Je lance ce sujet car quand avec ma copine on a voulu commencer à se renseigner sur la méthode ROPA (don d’ovocyte ciblé au sein du couple et donneur de sperme —> fiv) j’ai pas trouvé beaucoup de témoignage, je me dis que ça peut aider et donner des exemples.
Je suis un homme transgenre de 32 ans sous T depuis 2014, et ma copine est une femme cisgenre (35 ans). Ça fait 10 ans qu’on est ensemble, bientôt 11, et l’envie de devenir parent se faisait de plus en plus forte. En 2021 on a alors décidé de commencer un parcours PMA classique en France, donc ma copine qui porte le bébé avec un don de sperme. Le parcours a commencé à purpan à Toulouse.
L’expérience n’était honnêtement pas ouf, les délais de rdv variaient entre minimum 3 à 6 mois. Globalement les équipes étaient super sympa, sauf le psychiatre : gros c**, qui a basé tout l’entretien sur la transidentité, et nous répétait en boucle « vous êtes un beau couple c’est sûr mais il faut qu’on se pose la question si on veut vous accompagner dans ce projet societal ».. euh, non notre désir de parentalité n’est pas un projet sociétal mais familial, passons. On est clairement tous les deux sorties de la avec l’envie de pleurer. 3 mois plus tard, on voit la gyneco suite aux examens de ma conjointe, elle nous sort de manière très peu délicate « bon par contre comme vous avez une réserve ovarienne basse, il faudra peut être avoir aussi recours à un don d’ovocyte, ou même parfois on donne des embryons restants de couple qui ne les utilisent pas. Ça été un peu brutale pour ma copine qui ne pensait pas avoir de soucis. Elle pose quand même la question « je pense savoir la réponse mais comme mon conjoint a ses ovocytes on peut pas les utiliser? » la gynécologue assez sympa dis qu’elle y avais pensé mais malheureusement c’est pas possible en France mais que c’est tout à fait possible en Espagne en se faisant suivre en France.
C’était déjà une idée qui nous avait traversé l’esprit, étant un beau mélange de nous deux, mes gènes, certes, mais porté dans son ventre à elle, la manière la plus proche pour nous de faire un bébé ensemble. Le seul frein était le coût. Entre-temps mon père est décédé ce qui m’a laissé avec un petit héritage, et je n’ai pas trouvé une plus belle manière d’utiliser cet héritage que de partir en Espagne pour réaliser notre désir de parentalité. Bien sûr on s’est posé la question de quand même, payer pour avoir un enfant, en plus et si les tentatives marchent pas comment on fait …
C’est quand même un pari, et une grande somme qu’on récupérera pas si ça ne marche pas. Le désir étant plus fort on a quand même décidé de se lancer et on a contacté quelques cliniques en Espagne, les plus proche de nous à Toulouse. On a finalement le plus accroché avec la clinique « Eugin ».
Une fois qu’on s’est décidé c’est allé très vite. En juin on a dit qu’on voulait commencer en septembre. Donc mi septembre quand j’ai eu mes règles après avoir arrêté le traitement de T depuis 3 mois, on a commencé la stimulation ovarienne qui a pris 11 jours. Piqûres tous les jours, c’était vraiment pas fun, douloureux, tous les deux jours il fallait que je me fasse contrôler mes follicules par échographies vaginales, moi qui ne supporte rien ci bas, mais je réponds bien, et des qu’on a le feu vert je prends la piqûre de déclenchement du cycle d’ovulation et dans les 48h on va à la clinique pour que je me fasse opérer par anesthésie complète pour récupérer tous les ovocytes.
Au réveil, je suis heureux d’apprendre qu’on a eu de tres bons résultats, 30 ovocytes en tout, ils décident d’en congeler la moitié pour si jamais on a besoin, et les 15 autres sont injecté par le donneur. Au final, 11 embryons survivent, dont 3 d’une qualité optimale. On découvre donc que les embryons sont notés selon leur potentiel d’implantation, ça fait bizarre quand même. On a même accès à des vidéos de la division cellulaire. Je trouve ça marrant mais presque cruelle dans le cas où ça ne marcherait pas, ben oui on s’y attache à ces embryons qui sont un potentiel d’humain à venir …
Les embryons sont congelé à J+5 et le mois suivant selon le cycle de ma copine on y retourne pour le transfert d’embryon. Le gynécologue est très drôle, fais des blagues, on tout se passe très bien. 3 jours avant j’obtenais le permis. On doit faire le test de grossesse pile à la moitié de la date anniversaire du décès de mon père, et de l’oncle adoré de ma copine. On voit le positif et on se met à pleurer. On s’était tellement préparé à ce que ça ne marche pas du premier coup, on avait même pris un pack permettant de payer moins cher la deuxième tentative, remboursé si ca marche du premier coup, que du coup on est presque choqué. Et voilà, 9mois se sont écoulés et notre petit bébé est arrivé en très bonne santé le 14 juillet (il a choisi sa date lui, petit révolutionnaire).
C’est un parcours long, usant, ou l’on se pose 10000 questions, ou on doute, ou on a peur, ou on espère et on se sent vulnérable, et je suis bien conscient qu’on a eu beaucoup de chance que ca marche si rapidement.
Je vais partager le coût total pour les personnes intéressés, et surtout n’hésitez pas si c’est quelque chose qui vous intéresse à poser des questions.
Par ailleurs on a accouché en maison de naissance, on a dû juste être transféré à la fin car le rythme de bebe ralentissait, mais si vous avez des questions ou que vous voulez qu’on partage notre expérience de prise en charge par les sage femme et l’ouverture sur les questions de transidentité et autre n’hésitez surtout pas
