait que je ne puisse pas pénétrer moi même plus "naturellement" mais comme je disais ça me pose pas problème plus que ça.

Par contre, étrangement, avoir fait de la dilatation et pouvoir avoir des rapports vaginaux (du moins avec plus que deux phalanges) m'a enlevé pas mal de dysphorie, ou en tout cas m'a fait me sentir plus à l'aise avec mes organes génitaux et comment je les utilise sexuellement. Je n'ai pas le moins du monde envie d'enlever mon vagin, ça a toujours été le cas et je pense que je le supporterai encore moins que de perdre mon pénis.

Mais malgré tout je ne supporte absolument pas d'être vu comme femme (en général mais d'autant plus) dans le cadre sexuel. J'ai aussi beaucoup de mal avec le terme "vulve" appliqué à moi, c'est quelque chose qui me rend totalement dysphorique, parce que je ne me sens pas avoir un sexe "féminin" ou plutôt "femelle", et je ne supporte pas qu'il soit rattaché à la féminité.

En ce qui concerne la virilisation générale dû à la testo, par rapport aux traits du visage et la morphologie, musculature etc ça ne me dérange pas et en général je me sens mieux comme ça que comme j'étais après ma puberté féminine. Peu être que si je n'en avais pas eu et donc sans ressentir le besoin de "contre balancer" j'aurai eu plus de mal. Pareil pour ce qui est de la barbe, en soit en "avoir" ne me gène pas c'est à dire avoir à me raser et garder des "traces de barbes" par contre je ne supporte pas de ne pas me raser au minimum tout les deux jours parce que ça fait partie des choses qui me mettent très mal à l'aise avec mon apparence physique. Tout comme mon torse donc. Ca reste malgré tout assez dur à définir.
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Re: Dysphorie "mixte"

Message par PauSG » 14 mars 2017 18:42

Je réponds un peu à la bourre à ce fil que je trouve très intéressant. Je ne sais pas si mon point de vue va te parler Jurgen, mais comme il est assez différent de ce qu'ont posté les autres avant, je me dis que ça peut être utile.

Déjà, j'ai un identité de genre assez binaire. Je me suis toujours identifié à un genre assez masculin, que je sois socialisé et identifié en tant que fille ou garçon.

D'un point de vue corporel, la très grande majorité des changements liés à la testo sont arrivés comme des soulagements, et la dysphorie qui persiste aujourd'hui est lié à des organes qui j'identifie comme "féminins". Pourtant à certains moments, j'ai mis du temps à m'habituer à certains changements. Par exemple, je n'avais pas spécialement envie d'avoir une barbe. Quand la pilosité faciale a commencé à arrivé, j'ai mis un moment à m'y faire (j'ai la chance à côté de ça de ne pas être très barbu/poilu). Avec le temps, la gêne liée à ça s'est estompée, je me préfère toujours rasé, mais je me rase assez peu parce que je suis fainéant :D

D'un point de vue social, je vis et suis identifié au masculin, et c'est clairement quelque chose qui m'apporte beaucoup de confort dans ma vie de tous les jours. Je suis out quasiment dans tous mes cercles, et je n'ai pas de problème à parler du fait que je suis trans. Je n'envisage pas d'avoir une relation (amicale, professionnelle, etc.) poussée avec quelqu'un qui ne saurait pas que je suis trans, parce que je considère que c'est une partie importante de mon histoire.
Autant je suis très content d'être identifié mec, autant certaines situations me mettent mal à l'aise lorsque les gens considèrent par défaut que je suis cis. Je fais la différence entre ça et le fait d'être perçu comme cis (qui ne me pose pas de problème), je ne sais pas si je suis très clair. Ce qui me gêne c'est que les gens considèrent qu'il n'y a aucune autre option que d'être cis, et que dans certains cadres c'est compliqué voire impossible de faire son CO/expliquer au gens que tout le monde n'est pas cis.

J'espère que je ne suis pas hors sujet par rapport à ton post initial :)
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Re: Dysphorie "mixte"

Message par Jürgen » 14 avr. 2017 04:08

Désolé de ma réponse excessivement tardive, j'ai malheureusement été victime d'événements peu joyeux dernièrement d'où mon manque de présence et de disponibilité autant ici qu'en général.

Et je trouve que ta réponse est tout a fait dans le sujet et très intéressante parce que c'est encore un point de vue différent.
Je pense comprendre ce que tu veux dire pour ce qui est de "s'habituer". Mais j'ai pas l'impression d'avoir vraiment ressenti ça dans mon cas. Je ne me suis jamais habitué à ce que je ne pouvais de toute façon pas supporter, comme la puberté féminine, entre autre, et mon torse dans une moindre mesure, et pour le reste, ce avec quoi je n'ai pas de problème niveau dysphorie, je crois pas avoir eu de mal à m'y faire à part peu être pour mon poids parce que j'ai toujours eu l'habitude d'être vraiment objectivement maigre et ça collait assez bien avec ma vie et ne plus l'être ça me donne l'impression d'être en décalage avec qui je suis, même si je ne peux pas non plus dire que ce soit quelque chose qui me dérange non plus, c'est un ressenti assez ambigue. Par contre être passé d'à peine 50kg à plus de 70 ça a aussi tendance à me culpabiliser beaucoup plus au niveau de la précarité, c'est sûr que je me verrai plus aller dans des trucs d'aide alimentaire même si j'ai toujours aussi peu les moyens de bouffer parce que ça me donne une impression d'imposteur que j'avais pas quand j'étais visiblement maigre. Je ne comprends d'ailleurs pas vraiment pourquoi j'ai pris autant de poids, je sais que la déficience jouait beaucoup sur le fait que je n'arrivais pas a avoir un poids normal mais maintenant même sans manger suffisamment je ne maigris pas. Un grand mystère :roll:

Après je ne vais pas répéter ce que j'ai déjà dis dans les premiers postes, pour la testo je pense que ça a aussi pu être un soulagement pour moi en comparaison à la déficience et pour contre balancer la puberté féminine comme je l'avais dis mais pas tant dans les changements physiques en eux même, c'est bien ça le problème quelque part.
Et pour ce qui est du fait d'être reconnu comme trans, ou inter, parce que c'est une partie de notre identité, là encore je pense ressentir exactement la même chose que toi.

Et en ce moment je pense de plus en plus (à nouveau, ça m'arrive par période) à une hypothétique opé génitale (qui ne se fera sûrement jamais, faute de temps, de moyen, de confiance envers le corps médicale, de capacité à gérer une autre hospitalisation avec la maltraitance qui va potentiellement avec et en sachant aussi que mon état de santé est très vacillant). Tout comme j'ai déjà dis, j'ai aucun problème avec la constitution de mon sexe en lui même, mais juste l'aspect externe que je trouve trop féminin et qui me rend dysphorique. Donc toujours en réflexion au sujet d'une release.
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